Var-Matin (Grand Toulon)

Les Varois de retour sur le sable malgré la météo

Après de longues semaines de confinemen­t, ils se sont réjouis, hier, de pouvoir profiter des plages rouvertes au public depuis ce week-end, comme ici à Toulon et La Seyne

- MA. D. mdalaine@nicematin.fr

Certes, la météo, un tantinet maussade, avait décidé de jouer les troubles fêtes. Mais il en aurait fallu bien plus – le déluge, et encore ! – pour décourager les badauds sevrés de plage depuis deux mois. Hier, de nombreux Toulonnais et Seynois, comme partout dans le départemen­t, ont ainsi voulu profiter de « leur » littoral dès le premier jour de la réouvertur­e officielle. « Après celui du Nouvel an, c’est mon deuxième bain de l’année, raconte Jean-Philippe, croisé tout mouillé aux Sablettes, à La Seyne. Et franchemen­t, il n’est guère plus chaud que le premier ! » Qu’importe, finalement, quand, malgré quelques (rares) masques de circonstan­ces, la chaleur se lit sur les visages radieux, fouettés par l’air vif et salé. Entre ceux, impatients de piquer une tête dans la Méditerran­ée, de humer les embruns seul ou en famille et les autres, venus tremper un orteil ou dépoussiér­er le paddle, il y avait de la joie à revendre face aux Deux Frères. Et guère que Nicolas et sa poêle à frire pour grinchouil­ler : « J’ai fait un euro dix (sic) avec mon détecteur à métaux. Le reste, c’est 95 % de déchets. La plage est vraiment dans un triste état… » Un peu plus loin, Jean-Pierre et Danièle, deux retraités qui prennent leur temps de savourer avant de descendre les trois marches qui les séparent des grains de sable, n’ont, eux, jamais trouvé le littoral seynois aussi beau. « Regardez-moi ce paysage ! Quel bien ça fait ! soupirenti­ls. Nous, on avait signé une pétition sur Internet pour la réouvertur­e des plages. Les grands magasins non, mais le bord de mer, vraiment, il le fallait… » Presque une question de santé publique, à les entendre. « C’est une incroyable bouffée d’oxygène » enchaîne Romain, venu se gonfler les poumons en famille et permettre à ses filles, hilares, de faire trempette. « On avait tellement hâte, vous n’imaginez pas. » Un peu quand même.

Peu de monde côté Tour Royale

À Toulon, du côté du Mourillon où le site avait été entièremen­t nettoyé, les sourires sont tout autant de sortie. « Dès 9 h, il y avait pas mal de monde, nous confie un agent de sécurité. Notamment les anciens qui ont l’habitude de se baigner à l’année sur la plage du Lido.

Mais, au-delà de l’attente, on sent qu’il y a aussi beaucoup de calme et de respect des règles de sécurité. » Presque de la pudeur, finalement, après soixante jours sans avoir pu approcher la belle. En fin de matinée, les abords de la Tour Royale et de Pipady, joliment envahis par les herbes folles aux mille couleurs du printemps, sont d’ailleurs étonnammen­t déserts. À part un flâneur ou deux, un couple de plongeurs au pied de la Direction générale de l’armement (DGA) et un groupe de fitness en train de se dérouiller les articulati­ons, on est loin de l’affluence d’un samedi habituel. Comme si les Toulonnais n’avaient pas osé lui rendre visite. Pas encore. Une situation dont Christelle, ses deux filles Elise et Ornella et son petit-fils Lyor, s’étonnent. « C’est vraiment ouvert seulement depuis ce matin ? questionne Christelle, qui n’avait visiblemen­t pas lu la presse. Tant mieux pour nous qu’il y ait si peu de monde. On avait hâte de venir ! » La petite famille se retrouve là après deux mois passés chacun chez soi. La dernière fois qu’ils étaient venus en bord de mer, c’est à Pipady, déjà, le jour d’avant ce 17 mars de triste mémoire. « On a l’impression que c’était il y a une éternité… », souffle encore Christelle, alors qu’un délicieux rayon pointe le bout de son nez. Un certain Arthur Rimbaud l’avait écrit avant elle, dans un de ses fameux poèmes : « Elle est retrouvée. Quoi ? L’Éternité. C’est la mer allée. Avec le soleil. » Et dire qu’il n’avait même pas connu le confinemen­t...

Quelques sites accessible­s au public sous condition Toutes les plages ne sont pas encore rouvertes au public. À Toulon, seules celles du Mourillon ,de La Mitre et de Pipady accueillen­t la population. À La Seyne, le préfet a donné l’autorisati­on d’accès aux Sablettes, de Saint-Elme à Mar-Vivo. Ces sites sont ouverts chaque jourdehàh. Sur ces littoraux, tout n’est pas non plus permis. Ok pour couler une ou deux brasses mais interdit de se la couler douce sur sa serviette. D’accord pour profiter du cadre en piétinant sur le sable mais pas possible d’y pique-niquer. Bref, va pour la pratique d’activités dynamiques (paddle, nage, kayak, plongée, marche, footing...), pas pour buller (pêche, sieste, bains de soleil..). Les jeux d’enfants sont également interdits d’accès. Une douzaine d’agents d’une société privée, mandatée par la capitale du Var, sont chargés de faire respecter ces règles avec pédagogie, tandis qu’une poignée de policiers municipaux et bénévoles de la Sécurité civile communale veillent au grain du côté de La Seyne. La plage des Sablettes y est également placée sous vidéoprote­ction, avec de nouvelles caméras disposées pendant le confinemen­t afin de « couvrir » le bord de mer, de Saint-Elme à Mar Vivo.

 ?? (Photos Luc Boutria) ?? Jouant aux touristes dans leur propre ville, Seynois et Toulonnais ont goûté, hier, aux joies simples de la plage, redécouvra­nt le plaisir de déambuler sur le sable des Sablettes (à gauche) ou du Mourillon (à droite).
(Photos Luc Boutria) Jouant aux touristes dans leur propre ville, Seynois et Toulonnais ont goûté, hier, aux joies simples de la plage, redécouvra­nt le plaisir de déambuler sur le sable des Sablettes (à gauche) ou du Mourillon (à droite).
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