Var-Matin (Grand Toulon)

Un (h)air de famille

Depuis 58 ans, la famille Barthe coiffe le tout Fréjus. Xavier jouait déjà du ciseau à l’adolescenc­e

- Textes : Philippe MICHON pmichon@nicematin.fr Photos : Sophie LOUVET

‘‘ Mes jours de repos à balayer les cheveux et faire des shampoings »

James, Xavier et aujourd’hui, Thibault : cette année, cela fera 58 ans que la famille Barthe coiffe les têtes fréjusienn­es au 97 de la rue Général-de-Gaulle. « Soit quatre génération­s consacrées à la coiffure car mon grand-père était, avant nous, coiffeur à Brive-laGaillard­e, précise Xavier. Mon père s’est installé à Fréjus il y a près de 60 ans. On peut dire qu’il a coiffé le tout Fréjus. Naturellem­ent, j’ai pris le relais et depuis cinq ans, mon fils Thibault est à mes côtés. Sa présence a d’ailleurs permis de rajeunir la clientèle… »

Né la clinique des Lauriers à Fréjus en 1967, Xavier Barthe a usé ses fonds de culotte entre les écoles Turcan, les Chênes et Stanislas avant de passer un CAP de coiffure à l’école des Arcs pour finalement obtenir son brevet profession­nel de coiffeur à Cannes. « Je suis né dans un salon de coiffure, affirme, avec un large sourire, le fringant “quinqua” aux tempes

grisonnant­es. J’ai commencé à couper les cheveux à l’âge de 14 ans. Les mercredis et les samedis, je n’allais pas jouer avec les copains. Je passais mes jours de repos à faire des shampoings et balayer les restes de cheveux. Mais cela me plaisait. J’adorais me retrouver au milieu des adultes et vivre de l’intérieur cette ambiance unique faite de conviviali­té, d’amitié et de folklore. Il faut dire que nous avons ici une super clientèle. Beaucoup d’entre eux sont bien plus que des clients. Je les connais tous par coeur. »

Derrière l’historique mobylette “Bleue” en vitrine, son salon vintage est une invitation à la détente et au bien-être. « Mon père vient encore le samedi matin pour coiffer ces fidèles clients. De mon côté, j’ai également une clientèle de ma génération et mon fils, de 26 ans, a également apporté sa clientèle disons… plus jeune. Lorsque les trois génération­s se retrouvent le même jour au salon, croyez-moi c’est quelque chose. On ne s’ennuie pas. Il y a de l’ambiance… »

Premier supporter des Verts et de la “Samp”

Mais, au-delà de prendre un malin plaisir à couper les cheveux en quatre, Xavier est, devant l’éternel, un très grand amateur de ballon rond comme en témoignent les billets de matches et écharpes apposées sur le mur de son salon. Si la planète football n’a aucun secret pour lui, que dire de sa connaissan­ce de son club de toujours qu’est l’AS Saint-Etienne. « Je suis abonné à l’ASSE deˆpuis maintenant 30 ans ! annonce fièrement le socio de l’emblématiq­ue stade GeoffroyGu­ichard. J’ai assisté à mon premier match dans les tribunes du chaudron vert en 80-81. C’était un ASSE - Hambourg avec un but de Paganelli. Depuis, cette passion pour Saint-Etienne ne m’a plus quitté. » Tatoué aux couleurs stéphanois­es sur l’épaule, Xavier s’est également pris de passion pour le club transalpin qu’est… La Sampdoria de Gênes. Pourquoi pas Milan, Turin, Rome ou Naples ? « Un jour, j’ai assisté au match Monaco - Gênes au Louis II. Comme il n’y avait plus de places, j’ai suivi ce match en compagnie des tifosis de la “Samp”. Je me suis lié d’amitié avec un des supporters qui s’appelait Marco. De fil en aiguille, j’ai été reçu à Gênes pour suivre la Sampdoria, se rappelle Xavier qui, à l’époque, avait même créé le “Sampdoria club de Fréjus” et qui a assisté à la fameuse finale de Coupe d’Europe à Wembley opposant la Sampdoria au FC Barcelone. Aujourd’hui, ce père de deux garçons savoure une vie faite de simplicité, de jovialité et d’empathie. « J’aime les gens en général. J’aime leur parler, j’aime le contact et les relations humaines dans le sens le plus noble du terme. D’ailleurs, si je n’avais pas été coiffeur, j’aurais tout fait pour tenir un établissem­ent sur une plage. Ne serait-ce que pour l’ambiance et le côté festif. Car, il faut bien l’avouer, j’aime bien aussi faire la fête… avec modération. » Le visage enjoué, l’accent provençal, Xavier est un homme avec lequel, il fait bon “tchatcher” de tout et de rien. Ayant pignon sur rue depuis plus d’un demi-siècle, la famille Barthe joue du ciseau sans être inquiétée par la concurrenc­e. « Vous savez combien il y a de coiffeurs uniquement au centre-ville de Fréjus ? Très exactement 26 ! Aujourd’hui, pour un jeune qui veut épouser cette profession ce n’est pas facile de fidéliser une clientèle… » Depuis 58 ans, les années passent mais le charme demeure dans les fauteuils du salon de la rue Général-de-Gaulle. Puis viendra le temps ou la famille Barthe aura tout le loisir de ramener la coupe… à la maison.

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