Silence, on joue !
La Bundesliga est devenue hier la première ligue majeure à retrouver les stades après des semaines de confinement
Le ballon roule enfin : l’Allemagne a prouvé hier qu’il était possible de rejouer au football en dépit du coronavirus, à condition de s’habituer aux tribunes silencieuses et aux consignes sanitaires. De quoi engendrer des scènes déroutantes, rappelant que la reprise ne tient qu’à un fil. Le son strident d’un coup de sifflet au coup d’envoi, le premier but signé par la jeune star norvégienne Erling Haaland, la large victoire du Borussia Dortmund dans le « derby de la Ruhr » contre Schalke (4-0)... La chair de poule est brusquement revenue sur les bras des amoureux du « Fussball », privés de leur passion depuis précisément 63 jours à cause de la pandémie. Il y a eu les ingrédients habituels, des buts, des vainqueurs, des vaincus. Mais à y regarder de plus près, impossible de s’enthousiasmer complètement ni d’échapper à des détails anormaux en Bundesliga. Sur les bancs des remplaçants, seul un siège sur deux est occupé par des joueurs masqués jusqu’aux oreilles. Et l’ombre de la pandémie plane sur les terrains, comme sur les tribunes complètement vides du Signal Iduna Park de Dortmund, antre normalement reconnue pour son bouillant « Mur jaune » de fans. Devant cette tribune déserte, les joueurs du Borussia sont tout de même allés faire leur habituelle ola à la fin du match, une scène étrange en l’absence de tout supporter.
Premier pari réussi
Le huis clos et les mesures d’hygiène, voilà ce qui attend Dortmund, Leipzig et les autres cadors ces prochaines semaines, ainsi que le célèbre Bayern Munich dès aujourd’hui (18 h) contre l’Union Berlin. Des entrées sur les terrains séparées, aucune poignée de main, des ballons régulièrement désinfectés en bord de pelouse et surtout des célébrations de buts incroyablement sobres, avec des coudes secoués et le respect de la distanciation sociale : c’est le foot au temps du Covid-19. Pionnière en Europe parmi les championnats majeurs, l’Allemagne a réussi son premier pari, et aura peut-être donné confiance à ses voisins comme l’Angleterre, l’Espagne et l’Italie, qui espèrent encore reprendre. Jusqu’au Brésil, le monde a été attentif : au pays de Pelé, les commentateurs n’ont pas hésité à lancer à la télévision qu’il y avait autant d’attente pour ces matches de Bundesliga que pour une finale de Coupe du monde !