Le retour des promeneurs la raison d’être de l’ONF
Après deux mois de désertion, l’Office national des forêts voit d’un bon oeil le déconfinement des amoureux de la nature dans le respect des règles. Mais ce n’est pas toujours le cas…
Pas un bruit, si ce n’est le chant des oiseaux. En forêt, le confinement s’est traduit par la désertion du public, selon la volonté du gouvernement. Une période forcément particulière pour les agents de l’Office nationale des forêts (ONF), dont Roberto Llorca est le responsable pour l’unité territoriale Dracénie Verdon. Et contrairement aux idées reçues, l’homme voit d’un bon oeil le retour des promeneurs. «Ça nous manquait ! » Étonnant ? Pas vraiment. Car Roberto Llorca rappelle : « L’accueil du public en forêt en toute sécurité, c’est la raison d’être de l’ONF. » Il poursuit : « C’est un lieu que l’on partage, où l’on échange sur les rapaces que l’on distingue, sur les champignons que l’on croise. Ne voir personne pendant deux mois, c’est dur ! » Et pourtant, on sait que l’activité humaine est parfois néfaste pour les milieux naturels (lire ci-dessous). «Maission respecte les règles, ça va. » C’est un peu la même chose pour la lutte contre l’épidémie. Mais justement, comment s’est organisé le confinement à l’ONF ?
La culture forestière des Varois
Entre les mois de mars et de mai, l’ONF a d’abord « fait comme tout le monde ». « La priorité, c’était la sécurité sanitaire des agents. Nous avons donc organisé les services pour permettre à ceux qui le pouvaient de télétravailler par exemple. Mais le reste de l’activité, celle “de terrain” n’a pas été stoppée. » Plusieurs raisons sont mises en avant pour expliquer cela : « Nous avons une activité de coupe qui permet l’approvisionnement de prestataires qui fabriquent, grâce aux matériaux fournis, des masques. » Mais ce n’est pas tout. « Certains travaux sont liés à la saisonnalité, on ne peut les reporter. » Et l’on revient alors au fameux chant des oiseaux. Car si les effets du confinement ne sont pas franchement évidents (« Ça ne saute pas aux yeux », sourit Roberto), l’activité d’observation de la faune a, elle, bénéficié de l’absence de bruit de fond. « C’était extrêmement calme, confirme le responsable de l’ONF. Sans les avions notamment, nous avions une qualité auditive exceptionnelle. » Reste que pour analyser les supposés bénéfices de l’absence de l’homme durant deux mois, il faudra attendre. « C’est compliqué à mesurer. Quand les prochains relevés seront faits l’année prochaine, peut-être qu’on constatera des choses. Mais pour l’heure, il est trop tôt pour analyser ce confinement. » Ce qu’il faudra retenir, en revanche, c’est le civisme des Varois. « Ils ont respecté en grande majorité les consignes. Il n’y avait quasiment personne en forêt. C’était surprenant. » Pour expliquer cette rigueur remarquable, Roberto Llorca évoque la « culture forestière » de la population du Var. « C’est beaucoup moins le cas dans d’autres régions. Ici, on a une culture liée aux incendies. » Ce qui fait, par exemple, que sont également respectées les consignes lors des alertes estivales dans les massifs forestiers. « Les Varois y sont habitués, ils savent que c’est dangereux en période à risque. » D’où certainement la résilience entrevue lors du confinement… Et depuis le déconfinement ? «La météo n’est pas vraiment engageante, ce qui fait qu’on n’a pas eu énormément de monde le premier week-end. Mais pour un dimanche pluvieux de mai, les forêts étaient davantage fréquentées que l’année dernière. » Déconfinement pluvieux, déconfinement heureux...