Résiliente inspirée, et inspirante
Unique plume des éditions Michel Lafon à avoir été publiée le 20 mai, Agnès Martin-Lugand signe Nos résiliences...Un véritable baume !
On occulte souvent la douleur des conjoints”
Résilience (définition du Larousse) : aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante, en dépit de circonstances traumatiques. En enfourchant sa moto ce soir-là, Xavier, vétérinaire, l’un des protagonistes du nouveau livre d’Agnès Martin-Lugand, ne se doutait pas qu’il serait victime d’un accident de circulation qui occasionnerait une autre blessée grave, une violoniste roulant à vélo. Par ricochet, aucun membre de leurs entourages respectifs n’en ressortira indemne. Et devra déployer des ressources insoupçonnées pour rebondir. Ou pas. D’où le titre de ce huitième roman d’Agnès Martin-Lugand, Nos résiliences :« Il a la particularité d’être au pluriel, parce qu’il y a plein de chemins vers la résilience dans ce récit. » Celui emprunté par Xavier, (qui sombre dans un abîme de culpabilité) celui suivi par son épouse Ava, qui va s’efforcer coûte que coûte de tenir les siens à bout de bras, ceux de leurs enfants, et de l’autre côté de ce mur de souffrance, l’itinéraire tout aussi douloureux de Constance, la cycliste renversée, et de son époux Sacha.
Ressortir grandi d’un marasme
Une onde de choc qui n’en finit plus de faire des dégâts. Avec pourtant la possibilité de ressortir grandi, à titre individuel aussi, de ce marasme. Comme cela sera le cas pour Ava : « Au-delà de ce que traversent son mari et son couple, souligne la romancière, elle va progresser à l’occasion de cette épreuve. En particulier dans son lien à la galerie dont elle est responsable. Elle sera enfin capable de se détacher de l’héritage de son père et de son grand-père. D’être à même de recevoir des lauriers sans éprouver le sentiment d’être dans une forme d’imposture. De devenir adulte. » C’est du point de vue de cette héroïne, celui d’une femme en lutte, même au bord de la crise de nerfs, qu’Agnès Martin-Lugand a eu envie de raconter les choses, de son écriture vive et limpide. « La douleur des victimes passe toujours au premier plan. On occulte souvent celle des conjoints. » Prévue initialement le 26 mars, la sortie de Nos résiliences, au titre étrangement d’actualité, a été différée, confinement oblige, au 20 mai. « J’ai été à la fois très frustrée, pour moi comme pour mes lectrices et lecteurs, que mon bébé, en gestation depuis des mois, ne puisse voir le jour à la date prévue. Et soulagée aussi, compte tenu du contexte général, de l’absence de passage de témoin avec les libraires contraints de fermer, que cela soit reporté. » Établie à nouveau, depuis un an, dans sa cité natale de Saint-Malo, celle qui a vendu plus de trois millions d’exemplaires de ses livres en France et à l’étranger (avec des best-sellers tels que Les gens heureux lisent et boivent du café , paru en 2012) a amorcé sa propre résilience. Sans attendre la fin du confinement, Agnès Martin-Lugand a participé à des rencontres en ligne avec ses followers de toujours. Son Happiness therapy, et un peu la nôtre aussi...