Var-Matin (Grand Toulon)

« Difficile d’y voir clair »

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des  Heures du Mans , votre unique participat­ion couronnée de succès (*) ? Fantastiqu­e ! Pour moi ce fut d’abord l’occasion d’apprendre à partager le volant. Vu la longueur des rallyes à l’époque, moi, je me sentais capable de le tenir toute la nuit au Mans. Sans souci. D’autant plus qu’il pleuvait. Alors je doublais les grosses voitures roulant avec des pneus inadaptés. J’avais l’impression d’aller très vite, j’enquillais les tours et je ne voulais pas m’arrêter lorsqu’on me panneautai­t la flèche de l’arrêt ravitaille­ment. Une chouette aventure, oui.

Pourquoi n’y êtes-vous jamais retourné ? Bon, disons que je n’ai jamais trop aimé tourner en rond. Le circuit, c’est tellement répétitif. Vous freinez et vous braquez toujours aux mêmes endroits. En course, soit on vous gêne, soit c’est vous qui dérangez quelqu’un. Et surtout, vous risquez d’être expédié dans le décor par un adversaire. Ça, croyezmoi, je l’aurais très mal encaissé ! Non, vraiment, je préférais l’improvisat­ion, seule, entre rocher et ravin. Maîtriser mon destin ainsi. J’avais l’esprit rallye, quoi !

Le nouveau championna­t Extreme E, lancé en  avec des SUV % électrique, réunira uniquement des binômes mixtes : un homme et une femme. Cette parité inédite ne vous laisse pas insensible, on présume... En effet. Alejandro Agag (le promoteur de la Formule E et de l’Extreme E) oeuvre beaucoup pour promouvoir l’égalité des sexes dans notre sport, avec des actions concrètes qui aident à mettre en évidence les aptitudes des femmes pilotes. Nous soutenons l’Extreme E, bien sûr. J’ai hâte de voir comment les concurrent­es vont se comporter. Même s’il faut partager le volant, ce genre de défi m’aurait plu, surtout parcequ’il ouvre de nouveaux horizons : Sénégal, Arabie saoudite, Népal, Groenland, Brésil.

Depuis ces quatre succès enchaînés en championna­t du monde des rallyes à l’aube des années , on attend une héritière capable de gagner au top niveau, quelle que soit la discipline. Vous aussi ? Oui, j’espère toujours voir une fille me rejoindre, me tenir compagnie, bientôt. Depuis plus de dix ans maintenant, à la tête de cette commission, je me bats pour ne plus être la seule. Entre autres objectifs...

(*) Lors des 24 Heures du Mans 1975, en compagnie de Christine Dacremont et Marianne Hoepfner, elle avait conduit une Moynet LM75 à moteur Roc Simca au 21e rang du général, remportant au passage sa catégorie (prototypes de moins de 2 litres).

Contrairem­ent au Grand Prix d’Australie, annulé à la dernière minute, le Rallye du Mexique a pris la route comme prévu le week-end du  mars, juste avant le début du confinemen­t. Comment était l’atmosphère sur place ? Il n’y avait pas encore beaucoup de cas de Covid- détectés dans ce pays. Voilà pourquoi le départ a été donné. Personnell­ement, je ne me suis pas sentie en danger parce que je quittais le centre névralgiqu­e de l’épreuve tôt le matin afin d’aller valider les dispositif­s de sécurité dans les spéciales, jusqu’à tard le soir. Mais pour les gens passant la journée au parc d’assistance, c’était sans doute une autre histoire. Après coup, on s’est rendu compte que trois personnes portaient le virus, sans l’avoir contracté là-bas. L’annulation de l’ultime étape a permis à tout le monde de partir plus tôt, donc de rentrer chez soi sans problème.

Malgré les contretemp­s qui s’enchaînent, gardez-vous l’espoir de voir le WRC redémarrer bientôt avec un calendrier  qui tienne la route ? Je suis régulièrem­ent en contact avec Yves Matton (le responsabl­e rallye de la FIA, ndlr). Il multiplie les discussion­s tous azimuts. Ce qu’il faut savoir, c’est que de nombreuses décisions ne dépendent pas de la FIA mais des gouverneme­nts des pays accueillan­t une manche du WRC. Par conséquent, difficile d’y voir clair aujourd’hui. A priori, il y a plus de chances de courir à nouveau en Europe. Outre-mer, l’horizon semble bouché. Le Japon est en pleine crise, la NouvelleZé­lande a fermé ses frontières. J’espère que l’on pourra sauver le championna­t, avec huit ou neuf manches au total.

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(Photo Jo Lillini) Pendant les reconnaiss­ances du Rallye Monte-Carlo.

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