« Le plan de relance européen est un pacte en faveur des générations à venir... »
Sandro Gozi, député européen et ancien secrétaire d’Etat italien aux Affaires européennes
Ancien secrétaire d’Etat italien aux Affaires européennes de 2014 à 2018, Sandro Gozi a été élu député européen sur la liste Renaissance de Nathalie Loiseau l’an dernier. Avec Younous Omarjee qui est, lui, député européen de gauche depuis 2012, il participera ce vendredi de 18 h à 19 h 30 à un débat Web
(1) organisé par le Mouvement européen et Nice-Matin sur le thème « Quel avenir pour l’espace Schengen et la coopération transfrontalière après la Covid-19 ? ».
Diriez-vous qu’après des débuts laborieux, l’Union européenne a fini par se ressaisir face à la crise ? Absolument. Tout le monde, y compris l’Union européenne, a été pris au dépourvu au départ. Les Etats européens se sont d’abord refermés sur eux-mêmes et les frontières ont réapparu, sans aucune coopération. Nous avons eu un aperçu de ce que serait l’Europe si les nationalistes y étaient au pouvoir partout. Mais après ces débuts balbutiants, l’Europe a été là. A l’inverse de la crise financière ou de la crise migratoire, elle est intervenue à temps avec une réponse sans précédent qui laisse bien augurer de l’avenir.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que la souveraineté appartient aux nations et qu’il ne peut y avoir de souveraineté supranationale européenne ? C’est un schéma du XIXe siècle. La démocratie ou la souveraineté n’ont pas besoin d’un seul peuple.
Les peuples italien, français ou allemand sont très différents entre eux. Mais cela n’empêche pas que plusieurs peuples décident ensemble d’être souverains à l’échelle européenne. L’idée que la souveraineté n’est tenable qu’au niveau national est démentie par la réalité : si nous voulons reprendre le contrôle sur des défis transnationaux comme les virus, le climat ou le numérique, cela ne pourra se faire qu’en bâtissant une souveraineté européenne, et de façon démocratique, en donnant un rôle important au Parlement européen et en inventant de nouvelles formes de participation des citoyens européens. L’équation stricte un peuple - une démocratie une souveraineté est dépassée !
Le plan de relance économique de milliards ne risque-t-il pas d’être une usine à gaz où chaque pays va tenter de tirer la couverture à lui ? Ce risque existe toujours. Le fait que ce soit la Commission européenne qui gère cette aide, plutôt qu’un nouveau « machin » ingérable, est déjà positif. Et puis le mécanisme est clair : il s’agit de créer une nouvelle politique commune pour la reconstruction économique et sanitaire, la transformation numérique et écologique. C’est une nouvelle politique de cohésion. Ce qui est important, c’est l’idée de dette commune européenne. Elle implique que nous allions chercher les ressources nécessaires à la relance et que nous recommencions à nous faire confiance les uns les autres. De ce point de vue, l’entente franco-allemande est essentielle. Cette aide est aussi un pacte pour les générations à venir. Nous devons démontrer que les bénéfices économiques et écologiques de l’Europe seront tels que nous sommes prêts à nous endetter pour cela. Je suis confiant dans un accord en juillet. C’est à la jeunesse qu’il faut penser.