Var-Matin (Grand Toulon)

À l’Agachon, le street-art les aide à changer d’ère

Un jour par semaine, le Centre social et culturel initie les enfants du quartier aux différente­s techniques de l’art moderne. Masqués, les artistes en herbe varient les plaisirs avec talent

- P. MICHON pmichon@nicematin.fr

« Écartez bien les bras de chaque côté. Encore, encore… Voilà c’est ça ! Maintenant, vous devez respecter cette distance avec vos petits camarades », commande Jean-Paul Radigois, animateur bénévole de l’atelier street-art. Comme chaque semaine, une demi-douzaine de jeunes pousses, âgées de 6 à 8 ans, avaient rendez-vous hier matin dans les locaux colorés du Centre social et culturel de l’Agachon. « Afin de respecter toutes les consignes de sécurité, nous avons dû diminuer de moitié le nombre d’enfants, précise l’animateur. Chaque semaine, nous avons également un rendez-vous culturel consacré aux mamans du quartier. »

Un kit par enfant

En cette journée de repos scolaire, ce sont donc les jeunes qui ont joué du crayon et du pinceau. Autour d’une longue table dressée à même le trottoir, les animateurs avaient installé une grille recouverte de cellophane, avec au milieu un plexiglass. « Nous invitions chaque enfant à se positionne­r de chaque côté du plexiglass. C’est-àdire l’un en face de l’autre derrière le plexiglass. Dans un premier temps, chacun doit dessiner la silhouette de son ou sa camarade, avant de mettre en couleurs les deux silhouette­s en vis-à-vis. » Pour réaliser cet exercice, chaque bambin a eu droit à un kit personnel à l’intérieur duquel ils trouvent masques de protection, crayons, stylos, feutres et pots de peintures. « Soit 64 pots de huit couleurs différente­s pour chaque enfant. Ce kit permet d’éviter les échanges et donc les contacts entre eux. Chaque enfant a son matériel pour s’exprimer », souligne JeanPaul Radigois, sous l’oeil bienveilla­nt de la directrice du centre social fréjusien, Sandrine Montagard. N’ayant visiblemen­t pas trop l’habitude de porter un masque et de composer avec les gestes barrières, les animateurs veillent au grain afin que les consignes élémentair­es de sécurité entrent définitive­ment dans les moeurs de ces artistes en herbe.

Un thème par semaine

« C’est tout nouveau pour eux, il faut leur laisser le temps de s’adapter à ces nouvelles règles », avance Jean-Paul Radigois avant de faire un état des lieux du travail réalisé ces derniers mois. Excepté la façade de l’entrée du bâtiment, chaque mur du centre social est recouvert d’une fresque géante multicolor­e. « Ce travail collectif a permis aux enfants de découvrir qui étaient Picasso, Modigliani, Fernand Léger ou Miro. Il leur en restera toujours quelque chose pour les années futures, affirme, sous son masque blanc, l’animateur maison. Afin de varier les plaisirs, chaque semaine nous proposons aux enfants une thématique et une technique différente. Argile, modelage ou fusain cela permet de toucher un peu à tout… » Visiblemen­t, ces cours d’éducation culturelle font des émules chez ces jeunes habitants du quartier fréjusien. Chacun y va de sa technique balbutiant­e et de son imaginatio­n débordante pour, au bout du compte, rendre des dessins aussi créatifs qu’originaux. À l’Agachon, le talent n’attend pas le nombre des années…

 ?? (Photo P. M.) ?? Avant de passer à la partie coloriage, les enfants de l’Agachon prennent leurs distances et se familiaris­ent ainsi avec les gestes barrières.
(Photo P. M.) Avant de passer à la partie coloriage, les enfants de l’Agachon prennent leurs distances et se familiaris­ent ainsi avec les gestes barrières.

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