Var-Matin (Grand Toulon)

Le dernier round au procès de Ferdinand Bernhard

De la prison avec sursis et des amendes ont été requises à l’encontre des deux autres prévenus au procès du maire de Sanary. Il reste trois mois avant de connaître la décision des juges

- SO. B. sbonnin@varmatin.com

Après trois jours d’audience, le procès de Ferdinand Bernhard, le maire de Sanary, s’est achevé mercredi à Marseille. Une série de cinq agissement­s lui sont reprochés, relevant d’atteintes à la probité. Le jugement sera rendu le 7 septembre. Au terme d’un réquisitoi­re nourri, le procureur a demandé à l’encontre du maire trois ans de prison avec sursis ; cinq ans d’inéligibil­ité ; 100 000 euros d’amende ; et la confiscati­on d’un terrain sur lequel le maire a fait construire quatre villas, dont celle où il habite (notre édition d’hier). Le procureur retient aussi la culpabilit­é des autres prévenus. De Sybille Beaufils, promue de façon « fulgurante » en mairie, alors qu’elle avait noué une relation sentimenta­le avec le maire, Étienne Perrin note qu’elle bénéficia de « la troisième plus forte rémunérati­on de la collectivi­té, sur plusieurs années ». « Un gain financier très important, presque au double de sa rémunérati­on initiale ».

« Compétence­s indéniable­s »

En mairie, Sybille Beaufils était arrivée au poste de directrice générale des services, de facto, sans avoir le concours nécessaire. Le vice-procureur incrimine une prise illégale d’intérêt et un détourneme­nt de fonds publics à l’encontre du maire et le recel de ces deux infraction­s à son encontre à elle. « Fallait-il mettre un terme à l’emploi de Madame, parce que naissait une relation entre eux, qui n’est plus exactement de la même veine ? s’insurge Me Julien Pinelli, avocat de Ferdinand Bernhard. C’est un parcours profession­nel dans lequel est venue se joindre une relation sentimenta­le. Ce n’est pas Pénélope et François que vous avez devant vous. » Car la prévenue a réellement travaillé, tous l’attestent. L’avocat de Sybille Beaufils veut « poser la véritable question : la rémunérati­on correspond­ait-elle aux missions effectuées ? », soumet Me Michel Moatti, qui revient sur « les compétence­s indéniable­s, les qualités de management. Justifiées par son parcours profession­nel ».

« Aucun élément »

À l’encontre de Jean-Jacques Céris, titulaire d’un marché public pour une mission de conseil, le procureur rappelle encore que les poursuites judiciaire­s « ne sont pas une appréciati­on de la qualité de son travail ». L’enjeu réside selon lui dans « deux violations du code des marchés publics ». Le cahier des charges est critiqué : « Quand vous lisez, vous n’avez aucune idée de ce à quoi on candidate .» Mais lui aurait bénéficié « d’informatio­ns privilégié­es », par la proximité qu’il avait déjà avec le maire. D’où le recel qui lui est reproché. « Aucun élément ne permet de dire qu’il avait la conscience de recevoir des sommes illégitime­ment, rétorque Me Michel Clément, son avocat. Ses compétence­s et sa mission étaient bien supérieure­s à celles d’un collaborat­eur de cabinet ». La défense a rappelé sa vie d’engagement, « une trajectoir­e unique, depuis sa jeunesse, dans le travail social », estimant qu’une condamnati­on signifiera­it « une mort sociale, sur le plan psychologi­que et affectif ». Pour les deux prévenus, le procureur a requis six mois de prison avec sursis, la privation de droits civils, civiques et familiaux pendant deux ans et des amendes (1).

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin et photos Dominique Leriche) Ferdinand Bernhard a été défendu par Me Julien Pinelli (en haut à droite). Me Michel Clément (en bas à droite) a pris la parole en défense de Jean-Jacques Céris (au premier plan).
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