Var-Matin (Grand Toulon)

Les cartes de crédit siphonnées avant l’audit

- J.-F. R.

Ils avaient acheté une ou plusieurs maisons. Et les avaient payées à D Invest qui leur proposait de gérer à distance leur compte client via une plateforme digitale – Rentec – et leur octroyait une carte bancaire PEX sur laquelle les dividendes de leur placement étaient versés. Dès lors que l’investisse­ment devenait rentable sur cinq ans, les sommes versées sur ces cartes par D Invest depuis  n’excédaient pas  à  dollars par mois. Peu de chose pour ceux qui n’avaient investi que dans une maison ou deux. Beaucoup pour ceux qui croyaient être propriétai­res de ,  voire – pour l’un d’entre eux –  villas fantômes à Détroit. « Lorsque j’ai voulu utiliser les   dollars qui étaient sur la PEX, il n’y a pas eu de problème », raconte une des victimes azuréennes. Jusqu’au  janvier, la pyramide alimentait le système. D Invest, qui n’était pas propriétai­re des   maisons vendues, ne pouvant percevoir de loyer sur ces biens fantômes, alimentait la trésorerie en faisant de la cavalerie. Pour une raison qui reste à déterminer, le  janvier, Paul De Bastos a sifflé la fin de jeu en siphonnant , million d’euros sur les cartes PEX de ses victimes.

« Un de mes collaborat­eurs venait d’arriver à Détroit lorsque De Bastos a vidé tous les comptes »

Une opération d’une simplicité absolue. Les acquéreurs qui pensaient être détenteurs d’une carte individuel­le se trompaient : « Ce type de carte bancaire est à l’usage de grands groupes ou de chefs d’entreprise. Ils les abondent avant de les distribuer à certains de leurs collaborat­eurs pour qu’ils ne soient pas obligés d’avancer leurs frais de déplacemen­t ou de représenta­tion », explique un banquier niçois. Habile donc. Pourquoi le  janvier ? À Sophia, Sébastien Rogge a sa petite idée et affirme pouvoir le prouver : « Il y a huit mois, j’avais trouvé un très gros investisse­ur à Dubaï. J’en avais fait par à De Bastos, en lui expliquant qu’au regard de l’enjeu financier, un audit précis de D Invest était nécessaire. Tout en m’assurant qu’il y était disposé, De Bastos trouvait toujours un prétexte pour le repousser. N’y tenant plus, je l’ai informé début janvier que j’envoyais un de mes collaborat­eurs pour le réaliser. Il venait d’arriver à Détroit lorsque De Bastos a fermé le site de gestion en ligne et vidé tous les comptes. »

Newspapers in French

Newspapers from France