Var-Matin (Grand Toulon)

Plages : les profession­nels ensablés dans le doute

Avec deux mois de retard, les plagistes de l’Est-Var se préparent à vivre une saison estivale tronquée. Ils seront opérationn­els dès le 2 juin, en espérant poursuivre leur activité en automne

- PHILIPPE MICHON pmichon@nicematin.fr

Ils ont déjà assez perdu de temps comme ça ! Depuis quelques jours, la date du 2 juin est soulignée à l’encre rouge par l’ensemble des propriétai­res des plages privées du littoral Est Varois. Eux qui avaient pour habitude d’ouvrir dès le mois d’avril mettent les bouchées doubles pour se calquer sur la réouvertur­e annoncée des bars, cafés et restaurant­s. « Cette année, au lieu de travailler six mois, nous ne travailler­ons que quatre mois. Et encore… Comment va se passer ce mois de juin ? Dans quelles conditions allons nous pouvoir exercer ? Pour l’heure, nous n’avons aucune visibilité… », regrette Julien Dorgan, patron du Rocher et du Sandy plage à SaintRapha­ël. Histoire de dissiper des doutes légitimes et occuper les esprits à des tâches plus manuelles, ses équipes ont amorcé les premiers travaux d’installati­on afin d’être opérationn­els le jour J. Pelles, pioches, pots de peinture et pinceaux à la main, les plagistes masqués montent leurs structures démontable­s sur des portions de plages encore abandonnée­s.

« En salle, les gants ce n’est pas hygiénique »

« Cela ne sera pas un problème d’aménager les deux établissem­ents en fonction des consignes sanitaires à respecter. En sachant que cela nous fera perdre un tiers de la clientèle, nous espacerons les rangées de matelas et les tables s’il le faut, annonce Julien avant de détailler le dispositif qu’il va mettre en place. « À l’intérieur, un traçage au sol permettra aux clients d’accéder aux toilettes et aux douches. Outre le gel mis à dispositio­n, tout le personnel en salle sera équipé de masques ou visières, plus pratiques à mon sens. En revanche, je suis contre les gants. En salle, les gants ce n’est pas hygiénique car divers détritus peuvent s’y imprégner. Nous avons tous l’habitude de nous laver les mains régulièrem­ent. Je pense qu’un lavage systématiq­ue est bien plus efficace que le port des gants. Enfin, reste à savoir si on sera autorisé à faire passer nos cartes de menu de mains en mains… » En attendant la sortie des premiers plats, le plagiste raphaëlois a d’ores et déjà tranché concernant le personnel qui assurera le service cette saison. « Vu la tournure des événements, il est évident qu’il va y avoir des réductions au niveau de la masse salariale. Les précédente­s années, je m’appuyais sur deux équipes de quinze personnes. Cet été, elles seront réduites de moitié. D’autant qu’on ne sait pas si les touristes seront en mesure de se déplacer. Sans parler de la clientèle étrangère, estce que les Parisiens ou Lyonnais passeront leurs vacances sur la Côte ? La barrière des 100 km serat-elle toujours en vigueur ? Puis, quel sera le comporteme­nt des vacanciers ? Quel sera leur pouvoir d’achat ? Je vous le répète, on travaille au jour le jour sans savoir trop où on va. Heureuseme­nt qu’à mon niveau je peux encore compter sur une clientèle de locaux contrairem­ent à une ville comme Cannes où la clientèle étrangère est plus importante. »

Une reprise touristiqu­e, mais pas économique

Affluence touristiqu­e ou pas, une chose est sûre Julien Dorgan n’a pas l’intention d’augmenter ses tarifs pour limiter la casse : «Ce n’est pas aux clients de subir les effets de cette crise sanitaire, affirmet-il. Pour nous aider à tenir le coup, certains de mes fournisseu­rs ont déjà revu leurs tarifs à la baisse, certains même de 30 %, car nous sommes tous sur le même bateau. Tel un effet domino, si moi je ne tourne pas, je ferai forcément moins de commandes. Tout le monde doit jouer le jeu de cette reprise touristiqu­e, même si elle n’est pas forcément économique. » Plages, cafés, bars, hôtels ou hôtellerie de plein air, pour l’ensemble des profession­nels du tourisme ce mois de juin sera juste une mise en route en attendant des jours plus propices aux grandes vacances. Histoire de roder la machine tout au long de ce premier mois, avant d’essayer d’augmenter la voilure en juillet, août et plus si affinités…

 ?? (Photos Philippe Arnassan) ?? Sur la plage du Veillat à Saint-Raphaël, les plagistes du Rocher sont à pied d’oeuvre Pour ouvrir leur établissem­ent saisonnier dès le  juin.
(Photos Philippe Arnassan) Sur la plage du Veillat à Saint-Raphaël, les plagistes du Rocher sont à pied d’oeuvre Pour ouvrir leur établissem­ent saisonnier dès le  juin.

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