Cannes Ciné-Drive revient en « e séance »
Vu le succès de son lancement sur le parking du Palm Beach à partir de ce soir, ce mode de projection en plein air est renouvelé sur un plus grand espace dès la semaine prochaine
Qui a dit que le confinement (et le règne sans partage des plateformes numériques) mettait en péril l’avenir du 7e Art ? L’engouement suscité par le lancement d’un nouveau Ciné-Drive à Cannes
(nos éditions précédentes) prouve que l’heure de la dernière séance n’a pas encore sonné pour le cinéma en mode XXL. À défaut de salles obscures et de fauteuils moelleux, toujours fermés au public, la banquette auto et le ciel étoilé du Palm Beach suffiront à l’affaire. Surtout pour voir le vélo d’E.T. traverser à nouveau la constellation de nos rêves cinéphiles. Pour la première projection, ce soir à 21 h 30, le parking de la pointe Croisette affiche complet. Et il en va de même des autres séances nocturnes, jusqu’à dimanche soir inclus. « Vingt-quatre heures à peine après la mise en vente des billets en ligne, il ne restait plus une place, se réjouit Laetitia Mazeran, gérante du cinéma des Arcades, partenaire de l’opération avec la Ville et l’Olympia. Avec ce drive, on voulait renouer le lien avec nos spectateurs, dire que le cinéma est toujours là par une opération symbolique, mais il semble clair qu’il y a un vrai manque ». En attendant la réouverture des « temples cinéphiles » habituels, le grand écran se consomme donc derrière le volant. Même sans pop-corn ni bâtons glacés, interdiction des contacts rapprochés oblige.
Films culte, reprises et avant-premières
Face à ce succès, l’opération est renouvelée la semaine prochaine, avec cinq nouveaux films à voir ou revoir du mercredi au dimanche soir. Mais pas forcément Drive pour le Ciné-drive. « Notre programmation est toujours composée de films cultes, familiaux, de reprises pour des films sortis récemment mais dont l’exploitation a été stoppée par le confinement, et d’avant-premières ». Après E.T l’extraterrestre, L’appel de la forêt, La Daronne, Le voyage du Dr Dolittle et Singing Club, on sait déjà que la prochaine programmation comptera La bonne épouse, la jolie comédie de Martin Provost au casting quatre étoiles (Juliette Binoche, Édouard Baer,
Yolande Moreau, François Berléand...) et la reprise d’une farce cultissime, tourné en partie à Cannes, « parce qu’on ne peut pas tromper mille fois mille personnes «, précise Laetitia Mazeran pour donner un indice. Le Ciné-Drive prendra ainsi ses aises sur le parking Coubertin, plus grand que celui du Palm Beach. Pour durer tout l’été ? « Ça, on ne sait pas, mais ce ne sera pas une exploitation parallèle à celle des salles, dont on attend l’autorisation de rouvrir avec impatience, souligne la gérante du cinéma art et essais. Sur le plan sanitaire, on sera prêt pour accueillir le public avec des mesures barrières, un fauteuil sur deux ou trois, le nettoyage des salles et de la climatisation, les portes ouvertes et le gel hydroalcoolique, on a déjà pensé à tout ».
Avis défavorable de la Fédération des cinémas
Pour l’heure, le cinéma déconfiné se projette dans le confinement d’une voiture, en dépit des sérieuses réserves émises par la Fédération nationale des cinémas (FNCF, qui regroupe des exploitants et producteurs), au nom de la défense exclusive du cinéma en salles. « La FNCF regrette profondément les dégâts médiatiques et économiques que provoqueront ces manifestations qui détournent les spectateurs, les médias, l’administration locale et nationale du seul combat à mener : la réouverture des salle s», précise-telle dans un communiqué. Pas de quoi décourager le Ciné-Drive cannois. « La Fédération, qui oeuvre pour le bien du cinéma, redoute sans doute des projections plein air sauvages, mais ce n’est pas notre cas, rétorque Laetitia Mazeran. Les tickets du Cannes Ciné-Drive entrent dans la billetterie normale et comptabilisent les entrées
d’un film, ce qui est très important pour l’industrie du 7e Art. De toute façon, le CinéDrive n’est pas une alternative à long terme. Mais une ville comme Cannes ne pouvait pas vivre sans cinéma en mai ». Pas de Festival, mais la bande-annonce « drive » d’un art sur le retour, qui veut surmonter l’épidémie Covid19 par un plaisir toujours contagieux.