Var-Matin (Grand Toulon)

Casques d’or du Grand Prix de Monaco

Chacun à leur manière, ils ont forgé la légende de la plus prestigieu­se des courses de F1. Flash-back...

- PAR GIL LÉON

 Monaco, morne piste... Ce week-end, à l’heure d’un 78e Grand Prix tué dans l’oeuf par ce satané coronaviru­s, les rues et les quais de la Principaut­é sonneront désespérém­ent creux. Si le marché des transferts a démarré pied au plancher, le calendrier 2020 demeure une énigme. En attendant de savoir si les Formule 1 lâcheront enfin les chevaux bientôt... ou pas, enclenchon­s la marche arrière, sur les traces de cinq pilotes qui ont marqué l’histoire du monument monégasque.

AYRTON SENNA.

Il y a trente ans presque jour pour jour, ce dimanche 27 mai 1990, le Grand Prix de Monaco rime plus que jamais avec « one man show ». Au pied du Rocher, Ayrton Senna atteint le sommet de son art. Tutoie l’excellence, sûrement. La perfection, peut-être. Tous derrière et lui devant. Seul au monde pour enchaîner pole position et victoire majuscule devant la Tyrrell d’un épatant Jean Alesi, en s’octroyant le meilleur tour en course malgré l’essoufflem­ent du moteur Honda de la McLaren numéro 27 en vue du damier. Entre le phénomène brésilien et le toboggan de la Principaut­é, l’histoire d’amour ô combien fusionnell­e tiendra la distance. Six triomphes, dont cinq d’affilée, s’il vous plaît ! Une série interrompu­e par la tragédie d’Imola qui l’emportera bien trop tôt. Depuis cette sombre saison 1994, le chasseur de chrono hors pair trône en pole sur les tablettes rouges et blanches. Celui qui le dépassera est-il né ?

 LOUIS CHIRON.

Charles Leclerc en rêve. Lui l’a fait. Décrocher

la timbale à domicile. Devenir le prince du Grand Prix de Monaco. Fils du maître de l’Hôtel de Paris, chauffeur des maréchaux Foch et Pétain durant la « Grande Guerre », Louis Chiron, né en Principaut­é au crépuscule du 19e siècle - le 3 août 1899 -, ne figure pas sur la grille de départ de l’édition inaugurale, en 1929. Tout simplement parce qu’il dispute le même jour les 500 Miles d’Indianapol­is. Mais le consultant numéro 1 d’Antony Noghès lors de la genèse du tracé ne tarde pas à s’inviter au palmarès. Deux ans plus tard, il évite les pièges et échappe à l’hécatombe - 14 abandons pour imposer sa Bugatti Type 51 avec maestria. Pilote d’une longévité rare avant de troquer le casque contre la casquette de directeur de course, l’enfant du pays montera aussi sur le podium du 1er GP de Monaco estampillé F1 : 3e en 1950, sur Maserati.

 MICHAEL SCHUMACHER.

Comment oublier la première de ses cinq empreintes indélébile­s ? En 1994, dans le maelström émotionnel planétaire provoqué par la disparitio­n d’Ayrton Senna deux semaines plus tôt à Imola, Michael Schumacher assume son statut de futur crack. La pépite allemande de l’équipe Benetton honore la mémoire du seigneur des lieux fauché en pleine gloire à sa manière : pole position, puis cavalier seul en tête 78 tours durant. Autre couleur, même ardeur : trois ans plus tard (1997), celui que l’on ne va pas tarder à surnommer le « baron rouge » redore le blason d’une Scuderia Ferrari sevrée de lauriers ici depuis 1981. Et de quelle manière ! Tandis que les Williams de Jacques Villeneuve et Heinz Harald, mal chaussées (pneus slick), coulent à pic sous la pluie, il prend le large, lamine la concurrenc­e. Déjà 22’’ d’avance au 5e tour, plus de 53’’ sous le damier... « Wunderbar ! » (Magnifique !)

 GRAHAM HILL.Sa première course en F1 ? Monaco (1958). Sa dernière victoire en F1 ? Monaco (1969). Si on met d’abord en exergue le fait qu’il soit le seul et unique détenteur de la triple couronne du sport automobile - vainqueur des trois épreuves majeures, Monaco, Le Mans et Indianapol­is -, il convient de souligner que c’est surtout sur le mythique tourniquet urbain que Graham Hill a frappé les esprits. Avec cinq succès empilés dans les camps

BRM (1963, 64, 65) et Lotus (68, 69), le moustachu sujet britanniqu­e, champion du monde puissance 2 (62, 68) fut le prince des sixties. Le secret de sa réussite, outre un coup de volant hors norme : il ne mettait jamais de smoking dans sa valise pour ce déplacemen­t, par superstiti­on.

 WILLIAM GROVER.

« Les bolides se sont emparés de la ville, encerclant dans leur ronde infernale les palaces, le casino et les quais. Les avenues sont devenues des pistes dangereuse­s où chaque courbe, chaque palmier, peut se transforme­r en obstacle mortel. » L’hebdomadai­re français L’Illustrati­on plante ainsi le décor du Grand Prix de Monaco, une idée folle devenue réalité. Le 14 avril 1929, on attend le favori allemand Rudolf Carraciola mais un élégant chauffeur de maître déjoue les pronostics. Né en banlieue parisienne, de père anglais et de mère française, William Grover (26 ans), alias « Williams », met la légende en marche, bouclant les 100 tours à 80,194 km/h de moyenne au volant d’une Bugatti 35B débarquée in extremis le samedi matin. À jamais le premier...

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Graham Hill ().
Ayrton Senna (). Graham Hill ().
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Michael Schumacher ().
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Louis Chiron ().

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