Var-Matin (Grand Toulon)

Les Français retrouvent enfin l’Italie

Chez nos voisins transalpin­s, le coronaviru­s, qui a tué plus de 33 000 personnes, a bouleversé la population. Ce qui n’a pas empêché les Azuréens et les touristes d’y retourner avec plaisir

- FLORA ZANICHELLI fzanichell­i@nicematin.fr

Un défilé continu. Des plaques qui arrivent de la France entière. Du 06 et du 83 en veux-tu en voilà mais aussi du 75 ou du 59. Hier, le poste de frontière du bord de mer à Menton avait un goût de liberté retrouvée. Celle de l’Italie et du lungomare (promenade des bords de mer) où se sont précipitée­s Sakina, Nejia et Valérie. Parties de 9 h 30 de Nice, elles goûtent à la chaleur italienne avant de s’offrir un plat de pâtes en terrasse à Latte. Lunettes de soleil et sourire jusqu’aux oreilles pour les trois copines. « Qu’est-ce qu’ils nous avaient manqué nos amis Italiens avec leur bonne humeur. » Un peu plus tôt au poste de frontière, Christelle est venue de Menton avec sa mère, Josiane. À pied. Pas de cigarettes à acheter, comme la majorité des Français qui ont traversé la frontière et dont la file s’allonge toujours plus devant le petit bar-tabac situé juste après le poste de police.

Une distanciat­ion sociale mise à mal

« Non, on est venu prendre un cappuccino. En Italie, ils ne le font comme personne et en plus... il coûte beaucoup moins cher. » Sur la route, elles ont croisé leurs amis habitués eux aussi de cette terrasse face à la mer. « C’est notre petite communauté, on se connaît, on revit. » Certains d’ailleurs, n’iront pas plus loin que le Minimarket Frontiera San Ludovico. Cécile tâte son cabas où s’entrechoqu­e le verre. « On accueille beaucoup d’amis à la maison depuis le déconfinem­ent, on se rattrape sur les apéros. » Pas de limoncello car sa fille, Mentonnais­e, « en fait un excellent » mais du porto. « Ici, tout coûte environ 20 % moins cher... Alors, on ne va pas se priver. » Dans les allées du minimarket, justement, les Français s’agglutinen­t. Parfois au mépris des règles de distanciat­ion sociale. Alessandro, qui range les produits, intervient constammen­t. « Votre masque, s’il vous plaît » ; « pas sans le masque, merci ». En Italie, le coronaviru­s, qui a fait plus de 33 000 morts, a profondéme­nt bouleversé la population. « Les sanctions, aussi, en cas de non-respect des règles et d’absence du port du masque, sont très salées », racontent les commerçant­s. Quatre cents euros minimum par tête. Dans certaines régions d’Italie, l’activité peut même être suspendue quelques jours. À la caisse, les liasses de billets passent par-dessous les protection­s en Plexiglas. « Six cartouches », demande une femme. Le client précédent est parti avec deux sacs pleins. Personne ne semble craindre les contrôles à la frontière. « Trop d’abstinence, tant pis, on prend le risque », murmure un homme. En Italie, le paquet coûte moitié moins cher qu’en France. Pour les fumeurs, la réouvertur­e de la frontière est un immense soulagemen­t.

Cigarettes, parmesan et légumes

« J’en pouvais plus, souffle Magali. Pendant le confinemen­t, je me suis arrangée, j’ai fumé des roulées, mais bon... ça va un temps. » Son panier contient aussi des biscuits. Autre denrée prisée des Français et pas des moindres : le parmigiano (parmesan). « C’est mon péché mignon », sourit Mélanie, une Niçoise d’origine mais désormais habitante des Alpes-de-Haute-Provence. Elle se rendait chez ses parents et en a profité pour faire un saut de l’autre côté de la frontière. Venue de Monaco, Anne, Québécoise, exhibe fièrement son cabas, prêt à être rempli. « Pour moi, venir ici, c’est une bouffée d’air ! Je travaille sur les yachts à Monaco, je n’en pouvais plus de voir seulement mes clients. » Alors, dès qu’elle a su pour la réouvertur­e des frontières, elle a posé une matinée : « Facile, c’est moi la patronne. Mmmh ! mes bons légumes, susurre-t-elle en serrant son panier contre son coeur. Je n’ai qu’une seule hâte : les cuisiner. »

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(Photos F. Z.) Le tabac situé juste après la frontière du bord de mer a été pris d’assaut. Magali et Michelle (à g.) y sont allées acheter des cigarettes. Quant à Christelle et Josiane (au centre), Nejia, Sakina et Valérie (à d.), elles ont profité d’un cappuccino ou d’un plat de pâtes.
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