Les amoureux bientôt de retour sur les bancs publics ?
Les agences matrimoniales raphaëloises et leurs clients sortent du confinement dans le flou. Entre volonté de combler un manque agrandi par la solitude, gestes barrières et bars fermés
Si le calme du confinement a poussé certaines et certains à l’introspection, à la remise en question d’une vie professionnelle et/ou personnelle, pour d’autres, il a surtout été marqué par le manque. Avec des sorties limitées, l’attente fut longue pour tous. Encore un peu plus pour les célibataires.
Activité à l’arrêt complet durant le confinement
Est-ce que la période a été propice à la quête de l’amour ? Sans se voir, est-il possible de commencer à s’aimer ? À l’heure où la vie reprend peu à peu son cours, en est-il de même pour les agences matrimoniales ? Ou « agences de rencontres sérieuses » comme le précise Frédéric Delahaye, dirigeant de Fidelio et de son bureau à Saint-Raphaël. « Matrimoniales, ça fait trop mariage. » Et même si le coeur de cible oscille entre les quadras et sexagénaires, le passage de la bague au doigt « n’est plus une priorité », poursuit-il en retrouvant son activité cette semaine. En effet, « j’ai d’abord voulu entretenir les discussions à distance. Mais les futurs couples voulaient se rencontrer à tout prix. Le supermarché était leur nouveau rendez-vous, donc j’ai arrêté car ce n’était pas responsable », poursuit le conseil. Un autre argument a poussé Martine Schroeter, créatrice d’Alliance Loisirs, à mettre en pause les « flirts » : « Je n’encourage jamais à discuter trop longtemps avant de se voir. Quelques jours voire semaines, mais sans connaître la durée du confinement, c’était prendre le risque de se lasser. Surtout que le physique joue beaucoup et qu’il faut se voir rapidement. » Alors forcément, le fait de pouvoir se rencontrer va désormais relancer la machine de l’amour. « La sortie de l’été et les fêtes de fin d’année sont des périodes propices au ressenti du manque. Et ce confinement en fait partie », poursuit la gérante de deux agences dans le Var. « Nous avons du retard et plus de soixante prétendants à rencontrer, énumère Frédéric Delahaye. Avant d’organiser un rendez-vous entre deux personnes, nous passons un entretien avec eux pour les connaître et ensuite les aiguiller avec précision. C’est notre force par rapport à Internet ». C’est dans cette optique qu’il vient d’installer du plexiglas à son bureau. Car l’activité va reprendre. Tout en dégageant deux catégories de clients face au virus : ceux bravant les risques de contamination, et ceux hésitant encore un peu avant de mettre à mal les gestes barrières. Même après avoir payé jusqu’à des centaines d’euros ces services. Dans tous les cas, le fameux « On va boire un verre ? » ne sera plus dans l’éventail d’approches des plus charmeurs. Jusqu’au 2 juin au moins, voire après. « Messieurs, il va falloir être inventif, prévient l’homme depuis ses bureaux raphaëlois. Marcher au bord de l’eau, c’est bien, mais à un moment donné il faut se regarder dans les yeux. » Une situation qui ne poussera tout de même pas les tourteraux à s’offrir le premier rendez-vous chez l’un ou chez l’autre. Pour se prémunir des dérives, mais pas que. « Ça peut être plus déstabilisant qu’autre chose », estime Martine Schroeter. À défaut des bars, restaurants et boîte de nuit, peut-être que les amoureux seront bientôt de retour sur les bancs publics. Jusqu’à se bécoter ?
Confinés... puis installés !
« Vous pouvez nous enlever de votre listing, je ne recherche plus l’amour. Et elle non plus d’ailleurs. » C’est par la lecture de ce mail que Christophe Delahaye, directrice de Fidelio, a repris le travail en fin de semaine dernière. Un client a trouvé sa dulcinée en pleine crise sanitaire. L’Azuréen de ans et sa chère et tendre de ans ont franchi le pas en se confinant ensemble. « Ils se sont vus quelques jours avant l’annonce et ont gardé un contact assez soutenu. Ils ont décidé de passer ces deux mois ensemble. » Verdict ? Positif. À la suite de cette vie commune, le couple a décidé de passer à la vitesse supérieure en emménageant ensemble. Pour de bon. Et écrire la belle histoire de ce confinement.