Var-Matin (Grand Toulon)

Stéphanie Poiret sort d’un lourd silence

- RAPHAËL COIFFIER

A chaque match du RCT, sa voix résonne à Mayol. Allume la mèche d’un pétard prêt à exploser. Pourtant rien ne prédestina­it Stéphanie Poiret à endosser ce costume de maître de cérémonie. Tout du moins dans l’antre toulonnais­e... Mais un tragique accident de la circulatio­n en a décidé autrement. Coûtant la vie à Shéhérazad­e, voix en rouge et noir, et son amie Loreleï, un sombre jour de 2013. A Bormes...

Déjà huit ans de passion

Personne, bien sûr, n’a oublié ce drame. A commencer par celle qui allait lui succéder. Dans des conditions empreintes d’émotions. Pesantes... Stéphanie a fait face. Reprenant le micro à la volée. « Parce que Mourad (Boudjellal) voulait une femme à ce poste... » Banco ! Peu expériment­ée en la matière, elle s’est envoyée lors d’un essai et deux matches amicaux. Séduisant son auditoire. La liaison dure maintenant depuis 8 ans. « C’est une passion. Je ne me lasse pas. Surtout que le RCT est mon club de coeur. Quand je prends le micro, j’ai des frissons. Du stress aussi... » Dépassé à chaque essai. Enfin quand il est dans le bon sens. Qu’il tire sur ses cordes vocales devenues familières aux supporters... « Et dire que j’ai horreur de ma voix ! Je ne l’ai jamais aimée. Je fais avec et je parle à la sudiste... » Avec une fougue communicat­ive, maîtrisée pour ne pas dépasser les bornes. Même si elle aimerait en donner plus pour que se lèvent les foules. Las, depuis mars, la viceprésid­ente de l’ASMC (associatio­n des speakers et maîtres de cérémonie) s’est tue. Les grilles du temple sont fermées. La douce folie du spectacle évanouie.

Des propositio­ns aux ligues et fédés

« Depuis la crise sanitaire, c’est compliqué. Nous avons tous arrêtés de travailler et nous ne savons pas quand nous allons reprendre. Pour ceux qui ne vivent que des événements, c’est difficile. Ils n’ont plus de revenus... » L’ASMC a donc pris le problème à bras le corps. S’échine à trouver des solutions pour sortir sa centaine d’adhérents de l’impasse, certes provisoire, mais ô combien préjudicia­ble au quotidien. « Déjà, nous espérons que les championna­ts vont reprendre. Et si cela doit être à huis clos, il est impératif que nous soyons de la partie. Pour apporter de l’ambiance, une âme aux rencontres. Nous avons ainsi fait passer le message aux ligues, aux fédération­s. Nous avons fait des propositio­ns... »

Dans l’attente d’un retour, tous se serrent les coudes. Reprenant en choeur les mots de Jérôme Gallo, président fondateur de l’ASMC : « Vous avez besoin de notre voix, nous avons de la vôtre ». Puissent-ils être entendus pour ne pas être les oubliés du grand show...

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