Var-Matin (Grand Toulon)

Les députés examinent un hypothétiq­ue report

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Pour se « préparer à tous les scénarios », l’Assemblée nationale a examiné, hier, un projet de loi permettant à la fois le report du second tour des municipale­s en cas de regain de l’épidémie de coronaviru­s et un vote par procuratio­n facilité s’il a bien lieu le 28 juin. Le vote du texte a lui-même été reporté in extremis à lundi pour éviter toute insécurité juridique, dans l’attente d’un avis de... l’assemblée de Nouvelle-Calédonie. Cet « ultime rebondisse­ment » est une illustrati­on de la « précipitat­ion » du gouverneme­nt selon LR, et de sa « gestion hasardeuse » d’après LFI.

Au Sénat mercredi

Le projet de loi, qui doit aussi être examiné au Sénat en première lecture mercredi, a néanmoins été assez largement soutenu, à droite comme à gauche, malgré quelques bémols sur un contrôle parlementa­ire déficient ou des procuratio­ns pas suffisamme­nt assouplies. Il s’agit avec ce texte d’« anticiper, prévoir, adapter » et se « préparer à tous les scénarios », a avancé le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Les députés ont prévu la possibilit­é pour un même mandataire de disposer de deux procuratio­ns au lieu d’une. Ainsi, les personnes à risque ne souhaitant pas se déplacer jusqu’aux bureaux de vote – où le masque sera obligatoir­e – pourront plus facilement donner délégation. Le mandataire devra toutefois être inscrit dans la même commune que l’électeur donnant sa procuratio­n, contrairem­ent au souhait de certains dans l’opposition. Pas contre sur le fond, Christophe Castaner a expliqué que cela ne pourra être possible en pratique qu’à partir de 2022. Il n’est pas question cependant d’autoriser le vote électroniq­ue à distance ou par correspond­ance : ils ne sont pas suffisamme­nt sécurisés. L’envoi postal nécessiter­ait des conditions sanitaires dans les bureaux de poste aussi élevées que dans les bureaux de vote, justifient les « marcheurs ». Alors que des députés réclamaien­t de « déconfiner » la campagne électorale, qui ne peut selon eux se tenir seulement sur les réseaux sociaux, le ministre a indiqué que des réunions publiques seront possibles. Un total de 157 632 candidats sont en lice, selon les chiffres diffusés hier. Le projet de loi prévoit, « si la situation sanitaire ne permet pas l’organisati­on du second tour en juin 2020 », d’annuler le premier tour pour les 5 000 communes concernées, représenta­nt 16,5 millions d’électeurs. Et d’organiser un nouveau scrutin à deux tours au plus tard en janvier 2021.

Annulation locale en cas de « cluster »

La décision d’un éventuel report sera prise après deux nouveaux avis du Conseil scientifiq­ue, les 8 et 14 juin. La majorité ne croit pas en une dégradatio­n d’ici à la fin juin. « C’est rare de voter une loi qui ne s’appliquera pas ! », s’exclame un député LREM qui a bon espoir, au vu des derniers chiffres dans les hôpitaux et de l’accélérati­on du déconfinem­ent. Un amendement du gouverneme­nt validé en séance prévoit la possibilit­é d’annuler localement le second tour en cas de « clusters », « une sécurité complément­aire » selon le ministre de l’Intérieur mais « une usine à gaz » d’après Eric Coquerel (LFI). Cela ne pourra concerner au maximum que 5 % des communes. Le projet de loi prévoit en outre le report au plus tard à mai 2021 des élections consulaire­s qui devaient se tenir en mai de cette année pour les Français établis hors de France.

Accords finalisés dans des métropoles

En revanche, des accords ont été finalisés dans plusieurs grandes métropoles : là où EELV avait fait de meilleurs scores au premier tour, les têtes de liste sont EELV (Bordeaux, Toulouse, Besançon ou Marseille). Là ou le PS est déjà bien implanté – Rouen, Nantes, Rennes... – ce sont les socialiste­s qui mènent le jeu. Dopés par leurs bons résultats aux européenne­s de  et au premier tour des municipale­s (, % des voix dans les villes de plus de   habitants, contre , % en ), EELV n’entend plus jouer les supplétifs des socialiste­s comme par le passé et postule clairement, aujourd’hui, « au leadership à gauche », selon les politologu­es et enseignant­s à Sciences-po Grenoble, Florence Gougou et Simon Persico. Mieux encore, le  mars dernier, EELV a remporté , % des voix (contre , % en ) quand le parti avait la tête de liste.

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(Photo AFP)

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