Distanciation : les élèves à l’épreuve du « mètre »
Avec une semaine de retard sur le reste du pays, des écoliers raphaëlois ont retrouvé les bancs de l’école. Par petits groupes et avec une organisation inédite, ils se sont adaptés en douceur
Le menu de la cantine sur le tableau d’informations, à côté du portail d’entrée, est daté du mois de mars. Comme si le temps s’était arrêté depuis… Au bout de 66 jours de fermeture, la vie a repris – très calmement – dans les écoles raphaëloises, hier matin. Soit une semaine après les autres établissements français, selon la décision municipale. En rangs espacés, et non serrés, les élèves de l’école primaire Ernest Camail ont retrouvé leurs salles de classe, thermomètre sur le front et mains désinfectées. Des marquages au sol devant les trois grilles ouvertes pour l’occasion, des cerceaux dans la cour pour rester à distance d’un mètre, un flacon de gel hydroalcoolique à disposition, une prise de température obligatoire, telles sont les nouvelles habitudes à acquérir.
Les parents rassurés par le guide de rentrée
« Nous avons dû repenser chaque moment de la journée, témoigne Chantal Sibra, directrice de l’établissement. Les plages de récréation ont été rallongées, les élèves doivent rester assis à leur place. Ils sont seulement dix par classe. Les autres sont en visioconférence depuis chez eux. » Des conditions de reprise « rassurantes » selon Géraldine, maman d’une petite Héloïse (CE2). « J’ai hésité jusqu’à recevoir les sept pages du guide de rentrée. Être informé enlève du stress. » Tandis que sa petite avoue que ; « ça fait bizarre de revenir à l’école avec tout ce qu’il y a à faire ». C’est « un minimum » selon Audrey, accompagnée de son fils en CM1 : « Et puis, c’est mieux de prendre les bonnes habitudes en petits groupes. Ça prépare déjà à septembre avec le retour de tout le monde ».
Des critères à la loupe
Quatre enseignantes, épaulées par un personnel dédié à l’encadrement, étaient présentes pour accueillir les enfants volontaires et répondant aux critères d’accès. Le premier d’entre eux consistait à savoir si les deux parents travaillaient. Venez ensuite le décrochage scolaire et les difficultés à étudier à distance. Aucune rotation des élèves n’a par ailleurs été décidée par la mairie.
L’art d’être citoyen
Il y en a pour qui cette fausse rentrée n’en était pas réellement une. Yanis, dont la maman est aide-soignante, n’a pas connu de trêve. « Je sais déjà comment ça se passe, on s’y fait rapidement », expliquet-il, cartable sur le dos au moment de s’asseoir à sa table. Au programme de la matinée, beaucoup de pédagogie sur cette journée de reprise et puis dans les jours à venir des enseignements classiques agrémentés d’intervenants extérieurs qui intégreront la classe virtuellement par visioconférence. « Notre projet sur l’année s’appelle : l’art d’être citoyen. Les gestes barrières sont devenus des actes de citoyenneté », développe la directrice. Pour la petite histoire, c’est dans le train au retour d’une visite de l’Assemblée nationale dans le cadre de ce projet, qu’élèves et professeurs avaient appris le 12 mars dernier la fermeture des écoles pour le lendemain. La boucle est bouclée.