Dijon : l’incroyable expédition punitive
Lourdement armés, des membres de la communauté tchétchène sont venus venger l’un des leurs agressé par des jeunes d’une cité
Fallait-il intervenir plus tôt et plus fort après les inédites opérations de représailles de Tchétchènes à Dijon ? Les pouvoirs publics se défendent de tout laxisme, alors que le maire de la ville plaide pour un renforcement de la présence policière. Venu sur place assurer les policiers de son soutien, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a promis, hier, « une réponse extrêmement ferme » après les incidents qui ont secoué ce week-end une ville généralement paisible.
Etrangers expulsés
Hier soir on apprenait qu’une procédure d’expulsion serait engagée envers tout étranger impliqué dans ces violences: « Si des étrangers sont impliqués dans des troubles à l'ordre public, nous examinerons systématiquement, dans le respect des procédures administratives et le cas échéant judiciaires, la possibilité de les expulser », a déclaré le
ministère de l’Intérieur. «Je veux passer un message très clair aux voyous que nous avons vu exhiber des armes [.. ): notre réponse sera extrêmement ferme », a lancé le secrétaire d’Etat à sa sortie du commissariat. « Mardi soir [lire hier soir, ndlr], « il y aura à Dijon deux unités de forces mobiles », soit près de 150 fonctionnaires ou militaires de la gendarmerie en plus des effectifs locaux, a-t-il ajouté, précisant qu’« ils seront présents autant de fois qu’il le faudra ». Lundi, un renfort de 110 mobiles avait déjà été dépêché. Laurent
Nuñez s’est par ailleurs dit « très fier » de l’action des forces de l’ordre. « Les forces de l’ordre ne sont pas restées en retrait ; c’est complètement inexact ! » Dans la nuit, le préfet de Bourgogne-Franche-Comté Bernard Schmeltz s’était déjà défendu de tout laxisme. « Encadrer et encercler pour éviter les exactions : c’était la seule stratégie praticable », avait-il déclaré. « Les populations n’ont en aucun cas été abandonnées », a assuré le représentant de l’Etat, après des interrogations sur la passivité des forces de l’ordre lors des trois expéditions punitives menées vendredi, samedi et dimanche soir par des Tchétchènes voulant venger l’agression d’un des leurs. Lundi, de nouveaux incidents ont éclaté dans le quartier des Grésilles, mais sans implication de Tchétchènes, selon les premières constatations.
« Le risque d’aller au clash »
Des véhicules et poubelles ont été brûlés, une équipe de France 3 Bourgogne agressée (elle a porté plainte) ainsi qu’un autre conducteur, selon la préfecture. Quatre personnes ont été interpellées. Le maire socialiste sortant de Dijon, François Rebsamen, a dénoncé le manque de moyens des policiers, face à quelque 200 Tchétchènes, munis de barres de fer, battes de baseball et parfois d’armes à feu. Et à Dijon, on craint que les scènes du week-end ne déclenchent un embrasement des banlieues.