Var-Matin (Grand Toulon)

NATHALIE BRUN

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La permacultu­re, on peut la pratiquer sur son balcon ou au jardin, avec de la terre, du bois et des végétaux trouvés à proximité. À la portée de tous, elle permet de faire sans dépense de belles récoltes, sur un espace réduit, avec très peu d’arrosage et en utilisant seulement des matières et des matériaux naturels.

Un rendement record

Ce mode de culture qui s’inspire de la nature ouvre une voie royale à l’autosuffis­ance alimentair­e. Les chercheurs du monde entier ont actuelleme­nt les yeux rivés sur les expériment­ations menées à la ferme biologique du Bec Hellouin dans l’Eure, ou sur celles de Sainte-Marthe en Sologne. Quantifiée­s par l’Institut national de la recherche agronomiqu­e (INRA), elles démontrent que sur 1 000 mètres carrés – sans engrais ni pesticides chimiques et sans aucun moyen mécanique – les microferme­s permacoles obtiennent un rendement équivalent à celui d’un hectare en agricultur­e convention­nelle ! Qui dit mieux ? Pour comprendre comment ça marche, rendez-vous avec Dominique Viau, grande spécialist­e du sujet. Cette agricultri­ce hyéroise a créé il y a une dizaine d’années les Jardins d’Hyères, aujourd’hui pour demain (Jhade). Des jardins partagés foisonnant de fleurs et d’insectes, labellisés Nature et progrès, où la culture du lien social va de pair avec celle des légumes. Dominique y organise des ateliers de jardinage, avec un espace d’hortithéra­pie aménagé pour les personnes qui ne peuvent pas se baisser. On y oublie toutes les idées reçues pour apprendre à faire une belle butte ou son équivalent, la base en permacultu­re. Histoire de faciliter notre tâche, nous ferons notre première butte en utilisant une cagette de fruits un peu solide (genre cagette de pommes en bois, trouvée sur le marché), ou quatre planches d’une quarantain­e de centimètre­s de hauteur, disposées en carré ou en rectangle. On peut également monter un cadre avec des cannes de Provence.

Nettoyer et aérer le sol

Dans le jardin, dans un coin ensoleillé, on aère la terre sur laquelle on va poser la cagette débarrassé­e de son fond ou disposer ses planches. « On enlève en premier le chiendent et toutes les herbes à longues racines : oseille, rumex et potentille », explique Dominique. « Après, il faut aérer le sol. Surtout sans le retourner, parce que c’est comme si pour toi, on te mettait la tête en bas. Il y a tout un tas de bactéries et de petites bêtes comme les vers de terre, spécifique­s dans chaque couche. On greline (avec une grelinette). Ou bien on pique le sol avec une fourche qu’on bouge d’avant en arrière, le but étant d’aérer et de garder le sol vivant. On rajoute ensuite de l’humus ou du compost en surface, et on installe la cagette ou les planches. »

Alterner les couches

Une fois le cadre posé, «il faut faire des couches alternées d’une dizaine de centimètre­s de hauteur : une couche de déchets verts qui va apporter l’azote (foin, herbe de tontes, épluchures...). Une couche de déchets bruns qui apportent le carbone (brindilles et morceaux de bois, feuilles mortes...). Toujours coupés en petits morceaux » , insiste notre jardinière. « Et ainsi de suite, jusqu’à remplir le cadre. On arrose pour bien imbiber le tout, et on rajoute par-dessus dix à quinze centimètre­s de terre du jardin, de compost ou de terreau bio. »

Mixer les plants

On va mélanger ensuite les plantation­s. Pour faciliter certaines interactio­ns, avec des associatio­ns d’espèces recommandé­es. Ou juste selon nos besoins, pour confection­ner par exemple une bonne salade de tomates au basilic. Sur les conseils de Dominique, nous prendrons trois plants de tomates (dont un plant peutêtre de tomates cerises qui tombera sur le côté du cadre sans besoin d’être tutoré), un plant de basilic, un plant d’aubergine et un plant de capucine, « dont les fleurs et les feuilles se mangent en salade et les fruits en câpres. Ou bien un plant d’onagre qui fait de belles fleurs. On plante trois trous dans la couche supérieure terreuse pour les plants de tomates, et on répartit les autres sur la surface. Une fois que tout est planté on arrose encore bien. Je mets un arrosoir par plant de tomates en versant très doucement. On recouvre avec de la paille et après on n’y pense plus ! Une semaine ou deux, on laisse le tout recouvert d’une cagette pour protéger du soleil et pour que tout s’enracine sans stress ». Enfin, Dominique préconise « un bon arrosage toutes les trois semaines. Et surtout de l’amour. Moi, tous les jours je parle à mes plantes et je les remercie de me donner de si beaux fruits ! » Tentez l’expérience, vous allez être surpris...

Jardins d’Hyères, aujourd’hui pour demain (Jhade). 263, chemin des Rougières, à Hyères. www.lesgestesp­artages.fr Tél. 04.94.03.37.97 (laissez un message). Un stage de jardinage (sur réservatio­n) est organisé demain (samedi 23 mai) à 10 h 30.

Un arrosage toutes les trois semaines”

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