Var-Matin (Grand Toulon)

Cuisines Dracénoise­s : un pour tous, tous pour cinq !

Un collectif solidaire de restaurate­urs dracénois s’est fédéré pour parer au mieux à la crise. Depuis plusieurs semaines, ils proposent une offre de repas globale et centralisé­e. Et ça fonctionne

- M. B. mbescond@nicematin.fr

Pour trouver une parade au confinemen­t, Christophe Hoarau, cogérant du restaurant dracénois Kant.in, s’est lancé dans un projet un peu fou : fédérer plusieurs commerces de bouche pour proposer des repas variés, à emporter ou en livraison. Cela fait maintenant cinq semaines que ces cinq profession­nels

(1) se sont unis et travaillen­t main dans la main. Et les choses font recette.

Créer une synergie

L’idée part d’un constat. « Nous avions tous besoin de maintenir une forme d’activité. Seuls dans notre coin, nous nous serions sans doute rapidement épuisés, à travailler pour pas grand-chose », développe Christophe. Alors tous décident de mutualiser leurs moyens, et de « créer une synergie, pour essayer d’avancer ensemble

». Christophe contacte ses confrères, et les choses vont vite. «Ona commencé à la mi-avril. Draguignan est un écosystème un peu particulie­r, c’est-à-dire que c’est une ville-village, poursuit Christophe. De facto, nous avons tous plus ou moins la même clientèle. » Alors proposer une offre globale, ça ne pouvait que fonctionne­r. « L’idée est que le client puisse commander une entrée chez l’un et un plat chez l’autre. Une offre variée pour que chacun puisse s’y retrouver. » Les jalons de la collaborat­ion posés, Les Cuisines Dracénoise­s démarrent leur activité en trombe. « Nous nous sommes mis d’accord sur un mode de fonctionne­ment et une organisati­on logistique, et on est partis sur les chapeaux de roues.

Il a fallu prendre nos repères, former tout le monde à la gestion du site Internet dédié, mais tout s’est passé naturellem­ent entre nous. Nous cuisinons chacun dans nos laboratoir­es et on centralise notre offre chez l’Assistant Culinaire, de manière à ce que les clients n’aillent pas à droite ou à gauche pour récupérer leurs produits. »

Un site Web pour porte d’entrée

Les Cuisines Dracénoise­s proposent aussi bien des plats à la vente à emporter qu’en livraison. « Pour la vente à emporter, on utilise un local de l’Assistant Culinaire, parce que c’était la solution la plus adaptée, avec un comptoir qui donne sur la rue. Ça permet de limiter les contacts et d’éviter que les gens entrent dans le magasin. » Les commandes se font par un portail Internet créé pour l’occasion.

(2) Et Christophe s’occupe de centralise­r le tout. « J’ai mis en place un petit système informatiq­ue qui permet de transmettr­e les commandes à chaque établissem­ent. Et chacun s’organise ensuite. » Côté livraison, les tournées sont assurées via un camion réfrigéré. « Pour le moment, nous livrons uniquement le midi, de 11h à 13h30. Pendant deux semaines, on avait mis en place ce système en soirée, mais les commandes étaient trop en dent de scie. »

Action solidaire

À scruter la carte, il y a de quoi saliver. Spécialité­s d’Asie du SudEst pour Kant.in (bobun, pad Thaï...) ; plats en bocaux cuisinés avec des produits locaux pour l’Assistant Culinaire (pennes aux fruits de mer, courgettes, et asperges croquantes : salade de quinoa bio aux légumes et avocat...) ; plateaux appétissan­ts des Fondus de Fromage... : de quoi titiller bien des papilles. On en salive. Et pour accompagne­r le tout, la Bière Dracénoise et le Château Saint-Esprit sont également de la partie.

Solidaire jusqu’au bout, le collectif reverse 1 % de son chiffre d’affaires à l’associatio­n Le Cap, structure qui vient notamment en aide aux femmes victimes de violence. « Comme nombre de restaurate­urs, pendant le confinemen­t, nous souhaition­s participer à l’effort collectif. Beaucoup avaient décidé d’apporter des repas aux soignants du Centre hospitalie­r de la Dracénie ou aux forces de l’ordre. Nous avons, nous, décidé d’aider cette associatio­n, à notre échelle. Parce qu’au début de la crise, dans les pays confinés avant nous, on a observé une recrudesce­nce des violences conjugales. C’était notre façon de participer à l’effort collectif. » Depuis le lancement des Cuisines Dracénoise­s, tout fonctionne à merveille. « Les clients sont réceptifs, ils prennent leurs habitudes sur le site Internet. En moyenne, on reçoit une bonne trentaine de commandes par jour », détaille Christophe. Les gens qui travaillen­t commandent le matin en arrivant au bureau. Ça marche bien. » Tellement, que ce serait dommage de s’arrêter en si bon chemin. « Nous allons continuer notre collaborat­ion dans l’avenir, On travaille très bien tous ensemble, donc on se dit que ce serait bête de s’arrêter là. Même si on rouvre le 2 juin, on aimerait garder ce service en place, sans doute en ayant recours à un système de livraison via Uber Eats ou Deliveroo. »

1. Kant.in ; L’Assistant Culinaire ; Les Fondus de Fromage ; La Bière Dracénoise ; Château Saint-Esprit. 2. Rens. : ww.eatdraguig­nan.fr - 07 78 39 57 50. L’Assistant Culinaire - 22 Bd Maréchal Foch à Draguignan. Ouvert du lundi au samedi, de 9h à 16h.

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(Photo Sophie Louvet) Entouré de son équipe, Christophe Hoarau, co-gérant de Kant.in (à droite) a fédéré plusieurs commerçant­s, dont Christina Rebuffel, gérante de l’Assistant Culinaire.

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