Var-Matin (Grand Toulon)

J’ai mes forces, mes faiblesses, mes doutes. Je n’ai jamais joué un rôle ”

- Propos recueillis par Paul MASSABO Photos : DR, P. Blanchard, L. Boutria, D. Leriche et AFP

au centuple. J’ai longtemps été agacé car j’avais toujours le sentiment qu’on ne retenait que le négatif de mes prestation­s. Aujourd’hui, ce qu’on pense de moi, je m’en fous royalement. Je sais que je ne peux pas plaire à tout le monde. À présent, je suis bien dans ma tête.

Alors que vous paraissiez régulièrem­ent bougon, on vous a vu changer du tout au tout il y a deux ans. Que s’est-il alors passé ? En , j’ai en effet changé radicaleme­nt. Il y a eu un déclic, difficile à identifier au demeurant. C’est certaineme­nt un tout qui m’a fait évoluer. J’ai grandi pour arriver, qui sait ?, à maturité.

Et quels sont les joueurs qui vous ont le plus marqué ? Dans ma jeunesse, il y avait Tana Umaga. Et au cours de ma carrière, il y a de nombreux joueurs. Je n’ai pas pris exemple sur untel ou untel, j’ai préféré piocher un peu dans chacun d’eux. Mais de tous les joueurs croisés, le plus doué, le plus complet, c’est Matt Giteau. En plus, en jouant au centre, on a pu affûter nos relations. Comme la plupart des Anglo-Saxons, il est

Vous aussi vous avez vos habitudes, vos TOC (troubles obsessionn­els compulsifs) ? Chacun travaille et prépare ses matches à sa manière. Après mes TOC (il s’est amélioré, de ce côtélà, même s’il lui reste encore à progresser, selon sa compagne), ce n’est pas un problème si ça ne devient pas une barrière. Mais c’est vrai que si, par exemple, je dois commencer à regarder une série, ça ne peut être qu’un lundi.

Certains de vos partenaire­s vous ont chambré sur ce sujet ? Bien sûr. En équipe de France, je partageais ma chambre avec Rabah (Slimani). Lorsque Guilhem (Guirado) venait nous voir, il reconnaiss­ait sans peine le lit que j’occupais. Il s’amusait même à y mettre la pagaille. Mon sac d’affaires, je le préparais dès le jeudi pour le match du samedi. C’est comme ça.

Plus aujourd’hui. Mais j’en ai eu pendant longtemps. À présent, je préfère regarder devant moi et avancer.

À quoi pouvez-vous rêver ? Je ne suis pas rêveur de nature. Après, j’ai eu la chance de réaliser quelques rêves, à commencer par l’équipe de France ou encore soulever le Brennus.

Et les titres de champion d’Europe ? Avec ma culture à la française, le rêve, ça a toujours été le Bouclier. J’ai pris conscience de la Champions Cup en la jouant. La gagner est énorme. C’est la seule compétitio­n où, dans l’hémisphère sud, on voit évoluer les Européens. À Toulon, les joueurs étrangers ont perçu l’importance du Top . Et soulever le Brennus après  mois de compétitio­n, c’est fantastiqu­e. À présent, le rêve serait d’être sacré champion de France avec Lyon, sans affronter Toulon, où est né mon fils, en finale.

Vous êtes un colosse qui sait montrer ses faiblesses.

Vous allez jouer durablemen­t e ligne avec Lyon. C’est un défi pour vous ? Je m’y suis essayé et c’est un poste que j’apprécie. C’est plutôt intéressan­t. Je n’avais aucune certitude quand j’ai commencé à Lyon en début de saison. C’est un poste important. J’avais quelques appréhensi­ons avant de commencer à ce nouveau poste. Je me suis jeté dans l’inconnu et me suis vite aperçu que c’était un autre monde, un rugby différent, une autre mentalité, un autre jeu. Tu dépenses beaucoup plus d’énergie car tu es toujours en action. Tu es dans le rouge la majeure partie du temps. Si les joueurs des lignes arrières essayaient de jouer devant, ils seraient beaucoup plus indulgents avec les gros. À ce poste, je suis comme un gosse. J’apprends tous les jours quelque chose et ça me plaît.

Vivre confortabl­ement de votre passion, c’est valorisant ? L’argent que je gagne est la conséquenc­e de mon boulot, du travail accompli à longueur d’année à l’entraîneme­nt. Plus jeune, j’étais un peu fou-fou dans ce domaine. Aujourd’hui, j’essaie d’être intelligen­t en le gérant de façon plus responsabl­e. On ne sait jamais de quoi demain sera fait...

On a pu voir que votre mère détenait, chez elle, nombre de vos reliques en vitrine. Dans un reportage, vous sembliez surpris de voir tous les trésors qu’elle possédait... Elle m’a dit que je lui avais tout donné. J’ai peut-être un peu oublié mais je crois surtout qu’elle a dû m’en chiper quelques-uns, en opérant quelques hold-up chez moi. Elle est terrible…

Aujourd’hui, ce qu’on pense de moi, je m’en fous royalement ”

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France