Au Mourillon, les platanes malades attendront septembre
Leurs silhouettes majestueuses forment toujours un toit végétal audessus de la place du marché du Mourillon. Comme préalablement annoncé par panneaux et donc craint par les défenseurs des géants de l’ombre, l’abattage de la vingtaine de platanes, dont beaucoup sont centenaires, n’a pas eu lieu en ce début de semaine. La Ville a différé toute action en diligentant une contre-expertise des arbres malades, en ayant recours au scanner si besoin. « On ne va pas couper les platanes avant l’été », assure le maire Hubert Falco. La première expertise recommandait d’abattre tous les arbres rongés par le chancre coloré ainsi que ses voisins puisque le nuisible se propage aux individus sains. Tout est donc question de nombre et de périmètre et c’est dans cet interstice que s’engouffrent les opposants au projet de coupe franche.
« Non à l’abattage des arbres sains »
Après le CIL du Mourillon (Var-matin du 18 mai), c’est au tour de deux candidats aux dernières municipales de monter au créneau. Hier midi, Oxygène Toulon, la liste d’Olivier Lesage (Alliance écologiste indépendante) en train de devenir une association, est venue in situ défendre sa position à l’heure de la pause méridienne. « C’est simple, on refuse l’abattage des arbres sains. La position du maire d’abattre tous les arbres est un dévoiement du principe de précaution. Si on découvre qu’un chien à la rage à La Farlède, il faut abattre tous les chiens de la Métropole ? Le maire ferait mieux d’abattre ses palmiers malades et arrêter d’en commander plutôt que des platanes sains ! » « Quand des pins tombent par fort vent, est-ce qu’on coupe tous les pins ? », abonde Martine, commerçante de fruits et légumes sur le marché depuis 26 ans. « Si on enlève les platanes, avant que les nouveaux arbres fassent de l’ombre, on jettera notre marchandise à chaque fois à cause de la chaleur en été. C’est un gros gâchis ».
« Le maire a agi sans concertation »
Lui aussi battu dès le premier tour des municipales, Amaury Navarranne (RN) met un petit coup de tronçonneuse à la politique du maire : « Le cas d’abattage des emblématiques platanes du Mourillon soulève une légitime émotion chez les habitants ou les habitués de ce quartier de Toulon. Le chancre, maladie qui frappe ces arbres, justifie peut-être d’en couper certains. Mais en refusant de communiquer les résultats de tests antérieurs et en ayant agi de son côté, sans concertation par exemple avec le comité d’intérêt local, Hubert Falco renoue avec sa politique municipale d’avant en matière d’environnement ou d’urbanisme ».
« Ce n’est pas un caprice de maire ! »
Le conseiller municipal note que « la mobilisation des habitants du Mourillon a été forte. L’abattage massif vient d’être retardé et n’a pas débuté ce jour (hier) comme prévu. Se mobiliser bénéficie toujours aux gens de bonne volonté ! »
Ce poil à gratter de platane est venu jusqu’aux narines d’Hubert Falco : « Sur cette question, il n’y a pas de place pour la politique politicienne. Je suis très attaché à cette place et comme Lesage et Navarranne, figurez-vous que je suis pour conserver les platanes du Mourillon. Mais quand on est maire, on est responsable ! Je ne m’amuse pas à couper les platanes. Ce n’est pas un caprice mais une injonction de la préfecture à laquelle je dois répondre. » On l’aura compris : des platanes vont bien tomber sur la place Emile-Claude. La question est de savoir s’ils vont tous y passer. « C’est la contre-expertise qui dira si on doit tous les couper ou si on peut en conserver certains », s’abrite le maire. Rendez-vous à la rentrée pour connaître la sentence.