Artistes du confinement, ils ont révélé leurs talents ELENA ESPEJO
Le Covid-19 a bouleversé notre quotidien pendant deux mois. Pour certains amateurs, il a réveillé leur esprit créatif. A l’image de Robert Febvre qui a sculpté une statue... très chouette
Depuis qu’il a emménagé vieille route de Grasse, sur les hauteurs de Draguignan, Robert Febvre s’est aménagé un petit atelier. L’ingénieur retraité prend plaisir à utiliser ses petits outils. Il façonne, assemble, martèle des pièces uniques. Pour son fils, Emmanuel, ou ses amis... Alors, il y a deux mois, lorsqu’il s’est retrouvé confiné, le septuagénaire a trouvé une occupation insolite : sculpter une statue dans un arbre fraîchement coupé. « Le pin menaçait de tomber. J’imaginais au départ conserver ce tronc pour l’habiller de lierre », se souvient-il. Mais le Covid-19 a réveillé son esprit créatif. Et l’emblème de sa ville d’origine, Dijon, a été une source d’inspiration.
La sculpture Corona...
Il faut dire que la commune, connue pour ses atouts économiques vénère la chouette. À tel point que Dijon propose même un parcours touristique pour observer l’oiseau taillé sur le contrefort de l’église Notre-Dame. Le rapace fait le bonheur des passants, qui la caressent de la main gauche dans l’espoir de voir exaucer leur voeu le plus cher. « La légende raconte que lorsqu’on la touche, cela soigne tous les maux », glisse l’artiste amateur. Alors pourquoi pas ce fichu coronavirus ? Il n’en fallait pas plus pour libérer la créativité du retraité qui, après quelques coups de tronçonneuse, a sorti ses petits outils pour sculpter le volatile. Un corps majestueux, un collier pour la noblesse et voilà que l’oiseau solitaire et nocturne veille désormais sur le domaine de la Sambre. « Il faut que la bête en impose pour mettre en défaut le Covid19»
, sourit son concepteur. Robert Febvre l’a d’ailleurs baptisé... Corona. L’oeuvre a suscité la curiosité du voisinage venu contempler à distance l’évolution de sa réalisation. Si bien qu’aujourd’hui, elle est devenue la “mascotte”, un signe de protection pour Robert, son épouse Geneviève et ses voisins... « C’est un clin d’oeil », poursuit Robert qui a passé une cinquantaine d’heures pour sa conception. Et ne s’est pas arrêté en si bon chemin... En deux mois de confinement, deux autres oeuvres ont élu domicile à l’intérieur de la villa et sur les restanques ensoleillées. La nature qui a repris ses droits pendant cette période, a été une autre source d’inspiration. Ainsi, après le pin transformé en chouette, une barre de fer de 3 mètres s’est muée en message d’avenir. Le fer ? Une autre matière que le Dracénois se plaît à travailler. C’est d’ailleurs la genèse de cette soif de création. La méthode est simple : une idée, une esquisse au crayon, et pour le reste, il suffit de s’adapter au support choisi. « L’idée était de voir loin pour dire que l’on va se sortir de cette crise ». Ainsi, deux corps regardent l’horizon s’éclaircir sur le buffet de son salon.
D’une extrême habileté, Robert Febvre a le sens du détail, une imagination débordante et un réel optimisme l’anime. « Nous allons venir à bout de ce virus. J’espère que l’homme va prendre conscience qu’il n’est pas tout seul sur terre, que des leçons de vie seront
tirées de cette épreuve », conclut le concepteur de ces... chouettes réalisations.