Var-Matin (Grand Toulon)

Hollywood, ton univers impitoyabl­e

- ALAIN MAESTRACCI amaestracc­i@nicematin.fr

Ils sont jeunes. Ils sont très beaux. Ils veulent devenir des movie stars (stars de cinéma). Et ils ne ménagent pas leurs efforts pour atteindre leur but. Le truc c’est qu’on pense à l’Actor Studio d’où sont sorties tant de stars américaine­s. Mais en fait cette série est construite autour de ce secret de polichinel­le, qui était la réalité à l’époque – cela a-t-il vraiment changé ? – : il faut coucher pour réussir ! Le côté croquignol­esque de la chose, et c’est une belle vengeance pour vous, Mesdames, c’est que là ce sont les hommes qui sont obligés de s’allonger. En plagiant le célèbre slogan de la série Dallas, on pourrait dire pour celle-ci : « Hollywood, ton univers impitoyabl­e ! » La Seconde Guerre mondiale vient de se terminer et Hollywwod tourne à fond pour faire de l’argent car c’est ce qui compte aux States. De nombreux jeunes actrices et acteurs veulent, bien entendu, percer pour avoir leur nom à l’affiche. Mais, même si l’Amérique est, soi-disant, le pays de la liberté, il ne faut pas dire que l’on est gay et les actrices noires sont toujours reléguées à des rôles de boniche qui servent le gentil patron blanc. Hollywwod raconte ainsi toutes les difficulté­s qu’a rencontrée­s Camille, une actrice black interprété­e par la ravissante Laura Harrier, pour décrocher le rôle principal dans un film dont le scénario a été écrit par Archie, un black lui aussi, joué par Jérémy Pope. Il faut se battre, il faut accepter des compromis avec les patrons de studios et les producteur­s pour pouvoir décrocher un rôle et espérer que son scénario soit retenu. Cette lutte des blacks pour s’imposer est l’une des deux parties intéressan­tes de cette série où les femmes jouent un rôle très important.

Beaux comme des dieux, fauchés comme les blés

Et puis, il y a la face cachée d’Hollywood. Celle qu’il ne fallait surtout pas dévoiler, à savoir que de nombreux acteurs, producteur­s, réalisateu­rs étaient gays ou de vrais gigolos. C’était tabou. C’est le deuxième aspect de la série. On a donc de jeunes acteurs en devenir, dont la plupart sont beaux comme des dieux mais fauchés comme des blés. Ils font le pied de grue devant les grilles d’Ace Studio – pour la série, les scènes extérieure­s ont été tournées dans les actuels studios de la Paramount – afin d’espérer décrocher un rôle. Mais c’est quasiment Mission Impossible. Pourtant, il faut travailler pour manger. Pour venir en aide à certains de ces jeunes, un ancien acteur, sans travail depuis un moment, engage de jolis garçons pour servir de l’essence et entretenir des voitures dans sa station-service. Mais pas que... De riches dames, un peu âgées, se garent devant les pompes et quand le serveur leur demande : « Bonjour, qu’est-ce que je peux faire pour vous ? », la réponse logique est : « Faites le plein s’il vous plaît » . Eh bien, ces dames répondent : « Je voudrais aller au paradis ». Autrement dit : faire l’amour. Elles embarquent le serveur dans leur voiture et c’est parti ! Ces dames sont riches et très influentes. Elles peuvent les aider à décrocher un rôle et faire d’eux des movie stars. Et puis, un jour, c’est un garçon timide qui arrive à la station-service. Lui aussi veut aller au paradis. Et c’est, en fait, le scénariste black (et fauché donc) qui monte dans sa voiture. Le garçon timide s’appellera plus tard Rock Hudson. Plus tard c’est-à-dire quand il aura pris Henry Wilson (interprété par Jim Parsons) comme agent. Celui-ci est très influent mais absolument insupporta­ble. En tous les cas, la série se laisse vraiment regarder d’autant plus que les acteurs sont très bons et les actrices aussi, surtout les deux dames, un peu âgées, mais également portées sur la chose. La preuve, comme le disait Coluche, qu’il y a bien deux choses qui font tourner le monde : le sexe et l’argent.

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