Les martinets sont de retour
En provenance d’Afrique, les martinets égayent le ciel des villes de la métropole en ce moment. Plus de 1 400 nids sont recensés à Toulon par le groupe de la LPO qui agit pour leur préservation
Même si le confinement a contrarié les observations de groupe (reprise le 7 juin avec une « balade martinesque » à Chalucet), les ornithologues amateurs se délectent de l’évolution des martinets dans le ciel de la métropole. « Avant, les martinets noirs nichaient dans les falaises, mais ils se sont très bien adaptés aux façades urbaines », explique Katherine Dubourg, référente urbanisme et martinets pour la Ligue de protection des oiseaux (LPO) à Toulon. Depuis 2014, le groupe toulonnais de la LPO mène une campagne de préservation de l’espèce (les martinets noirs, pâles et à ventre blanc sont présents localement) dans le patrimoine bâti de la métropole. Les martinets n’aiment rien de plus que de nicher dans des cavités et anfractuosités sous les toits, sous les tuiles, à l’arrière des trous de gouttières, dans les trous de boulin, les coffrages de stores… dont ils se souviennent d’une année sur l’autre, à leur retour d’Afrique subsaharienne.
Des nichoirs intégrés
Pour préserver ces lieux de nidification qui ont tendance à disparaître avec les ravalements de façades, le groupe de la LPO a participé à l’enquête publique de la rénovation du quartier Chalucet et obtenu du cabinet d’architecte et de cinq maîtres d’ouvrage, l’intégration de 92 nichoirs répartis sur cinq bâtiments. Soixante nichoirs avaient aussi été intégrés dans l’écoquartier Font Pré. Dans l’îlot Montéty, 80 nichoirs provisoires ont été installés sur les deux bâtiments restants, en attendant des inclusions de 90 briques nichoirs dans les futures constructions et un diffuseur de cri pour attirer les martinets. Enfin, à la cité administrative de la rue Montebello, plus d’une centaine de couples de martinets nichent dans des coffrages de store. Là aussi, une demande de dérogation est en cours pour prévoir des nichoirs dans le projet de requalification mené par l’État. « Il y a un engouement pour les martinets dans toute l’Europe, si bien qu’on avait du mal à obtenir des nichoirs. Heureusement, un ancien professionnel du béton s’est reconverti dans la fabrication, à côté de Marseille », explique Katherine Dubourg. Depuis cinq ans, Toulon s’engage dans la préservation des nids de martinets, espèce protégée. Plus de 1 400 nids y sont recensés. La ville fut la première en région Paca à inscrire dans son règlement de ravalement de façades, l’obligation de prise en compte des martinets. Et Toulon a figuré parmi les lauréats du concours Capitale française de la biodiversité 2018, pour la protection des nids dans les travaux sur le bâti. La commune de La Seyne est prête à suivre l’exemple toulonnais de protection des nids, dans le cadre de son plan de requalification du centre-ville. À Hyères, le groupe local de la LPO est engagé dans une démarche similaire.
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Un insecticide naturel d’exception
« Les entreprises, les cabinets d’architecte, les bureaux d’études ont aussi compris l’enjeu de la préservation, reprend Katherine Dubourg. Certains m’appellent avant les travaux pour savoir si l’immeuble en question contient des nids de martinets. Sur la place Puget ou à Saint-Jean du Var, les gars ont démonté chaque soir le dernier étage de leur échafaudage pour que les martinets puissent entrer dans leurs nids. » « Ce sont des oiseaux fantastiques parce qu’ils ne se posent jamais, conclut-elle. Dix mois consécutifs de vol, ce qui constitue un record. Les juvéniles qui tombent du nid ne vont pas se poser avant trois ans et leur maturité sexuelle ». Autre intérêt, les martinets sont des insectivores stricts, qui ne mangent rien d’autre. Un martinet rapporte au nid environ 20 000 insectes par jour à sa couvée, dont beaucoup de moustiques. Cela en fait un insecticide naturel d’exception.
Contact : toulon@lpo.fr 1. Le groupe hyérois de la LPO reprend son inventaire des martinets sur la commune. Chacun est invité à photographier des martinets et préciser la localisation précise de leurs nids, par e-mail : paca@lpo.fr