Les soignants en colère :
Les hospitaliers en souffrance ne veulent ni « médaille de l’engagement », ni une « prime à deux vitesses », tacle FO qui appelle à la grève illimitée le 25 mai. La CGT est aussi vent debout
La fatigue, l’épuisement dans la lutte contre le coronavirus n’ont pas eu raison de leur combativité pour gommer les maux qui rongent l’hôpital public depuis des années. La pression retombe, mais les personnels hospitaliers n’ont rien oublié. Moins de trois mois après avoir dénoncé, en cette journée du 14 février, « un hôpital public qui se meurt »et qui, dans la « détresse »,a su parfaitement réagir et se réorganiser face à la pandémie, les représentants de FO attendent désormais des actes concrets. Ceux promis par le chef de l’État d’un « plan de financement massif pour la santé, ses personnels, la recherche et le grand âge ».
Des annonces pas encore à la hauteur
Or, les dernières annonces gouvernementales, dont l’octroi d’une prime qui divise, une fois encore, les catégories de personnels, est loin d’être à la hauteur des attentes des blouses blanches. La fédération des personnels services publics et des services de santé Force Ouvrière (FO-SPS) s’apprête, le 25 mai, à déposer un préavis de grève illimitée. Au plan local, le syndicat majoritaire du centre hospitalier intercommunal Toulon-La Seyne (CHITS) va lui emboîter le pas.
Déjà au mois de février dernier, l’octroi de primes spécifiques non égalitaires (celle du logement pour les soignants de l’Île-de-France, la « prime de risque », la « prime grand âge », dont l’attribution est réservée à un nombre limité d’agents), avait provoqué une levée de boucliers. Les personnels, qui ont su faire bloc durant la crise, refusent toujours d’être divisés, ainsi, par catégorie, demandant « une reconnaissance et une valorisation salariale », également défendues par la CGT (lire par ailleurs). Les annonces du chef de l’État laissent encore entrevoir « des laissés pour compte », s’élève JeanÉric Lodevic, secrétaire général de F0 au CHITS. Trois mois plus tard, le coronavirus renvoie à une nouvelle inégalité.
« euros pour tous »
« Nous dénonçons une prime à deux vitesses : 500 euros pour les uns, 1500 euros pour d’autres. Tout en tenant compte d’un degré d’exposition supérieur pour certains agents, selon les départements, selon les établissements, de nouveau les personnels ne sont pas considérés d’une manière égalitaire », ne décolère pas Jean-Éric Lodevic. « Orchestrée par le gouvernement, la division continue, alors que l’ensemble des personnels, toutes catégories confondues, se sont tous mobilisés », déplore-t-il. Dans une lettre adressée, le 14 mai, au directeur de l’Agence régionale de santé dans le Var, le représentant de Force Ouvrière alerte sur « une prime Covid à géométrie variable qui, à l’instar de la prime sécurité urgences et Ehpad, va continuer à diviser les personnels entre services, catégories et accroître le sentiment d’iniquité ». « Une prime en direction du secteur sanitaire et médicosocial, qui par ses modalités de répartition » devient, selon la fédération FO-SPS, « illisible, inégalitaire, et injuste, en instituant des limitations en fonction du lieu d’exercice et du temps de présence (...).»
« Pas de système de santé au rabais
Le message est clair pour FO:« Que la prime promise pour l’ensemble des hospitaliers soit de 1500 pour tous, quel que soit le territoire, l’établissement, le temps de travail effectif ; et que cette même prime soit étendue aux Ehpad, au secteur médico-social, au handicap, et au secteur socio-éducatif ». Et ce n’est pas le don de jours de congés, défendu par Sereine Mauborgne, députée varoise de la République en Marche, avec 85 autres parlementaires (lire notre édition du 9 mai) qui va calmer la colère. Une proposition « pitoyable », tacle le représentant FO du CHITS. Il devient urgent d’établir, selon FO, « un agenda social hospitalier, tant sur les salaires et les déroulements de carrière, que sur l’avenir de notre système de soins ». « Les agents n’en peuvent plus et ne veulent plus d’un système de santé au rabais », prévient la fédération de FO.