La passion de Claude Joly l’a conduit vers les sommets
À 93 ans, il a réalisé 504 cartes sur les montagnes d’Asie centrale. Et ce n’est pas encore fini…
Face à la Méditerranée, dans sa petite maison sambracitaine, Claude Joly rêve des plus hauts sommets du monde qu’il transpose sur carte, au millimètre près. À 93 ans, ce Solognot d’origine a sillonné la France en tant qu’ancien chef de chantier dans la téléphonie souterraine, avant de poser ses valises aux Issambres à l’heure de la retraite. Loin, très loin des montagnes auxquelles il voue pourtant une véritable passion depuis son enfance. Mais à défaut de les contempler depuis sa fenêtre, il leur consacre une bonne partie de son temps en les cartographiant. À ce jour, il a réalisé cinq cent quatre cartes au 360e millième sur l’Asie centrale, chacune nécessitant quatre à cinq jours de travail. « Au départ, le but était de faire les cartes du Tibet, raconte modestement Claude Joly. Et puis j’ai fait tous les massifs autour. Après la guerre, le Tibet était inconnu et pas cartographié. Les montagnes au nord du Tibet étaient inexplorées, on ne savait même pas leur altitude. Il y a aussi de très grands glaciers. Le Tibet c’est le château d’eau de l’Asie. Ça m’intéressait beaucoup. Grâce à Google Earth en 2001, les hauteurs des sommets ont été rectifiées. » S’il s’appuie sur le logiciel informatique pour repérer les reliefs et les glaciers, toutes les cartes de Claude Joly sont manuscrites. « La difficulté avec le papier millimétré, c’est qu’on ne peut pas respecter les longitudes. Donc j’ai refait du papier quadrillé pour 1/10e de millimètre. J’ai pris une cote mal taillée entre les deux pôles, sourit l’amateur, puisque ces cartes ne sont pas destinées à être diffusées… C’était juste pour moi. Les glaciers sont signalés en jaune car le papier est blanc. Mais ça donne une bonne idée de la géographie des massifs. » Himalaya, Hindou Kouch, Tien Chan, Yunnan… Des noms qui évoquent le toit du monde avec des sommets s’élevant à plus de 7 000 mètres. Claude Joly a bien failli se rendre à Katmandou mais sa femme s’y est opposée. «Jedevais accompagner un ami, se souvient-il. Mais je ne regrette pas car je n’aurais pas résisté. Il faut être bien entraîné pour grimper jusqu’à 5 600 mètres d’altitude en affrontant une tempête de neige. » Le cartographe amateur voyage à travers ses cartes classées par longitude. « Le massif tibétain s’étend sur environ 4 000 km en longitude et 1 100 km en latitude. Les glaciers sont théoriques car je suis obligé à chaque fois d’étudier leurs limites en dehors des périodes d’enneigement. » Entre son potager à entretenir et ses cartes maintenant consacrées à l’Alaska et au Canada, Claude Joly ne s’ennuie pas et met tout autant de coeur à sa passion. Histoire d’en découvrir toujours plus sur les massifs montagneux.