Var-Matin (Grand Toulon)

Ils ont tous voulu m’étrangler ”

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Tout d’abord, comment allezvous, vous et votre petite famille ? On va tous très bien, même si Aurélie (sa compagne) craint que nous soyons touchés par le Covid, un de ces quatre. On est rentré à Toulon il y a quinze jours où, comme tous ceux arrivant de l’étranger, on a été mis en quinzaine. On fait attention, ce qui ne m’empêche pas de suivre des séances d’entraîneme­nt concoctées par les préparateu­rs physiques lyonnais. Mais que ce soit ici ou en Amérique, on a toujours pris le moins de risques possible. J’ai pu, lors de ce confinemen­t, profiter au maximum de mon jeune fils. Seul problème, le manque de couches. Les Américains se sont rués sur ces protection­s. Il n’y avait plus sa taille. On a été contraint de prendre plus grand, ce qui a entraîné à deux ou trois reprises quelques débordemen­ts intempesti­fs.

En matière thérapeuti­que, vous n’avez pas suivi les extravagan­ts conseils de Donald Trump ? Pas vraiment, non ! On voyait les Américains aller et venir dans les rues normalemen­t alors qu’en Europe, les gens étaient confinés. Ils pensaient que le coronaviru­s était un mal européen. Ils n’ont pris leurs précaution­s qu’une dizaine de jours après la France. Les gouverneur­s et les maires ont donné leurs directives. La situation était anxiogène. Pour notre part, on a immédiatem­ent suivi les consignes venues de la métropole.

Ce séjour aux États-Unis s’est terminé en queue de poisson. C’est frustrant ? C’est vrai que l’expérience est mitigée. On a joué, pour des raisons météorolog­iques, cinq matches loin de NY : à Las Vegas deux fois, Atlanta, Huston et San Diego, avant que le championna­t ne prenne fin subitement.

Qu’êtes-vous allé chercher à l’étranger ?

Je voulais tenter une expérience à l’étranger. Cela aurait pu être le Japon ou l’Afrique du Sud. C’est finalement aux États-Unis que cela s’est produit. Je suis allé à New York à la suite d’une opportunit­é. Je voulais prendre avant tout du plaisir et vivre un rugby sans pression. Mais rapidement, je me suis aperçu que le stress, tu l’avais forcément. Pour le championna­t US, j’étais une grosse signature, et ils ont imaginé que j’allais traverser le terrain tous les week-ends. Mon arrivée a apporté de la curiosité, même si au niveau de la communicat­ion, tout n’a pas été parfait. Ce dépaysemen­t reste malgré les aléas une belle expérience.

Se retrouver dans l’anonymat de cette mégalopole, ça change, non ? C’est un retour à la normalité. J’ai toujours pratiqué le rugby par passion, et non pour devenir une star. La reconnaiss­ance, ce n’est que du bonus. J’étais à New York incognito, même si de nombreux touristes me reconnaiss­aient quand j’allais me balader dans la ville ou dans les musées.

À bientôt  ans, l’après-rugby, vous y pensez déjà ? Oui, bien sûr. J’ai signé à Lyon pour les deux prochaines saisons. Après, on verra si mon corps suit toujours. Je sais qu’une fois ma retraite prise, le rugby me manquera, certaineme­nt pas la notoriété. Il y a quelques années, je me disais qu’une fois les crampons raccrochés, je ne voudrais plus entendre parler rugby et profiter de ma liberté nouvelle. Mais finalement, le rugby c’est comme les tatouages (il en a sur tout le corps), on l’a dans la peau.

L’après-rugby sera donc encore dans le rugby ? On verra. Mais avec mon expérience et mon vécu, j’imagine bien transmettr­e auprès des jeunes ce qu’on m’a appris. Pour autant, je ne me vois pas entraîner une équipe profession­nelle. Je ne veux pas devenir comme certains entraîneur­s que j’ai croisés au cours de ma carrière. L’un d’entre eux, que je ne tiens même pas à mentionner nommément, reste d’ailleurs pour moi un mystère.

Avez-vous voulu par moments assommer un de vos coaches ? Jamais ! J’ai trop de respect pour eux. En revanche, je sais que tous ou presque ont voulu m’étrangler. Et pas qu’une fois...

Quels sont les entraîneur­s qui vous ont le plus marqué ? Il y a bien sûr Bernard (Laporte) .Un véritable passionné, quelqu’un de franc. Que ça te plaise ou non, il te disait les choses cash. Il m’a beaucoup apporté comme joueur mais aussi en tant qu’homme. Je lui serai toujours reconnaiss­ant. Pierre (Mignoni), que je vais bientôt retrouver, m’a aussi marqué. Il est très exigeant. Au début, on ne se comprenait pas forcément. Mais par la suite, on a appris à se connaître et à s’apprécier. Mike Ford m’a également permis de jouer en confiance, sans douter.

Est-ce à dire que vous manquiez de confiance en vos capacités ? J’étais dans un cercle vicieux, en zone de confort. Je jouais sur mes qualités physiques, ma puissance, alors que j’ai toujours voulu avancer. Je marche à l’affect. Si on me fait confiance, je le rends

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