Var-Matin (Grand Toulon)

Aéroport de Nice : qui sont ces « oubliés de l’État ? »

Sous-traitants, commerces, loueurs, etc. : plus de 6 000 emplois sont directemen­t menacés. Parce que leur éco-dépendance au tourisme n’est pas (encore) officielle­ment reconnue

- PHILIPPE HERBET pherbet@nicematin.fr

Avec ses 14 millions de passagers par an, en temps normal, l’aéroport Nice Côte d’Azur est en termes de trafic commercial, le deuxième de France. Mais il a aussi - et on l’oublie souvent - une empreinte économique forte dans la région, avec plus de 6 000 emplois directs (hors saisonnier­s), si l’on tient compte des sous-traitants, des commerces implantés dans les terminaux, des loueurs de voitures, des sociétés de sécurité ou de nettoyage, etc.

Une ville dans la ville

« Une véritable ville dans la ville », selon Céline Montella, agent d’escale et déléguée syndicale (CGT) chez Aviapartne­r (société spécialisé­e dans les services aéroportua­ires d’assistance, qui compte 3 000 collaborat­eurs en France, dont 400 déployés sur la seule plateforme niçoise). Mais une ville aujourd’hui devenue fantôme, et surtout « sous tension », depuis que la ministre du travail, Muriel Pénicaud, a annoncé que l’état, à partir du 1er juin, allait progressiv­ement réduire la voilure dans le financemen­t de l’activité partielle. Et donc demander aux entreprise­s qui y ont recours de mettre la main à la poche, « dans des proportion­s raisonnabl­es ». Mais une refonte du dispositif qui ne concerne pas la filière du tourisme, “protégée” par un plan de relance ministérie­l. « Du coup, aujourd’hui, nous avons l’impression d’être les oubliés de l’État, se lamenteCél­ine Montella. Le tourisme est une priorité, c’est entendu, mais tout comme les bars, les compagnies aériennes et les restaurant­s, nous aussi, on en dépend de façon vitale. » Alors de se faire porte-parole de l’ensemble des salariés concernés, et pour le coup, pas seulement ceux d’Aviapartne­r. « A priori, on ne rentre pas dans les cases pour ces exceptions faites dans le cadre des mesures d’accompagne­ment de l’activité partielle. Alors on craint, à court terme, une casse sociale énorme, puisque beaucoup de nos entreprise­s - et pour être en relation constante avec ma direction, je sais de quoi je parle - n’auront pas la trésorerie suffisante pour affronter les mois à venir. Ça risque d’être l’hécatombe… »

Sortir du flou

Avec un T1 toujours fermé, et seulement une poignée de vols à traiter au quotidien (« actuelleme­nt, seulement 20 sont prévus en juin et on n’a aucune visibilité sur l’avenir… »), l’horizon s’est donc bien plus qu’assombri. « Nos entreprise­s, déjà bien fragilisée­s, ne pourront pas supporter ce poids financier supplément­aire et seront donc forcément contrainte­s aux licencieme­nts. » Alors de n’avoir plus qu’à espérer qu’Edouard Philippe, à un moment ou un autre, « lève le flou en prenant en compte notre situation particuliè­re. Et nous permette de tenir encore un peu. Parce qu’il y aura une reprise, c’est clair, mais qu’on a encore besoin d’un peu de temps pour s’y préparer… »

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(Photo P.L.) Une centaine de corps de métiers sont concernés par cette « hécatombe » annoncée…
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