Var-Matin (Grand Toulon)

Monaco, Paris, Bastia, Caen, les Bleus : souvenirs, souvenirs

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J’ai toujours le record de passes décisives sur une saison ”

Jérôme, ta carrière, comment la juges-tu ?

Très bonne. Parce que j’ai été au-delà de mes espérances. J’ai commencé en Ligue , j’ai joué la finale de la Coupe d’Europe avec Monaco, j’ai signé au PSG, le club de mes rêves, j’ai été internatio­nal. Si j’avais un seul regret, c’est de pas savoir ce que ça aurait donné à Chelsea, Barcelone ou la Juve, où j’aurais pu signer. Rien à jeter ? Tout n’a pas été parfait. J’ai quand même passé des grands moments à Monaco, à Bastia aussi où j’ai vécu une expérience extraordin­aire. Ce club, je l’ai dans la peau ! Le regret, c’est d’avoir encore fait le choix du coeur en terminant à Caen, le club de mes débuts pour boucler la boucle. Et en fait, ça s’est mal passé avec l’entraîneur (Patrice Garande, Ndlr)... Au bout de trois mois, la décision a été claire, j’ai dit stop ! J’étais capitaine, on avait un groupe incroyable mais lui il me cassait la tête... Je ne pensais pas finir comme ça, sincèremen­t. C’est-à-dire ? C’était en octobre , contre Le Havre et je sais que quand il me fait sortir, comme je l’avais déjà envoyé chier à la mi-temps, c’est terminé... C’était injuste. Je mérite mieux, j’ai  balais et dix-huit ans de carrière, donc je décide d’arrêter sur un coup de tête. Dix-huit ans de carrière et quinze sélections en Bleu. Tu ne devais pas aller plus haut ? Quand je suis arrivé en équipe de France, il y avait encore tous les champions du monde et d’Europe. En , c’était une grosse armada. Pas facile d’intégrer le groupe. Que je sois juste un remplaçant en Bleu au début, c’est logique. A mon poste, il y avait Zinedine Zidane (rires) !!! Mais ensuite, je pouvais pas accepter de moins jouer. J’étais à la base de la reconstruc­tion de l’équipe de France en . Un des plus expériment­és. J’aurais mérité un peu plus de crédit, car j’ai fait mes matchs. Domenech ne me prend pas à la Coupe du monde . On s’était chopé quelques années avant avec Zidane, il y avait quelque chose de cassé. Et quand il est revenu, j’ai senti vraiment que je gênais. Après ça, Zidane arrête, je reviens, je fais une bonne campagne de qualif et à l’Euro , Domenech me refait la même ! Le sentiment que j’ai, c’est qu’à moi, on n’a laissé aucun passe-droit... Si j’étais pas bon, j’étais puni. Des deux maillots bleus, celui du PSG ou de l’équipe de France, lequel a le plus compté ? La fierté de porter le maillot de ton pays, c’est indescript­ible ! Ma première sélection, quand je remplace Thierry Henry, c’est fabuleux. Après, le coeur, le rêve de gamin qui se concrétise, c’est le PSG. Mon premier match au Parc, j’y suis allé avec mon père, j’avais  ans, tribune Auteuil !

Quel bilan de tes six années au PSG ?

Il y a eu des hauts et des bas. Avec des saisons où j’étais moins bien et il faut le reconnaîtr­e. Mais sur l’ensemble, c’est très satisfaisa­nt. C’était quand même pas le grand PSG d’aujourd’hui. Quand je signe, on n’était pas plus de trois ou quatre internatio­naux... Ils avaient mis pas mal d’oseille sur moi ( M€) et sur Yepes, mais c’était plutôt des bons joueurs de Ligue  autour, donc c’était dur d’aller très haut. Quand je signe, jamais de la vie je pense jouer le maintien, et pourtant, ça a été le cas... Parle-nous de Monaco, de cette épopée fabuleuse en Ligue des champions... C’est mon meilleur souvenir. Malgré la défaite au bout. Il y avait aussi la qualif à Chelsea et la double confrontat­ion avec le Real de Zidane. On était un vrai groupe, qui vivait bien ensemble, avec une vraie complicité, un super coach, Deschamps. Sur le terrain et en dehors, on était une bande de copains. On faisait de belles soirées là-bas... Pas de drogue mais des gonzesses oui, on allait à l’époque au Point Rouge. On avait un circuit gagnant-gagnant (rires). On commençait par manger au Sass et après on finissait au Point Rouge, qui n’existe plus aujourd’hui et qui

était au Larvotto. Jérôme, ta carrière c’est beaucoup de matchs mais pas tant de buts que ça, finalement... Oui, c’est vrai. Si je regarde mes stats, ça fait quasiment un but tous les dix matchs, c’est insuffisan­t. On me l’a toujours dit... Mais tu restes le roi de la ‘‘passe dé’’ ? (fier) Ecoute, on avait calculé avec un statistici­en à l’époque : j’ai fait exactement  passes décisives durant ma carrière ! Mon entraîneur à Clairefont­aine, déjà, m’avait dit, ‘‘toi, si tu fais une belle carrière, ce sera à travers la passe et ton pied va te sauver’’. C’est vrai qu’avec le pied que j’avais, j’aurais dû marquer encore plus de coups de pied arrêtés. J’ai beaucoup travaillé mon point fort, j’ai travaillé mes contrôles, mes trajectoir­es de balle. Car je savais que je pouvais pas prendre le ballon et aller dribbler trois mecs... C’était pas mon jeu. Mais j’ai encore le record en Ligue  sur une saison avec Monaco, c’est  passes (égalé cette saison par le Parisien Di Maria). Je finis aussi meilleur passeur de la Ligue des champions avec Deco (FC Porto), l’année où on va en finale ! Tu parlais d’oseille, tu en as gagné beaucoup ? Tu as investi ou plutôt

flambé ? Un peu de tout. Bon, c’était pas le foot d’aujourd’hui mais je suis tranquille, ça va... Quand tu signes au PSG pour  M€, il doit quand même y avoir une belle prime, non ? Ben pas tant que ça finalement par rapport à mon statut de l’époque, si on compare avec aujourd’hui... J’étais quand même un des plus gros salaires du club, je touchais . euros brut. Mais franchemen­t aujourd’hui, je ne suis pas dans le besoin.

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