Les municipales en suspens
À l’issue du premier tour, les trois candidats voulaient se maintenir dans la course à la mairie. Deux mois plus tard, les forces en présence ne lâchent rien et le suspens reste entier
Avant que le confinement ne vienne tout anesthésier, la campagne municipale avait connu une dernière ligne droite survoltée au pied du Rocher. Avec la démission surprise et in extremis de Jean-Claude Charlois, devenu maire lorsque JeanLouis Masson avait fait son entrée à l’Assemblée nationale, le camp de l’homme fort de la commune depuis trois mandats était ébranlé. Si dans les troupes du patron de la fédération LR du Var, on minimise volontiers l’impact du divorce et de la vaisselle brisée éparpillée sur la place publique, on ne peut que constater que pour la première fois depuis 2001, Jean-Louis Masson se retrouvait en ballottage avec 48,19 % des suffrages et une majorité chahutée par l’ambiance délétère en mairie. Derrière lui, Michel Durbano (socialiste historique à la tête d’une alliance allant du PS à LREM) réunissait 37,99 % des voix et Michel Camatte, affichant autour du PCF les valeurs de gauche, totalise un score de 13,82 %. Au lendemain de l’élection, tout le suspens résidait en grande partie dans la capacité des deux challengers à s’entendre pour faire barrage à un quatrième mandat Masson.
En juin ou à la rentrée ?
Depuis, d’autres questions entourent la mairie de La Garde. Comme dans toutes les communes où le premier tour n’a pas été décisif, les candidats trépignent pour savoir si les électeurs seront convoqués en juin ou à la rentrée. Affirmant « ne pas avoir de préférence » sur le sujet, Jean-Louis Masson arrache illico son costume de candidat pour endosser ses habits de parlementaires et vocifère contre le gouvernement qui entend consulter l’Assemblée nationale sur le sujet. « C’est au gouvernement de décider et de prendre ses responsabilités. Le parlement est là pour voter des lois, pas pour émettre des avis consultatifs .» Remis sous sa casquette de candidat, il se contente de se dire « légaliste ». Ses deux concurrents n’entrent pas dans ce débat. « Je comprends les difficultés, soupire Michel Durbano. Il y a la nécessité de résoudre rapidement des problèmes de fonctionnement, en particulier avec l’intercommunalité, mais je me demande comment nous pourrions faire campagne pour juin, sans serrer des mains sur les marchés, distribuer des tracts ou faire des réunions publiques. D’autant qu’à La Garde, seulement 34 % des électeurs sont allés voter au premier tour. Il faut donc vraiment pouvoir faire campagne pour mobiliser les gens. »
Une alliance toujours possible
Michel Camatte aussi se dit plutôt favorable à un vote (en deux tours) à la rentrée. « Le gouvernement semble vouloir aller vite en besogne pour passer du confinement au deuxième tour. Maintenant, on est peut-être plus à trois mois près parce que faire campagne dans les conditions actuelles paraît difficilement envisageable. » Un accord de point de vue entre les deux challengers qui pourrait laisser entrevoir des convergences. Sans grande difficulté, ils confient avoir des « discussions »autour de l’objectif commun de mettre un terme à la série Masson. « Beaucoup de personnes à
La Garde ne sont pas allées voter au premier tour parce qu’elles étaient persuadées qu’il n’y avait rien à faire contre Masson », assure Michel Durbano. « Avec les résultats, ils ont vu que c’était possible, alors ils ont envie d’y croire. La dynamique est de mon côté, sourit le candidat en martelant que dans ce contexte, voter Camatte, indirectement, c’est voter Masson. » Un slogan capable de donner de l’urticaire à Michel
Camatte. « On a des propositions à faire à Michel Durbano, confie le candidat réunissant autour du Parti communiste. Rien n’est décidé, mais ce nous pouvons continuer à réfléchir », avouet-il en glissant que si l’entente avec l’équipe de Michel Durbano est possible, il sera en revanche rédhibitoire de voir les couleurs de LREM flotter sur sa candidature.