Après l'incendie de Lubrizol, l'Etat montré du doigt par le Sénat
Suivi sanitaire « problématique »,« manque de volonté manifeste » : la commission d'enquête du Sénat sur le spectaculaire incendie de Lubrizol de Caen le 26 septembre 2019, dénonce « des angles morts inacceptables » dans la prévention des risques industriels en France. Elle épingle au passage le gouvernement et en particulier l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, dans un rapport publié hier. Le« suivi sanitaire »aété«à la fois tardif et incomplet », écrivent les rapporteurs Christine Bonfanti-Dossat (LR) et Nicole Bonnefoy (PS) dans leurs conclusions sur cet « accident industriel majeur », sans victime « apparente ». L'incendie, survenu le 26 septembre sur le site Seveso seuil haut de Caen, avait provoqué un immense nuage de fumée noire de 22 km de long avec des retombées de suie jusque dans les Hauts-de-France. Près de 9 505 tonnes de produits chimiques avaient brûlé dans cette usine de lubrifiants automobiles et sur le site voisin de Normandie Logistique.
« Clairement pas sérieux »
Les sénatrices dénoncent la décision du ministre de l'Agriculture « prise dans l'urgence le 11 octobre »de lever l'interdiction de vente du lait produit dans plus de 200 communes. Cette décision prise « trois jours avant la publication du premier avis des autorités sanitaires, paraît prématurée », selon le rapport. La ministre de la Transition écologique et solidaire n'est pas en reste. Son objectif
« d'augmentation de 50 % des contrôles d'ici à 2022 à effectifs constants n'est clairement pas sérieux »selonle président centriste de la commission Hervé Maurey.
Car « depuis quinze ans, le nombre de contrôles des sites industriels classés a pratiquement été divisé par deux », précise le rapport. Pour les sénatrices, il faut « renforcer les moyens humains et financiers consacrés » à la prévention. Les élues du Sénat relèvent en outre « le nombre réduit de sanctions prononcées, leur faiblesse et le taux de classement sans suite plus élevé pour les infractions environnementales que pour la moyenne ». Cela est « perçu par certains observateurs comme le signe d'une forme d'indulgence des pouvoirs publics vis-à-vis des industries », poursuivent-elles. Selon Nicole Bonnefoy, les « amendes doivent être révisées » à la hausse.