Le gouvernement opposé à la gratuité des autoroutes cet été
Il n’est ni réaliste ni souhaitable d’exiger cet été la gratuité des péages auprès des sociétés d’autoroutes, a estimé, JeanBaptiste Djebbari [photo AFP], secrétaire d’État aux Transports, répondant à une demande de la présidente du conseil régional d’Occitanie. « Cette position, on le comprend bien, est un peu politique », a déclaré le secrétaire d’État. « Sur le plan pratique et contractuel, elle est assez inopérante. » Il réagissait à une demande formulée en fin de semaine dernière par Carole Delga, présidente socialiste de la région Occitanie depuis 2016 et ancienne secrétaire d’État chargée du Commerce (201415), qui a maintenu sa position hier. Elle a demandé aux concessionnaires de rendre gratuit l’accès aux autoroutes pendant tout l’été, dans l’idée d’aider aux départs en vacances et à la relance du secteur touristique. « Carole Delga sait très bien que tout ça est noué et géré par des contrats qui, d’ailleurs, n’ont pas été négociés par nous mais qui continuent à s’appliquer », a rappelé M. Djebbari, faisant allusion à la privatisation des autoroutes françaises dans les années 2000. « Si [la présidente de la région Occitanie] veut rembourser le niveau de péages aux sociétés concessionnaires en Occitanie, je l’invite à entrer en contact avec les concessionnaires en question », a-t-il ironisé. Le secrétaire d’État, qui a rappelé que les concessionnaires avaient rendu les péages gratuits pendant la crise sanitaire pour les personnels soignants, a jugé qu’il n’était pas souhaitable de priver ces sociétés d’une source de revenus dans le contexte actuel. « On a besoin encore des concessionnaires pour faire des investissements assez majeurs », a-t-il estimé, évoquant notamment l’installation de bornes pour véhicules électriques. Ces dernières sont actuellement au nombre de 24 000 sur l’ensemble du réseau routier, concédé ou non, et Jean-Baptiste Djebarri juge possible de faire passer leur nombre à 100 000 dès 2021, au lieu de 2022.
« Tour de table » réclamé
La présidente de la région Occitanie a répondu en fin de matinée par un tweet incisif : « “Faire de la politique”, M. Djebbari, c’est s’occuper des gens ! », a lancé Carole Delga sur Twitter. « Balayer ma proposition du revers de la main avec cet argument n’est pas très sérieux. Cela mérite au moins un tour de table et je m’étonne du manque de dialogue entre l’État et les sociétés autoroutières pour s’adapter à cette situation exceptionnelle », a-t-elle poursuivi dans un communiqué. « C’est du pouvoir d’achat des Français dont il est question, mais aussi de sauver la saison touristique qui est l’un des piliers de l’économie nationale avec près de deux millions d’emplois directs et indirects », a-t-elle encore rappelé.