Var-Matin (Grand Toulon)

Les soignants en colère :

Les hospitalie­rs en souffrance ne veulent ni « médaille de l’engagement », ni une « prime à deux vitesses », tacle FO qui appelle à la grève illimitée le 25 mai. La CGT est aussi vent debout

- CATHERINE PONTONE

La fatigue, l’épuisement dans la lutte contre le coronaviru­s n’ont pas eu raison de leur combativit­é pour gommer les maux qui rongent l’hôpital public depuis des années. La pression retombe, mais les personnels hospitalie­rs n’ont rien oublié. Moins de trois mois après avoir dénoncé, en cette journée du 14 février, « un hôpital public qui se meurt »et qui, dans la « détresse »,a su parfaiteme­nt réagir et se réorganise­r face à la pandémie, les représenta­nts de FO attendent désormais des actes concrets. Ceux promis par le chef de l’État d’un « plan de financemen­t massif pour la santé, ses personnels, la recherche et le grand âge ».

Des annonces pas encore à la hauteur

Or, les dernières annonces gouverneme­ntales, dont l’octroi d’une prime qui divise, une fois encore, les catégories de personnels, est loin d’être à la hauteur des attentes des blouses blanches. La fédération des personnels services publics et des services de santé Force Ouvrière (FO-SPS) s’apprête, le 25 mai, à déposer un préavis de grève illimitée. Au plan local, le syndicat majoritair­e du centre hospitalie­r intercommu­nal Toulon-La Seyne (CHITS) va lui emboîter le pas.

Déjà au mois de février dernier, l’octroi de primes spécifique­s non égalitaire­s (celle du logement pour les soignants de l’Île-de-France, la « prime de risque », la « prime grand âge », dont l’attributio­n est réservée à un nombre limité d’agents), avait provoqué une levée de boucliers. Les personnels, qui ont su faire bloc durant la crise, refusent toujours d’être divisés, ainsi, par catégorie, demandant « une reconnaiss­ance et une valorisati­on salariale », également défendues par la CGT (lire par ailleurs). Les annonces du chef de l’État laissent encore entrevoir « des laissés pour compte », s’élève JeanÉric Lodevic, secrétaire général de F0 au CHITS. Trois mois plus tard, le coronaviru­s renvoie à une nouvelle inégalité.

«   euros pour tous »

« Nous dénonçons une prime à deux vitesses : 500 euros pour les uns, 1500 euros pour d’autres. Tout en tenant compte d’un degré d’exposition supérieur pour certains agents, selon les départemen­ts, selon les établissem­ents, de nouveau les personnels ne sont pas considérés d’une manière égalitaire », ne décolère pas Jean-Éric Lodevic. « Orchestrée par le gouverneme­nt, la division continue, alors que l’ensemble des personnels, toutes catégories confondues, se sont tous mobilisés », déplore-t-il. Dans une lettre adressée, le 14 mai, au directeur de l’Agence régionale de santé dans le Var, le représenta­nt de Force Ouvrière alerte sur « une prime Covid à géométrie variable qui, à l’instar de la prime sécurité urgences et Ehpad, va continuer à diviser les personnels entre services, catégories et accroître le sentiment d’iniquité ». « Une prime en direction du secteur sanitaire et médicosoci­al, qui par ses modalités de répartitio­n » devient, selon la fédération FO-SPS, « illisible, inégalitai­re, et injuste, en instituant des limitation­s en fonction du lieu d’exercice et du temps de présence (...).»

« Pas de système de santé au rabais

Le message est clair pour FO:« Que la prime promise pour l’ensemble des hospitalie­rs soit de 1500 pour tous, quel que soit le territoire, l’établissem­ent, le temps de travail effectif ; et que cette même prime soit étendue aux Ehpad, au secteur médico-social, au handicap, et au secteur socio-éducatif ». Et ce n’est pas le don de jours de congés, défendu par Sereine Mauborgne, députée varoise de la République en Marche, avec 85 autres parlementa­ires (lire notre édition du 9 mai) qui va calmer la colère. Une propositio­n « pitoyable », tacle le représenta­nt FO du CHITS. Il devient urgent d’établir, selon FO, « un agenda social hospitalie­r, tant sur les salaires et les déroulemen­ts de carrière, que sur l’avenir de notre système de soins ». « Les agents n’en peuvent plus et ne veulent plus d’un système de santé au rabais », prévient la fédération de FO.

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(Photo doc C. P.) Le  février, dans le hall de l’hôpital Sainte-Musse à Toulon, les personnels à l’appel de FO réclamaien­t « des moyens pour l’hôpital public et de la considérat­ion ».
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