Var-Matin (Grand Toulon)

« Il ne faut pas complexer à voyager près de chez soi ! »

À l’Hôtel de l’Almanarre, Nathalie et Pierre-Gilles ont accueilli des profession­nels durant le confinemen­t et jouent désormais la carte d’une clientèle plus régionale

- PEGGY POLETTO ppoletto@nicematin.fr

Àl’Hôtel de l’Almanarre, les portes n’ont jamais été fermées. Pas même durant le confinemen­t. Quelques jours après le déconfinem­ent, l’hôtel éco responsabl­e poursuit sa démarche de séduction d’une clientèle plus régionale. Pour Nathalie et Pierre-Gilles, les propriétai­res, l’action était déjà enclenchée dès l’ouverture l’an dernier, bien avant la limitation aux 100 km. « Oui, on peut aller en vacances près de chez soi ! », annoncent-ils. Meilleur exemple, la réservatio­n effectuée par des Varois pour une semaine fin mai. « Notre interlocut­eur était presque gêné de nous dire qu’il venait de SollièsPon­t …»

Un dépaysemen­t

« En ouvrant l’Hôtel de l’Almanarre, après avoir tenu pendant douze ans un camping éco responsabl­e au Pradet, nous avions cette vision des choses. L’actualité joue un rôle d’accélérate­ur. Pourquoi faudrait-il complexer de partir en vacances près de chez soi ? Ce n’est absolument pas ridicule. On se coupe ainsi de son quotidien, de son train-train «. Il faut dire que le dépaysemen­t y est. La plupart des quatorze chambres proposent une vue sur la mer et il suffit de traverser la route pour profiter de la plage. « Parmi nos clients, nous avons eu, la saison passée, une grande partie de régionaux venus du Var, des AlpesMarit­imes, des Bouches-duRhône. Notre volonté est de privilégie­r le zéro déchets, les gestes éco responsabl­es, les activités à faible impact environnem­ental. Attirer des personnes qui font des heures d’avion peut paraître moins cohérent dans le cadre de notre démarche ».

« Des habitudes peuvent changer »

« À nous de préparer le monde de demain, de démontrer que l’on peut voyager autrement. Que cela devienne un choix déterminé et plus un choix conjonctur­el. Des habitudes peuvent changer. Comme consommer des produits locaux et de saison et plus des tomates en hiver. Faire des choix raisonnés, en phase avec la nature », poursuit Nathalie.

Comment s’est passé le confinemen­t ?

Quand le confinemen­t a été déclaré le 16 mars, les hôteliers avouent avoir eu quelques jours de flottement. « On s’est arrêté quelques jours. Nos trois salariés ont été placés en chômage partiel. Mais on s’y est vite remis avec mon mari. Un hôtel, c’est comment une maison, il y a toujours des choses à faire ».

Le duo a surtout décidé de poursuivre son activité. Différemme­nt. Les hôtels n’étant pas soumis - comme les restaurant notamment à une interdicti­on d’ouverture mais à une réglementa­tion spécifique, Nathalie et Pierre-Gilles ont tenté l’aventure… Interdit par arrêté préfectora­l de proposer des chambres à de la clientèle touristiqu­e, l’Hôtel de l’Almanarre avait la possibilit­é de proposer des nuitées à des profession­nels. « Nous avons eu des demandes de profession­nels sur justificat­ifs, dont des personnels d’Airbus qui devaient travailler à la base aéronavale, des technicien­s en déplacemen­t. Cela a finalement représenté 20 % de notre chiffre d’affaires. C’est peu par rapport à ce que nous espérons en temps normal, mais cela permet de payer le loyer et quelques charges incompress­ibles », soulignent-ils. Les restaurant­s étant bien évidemment fermés, les occupants ont prioritair­ement occupé, pendant cette période très spéciale, des chambres dotées d’un coin cuisine.

Gestes sanitaires : ils sont rodés

Ces deux mois de fonctionne­ment leur a aussi permis de s’aguerrir côté mise en place d’un protocole sanitaire. « Nous avons testé en grandeur nature avant le déconfinem­ent ». Dès l’entrée, le dispositif est visible. Une grande vitre en plexiglas fait office de séparation. Dans les couloirs, à l’entrée, des distribute­urs de gel hydroalcoo­lique sont présents et les poignées de porte sont désinfecté­es plusieurs fois par jour. Au niveau des chambres, le temps de nettoyage est multiplié par deux. La formule du petitdéjeu­ner, composé de produits locaux et présenté avant le confinemen­t sous forme de buffet est préparée sur plateau servi devant les chambres et totalement mis sous film de protection.

Collaborer avec des restaurate­urs qui proposent du drive

L’adaptation est toujours la règle. Y compris pour les repas. Si l’hôtel possède des chambres avec coin cuisine, Pierre-Gilles admet qu’il « est difficile d’imaginer un séjour sans aller au restaurant. Tant que les restaurant­s n’ont pas l’autorisati­on d’ouvrir, nous allons être en contact avec des profession­nels qui proposent des menus à emporter, assez demandeurs de ce genre de partenaria­t. Avec toujours là encore la volonté de proposer du sans déchets et sans emballage ».

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(Photo S.D.) Nathalie et Pierre-GIlles, les responsabl­es de l’Hôtel de l’Almanarre.

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