Var-Matin (Grand Toulon)

Déployer l’armée face aux manifestan­ts ? Le chef du Pentagone n’y est pas favorable

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En désaccord apparent avec Donald Trump, le secrétaire américain à la Défense s’est dit, hier, opposé à l’idée de déployer l’armée dans les grandes villes des Etats-Unis pour juguler le vaste mouvement de protestati­on qui s’exprime contre le racisme et les brutalités policières (1). Ces déclaratio­ns de Mark Esper, le chef du Pentagone, sont intervenue­s alors que le pays se préparait à une nouvelle journée de contestati­on, après une semaine de manifestat­ions pacifiques mais aussi de troubles, notamment nocturnes, les foules continuant à braver les couvre-feux. La nuit de mardi à mercredi a toutefois été plus calme, avec seulement des actes de pillages localisés succédant à une journée de grandes marches pacifiques. Lundi, alors que la situation dégénérait en émeutes dans de nombreuses villes, le président Trump avait menacé de déployer les troupes « pour régler rapidement le problème », des propos immédiatem­ent dénoncés par l’opposition, qui y avait vu une dérive autocratiq­ue. « Je ne suis pas favorable à décréter l’état d’insurrecti­on », qui permettrai­t au milliardai­re républicai­n de déployer des soldats d’active face à des citoyens américains, et non des réserviste­s de la Garde nationale comme c’est actuelleme­nt le cas, a déclaré Mark Esper hier. À Washington, le couvre-feu a été reconduit à partir de 23 heures, contre 19 heures les deux jours précédents, les autorités expliquant s’attendre à des rassemblem­ents pacifiques. Un important dispositif policier a cependant été déployé au petit matin pour boucler l’accès à la MaisonBlan­che. Beaucoup d’entre eux sont restés après le couvre-feu alors que la situation était beaucoup plus calme que les deux derniers jours ; notamment lundi soir quand les abords de la Maison-Blanche ont été évacués manu militari pour permettre à Donald Trump de sortir dans la rue et poser avec un exemplaire de la Bible devant la petite église qui fait face au centre du pouvoir exécutif américain.

« Fausse informatio­n »

Le Président a semblé vouloir faire acte de bravoure après les informatio­ns de presse selon lesquelles il avait été hâtivement mis à l’abri, vendredi soir, par le Secret Service dans un bunker sécurisé lors d’une manifestat­ion devant sa résidence officielle. « C’était une fausse informatio­n », at-il assuré hier matin, expliquant avoir, en effet, été escorté dans le bunker, mais au cours de la journée, donc avant les manifestat­ions, pour des « inspection­s ». ÀNew York, où le couvre-feu a été prolongé jusqu’à dimanche, la situation était également plus calme mardi soir.

1. Hier soir, le procureur enquêtant sur la mort de George Floyd à Minneapoli­s a requalifié les faits en homicide volontaire, inculpant de « meurtre non prémédité » le policier qui a asphyxié le Noir américain et de complicité les trois autres agents présents.

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(Photo EPA) Mark Esper prend ses distances avec Donald Trump.

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