Var-Matin (Grand Toulon)

Déconfiné, le marché repart à la hausse

Président varois de la Fédération de l’immobilier, David Garavagno évoque les difficulté­s auxquelles les profession­nels de la Métropole espèrent vite tourner le dos, un mois après le déconfinem­ent

- PROPOS RECUEILLIS PARV.R. vrabisse@varmatin.com

Déconfiné depuis un mois, le marché de l’immobilier reprend déjà des couleurs sur le secteur de Toulon - Provence Méditerran­ée. Des couleurs vives. C’est ce qu’assure David Garavagno, président varois de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim). Il revient sur les semaines de confinemen­ts et les perspectiv­es d’avenir du marché.

Comment le marché immobilier du secteur Toulon - Provence Méditerran­ée a-t-il réagi au confinemen­t ? Dans les premiers jours, le marché est resté en « roue libre ». C’est-à-dire qu’il y avait des démarches en cours. Nous avons donc pu travailler encore quelques dossiers : ceux par exemple de clients qui avaient déjà visité des biens avant le mardi  mars. Les compromis ont pu être validés grâce à la signature électroniq­ue. La digitalisa­tion de nos métiers, c’est quelque chose à quoi nous travaillio­ns déjà avant le confinemen­t, donc certains étaient déjà équipés ; d’autres ont dû le faire : le phénomène covid est venu accélérer cette transforma­tion. D’ailleurs, même post-confinemen­t, la signature électroniq­ue reste utilisée. Mais pour la signature des actes définitifs, les notaires ont dû prendre le relais et se sont eux aussi équipés en urgence. Sans ça, nous avions un chiffre d’affaires dormant. Après, une fois cette première période passée, comme il n’y avait plus de visites, on a tout simplement appuyé sur le bouton « pause ». On estime que la réduction d’activité a été de l’ordre de %!

Depuis maintenant un mois de déconfinem­ent, constatez-vous une reprise et si oui de quelle importance ? Ça reprend très fort et de façon généralisé­e, quel que soit le territoire : on a réappuyé sur le bouton « play » et on a un afflux massif d’acquéreurs, avec les clients du mois de mai, mais aussi beaucoup de ceux qu’on aurait dû avoir en mars et avril. Il faut aussi noter qu’habituelle­ment, un tiers des acquéreurs ont un projet en gestation ; un tiers, plus abouti ; un tiers est prêt à signer. Aujourd’hui, deux tiers des projets sont déjà bien élaborés : le confinemen­t a permis de se poser, de savoir ce qu’on cherche, ce qu’on peut financer. Bien sûr, on ne rattrapera jamais la totalité de ce qui a été perdu, mais on table sur un rattrapage de l’ordre de  %.

Et ceci concerne les locations de la même manière ? C’est même je crois encore plus tonique ! Je pense que le rattrapage pourrait tourner autour de  %. Il faut dire que le coup d’arrêt a peut-être été encore plus rude : autant on pouvait faire des signatures électroniq­ues pour les ventes, autant on ne pouvait pas faire d’état des lieux pour faire rentrer les locataires.

Le territoire de TPM présente-t-il des spécificit­és par rapport aux autres secteurs varois ? Au moins une, mais qui n’a rien à voir avec la crise sanitaire : la réélection au premier tour d’Hubert Falco à Toulon. C’est un gage de sérénité et de perspectiv­e, un signal très fort : ça veut dire qu’il n’y a pas d’incertitud­e sur la commune, donc les investisse­urs, les travaux et les marchés publics, les appels d’offres ont pu reprendre plus vite qu’ailleurs. C’est un élément important dans le moral des ménages. Un autre aspect positif sur la Métropole et particuliè­rement Toulon, c’est sa clientèle qui représente un bassin de candidats à la location ou la transactio­n plus important qu’ailleurs. Du fait du nombre de sa population, bien sûr, mais aussi des catégories socioprofe­ssionnelle­s. La Métropole compte en effet beaucoup de profession­s apparentée­s à des fonctionna­ires : dans les services, la Marine, les hôpitaux. Pour les prêts immobilier­s, c’est assez important : à l’heure où les banques resserrent un peu l’accession aux crédits, ces profils-là sont moins sensibles à des refus de prêts, que d’autres qui auraient eu du chômage partiel et donc des baisses de revenus. Là-dessus, la Métropole peut tirer son épingle du jeu. C’est une question d’écosystème.

Le type de bien a-t-il évolué suite au confinemen­t ? Si vous pensez au fait que les gens cherchent, après le confinemen­t, un bien avec jardin, une grande terrasse, ce n’est pas plus le cas que d’habitude. Cet effet-là, ici, on le connaît chaque année à la même période. En revanche, certains biens, notamment sur la Métropole peuvent avoir des variations de prix un peu à la hausse lorsqu’ils bénéficien­t d’un beau jardin, d’un bel extérieur. En dehors de ça, les prix sont plutôt stables.

Voit-on arriver une clientèle venue d’ailleurs en France plus nombreuse qu’auparavant ? Non, on n’a pas encore eu d’afflux de ce type, mais c’est vrai que les déplacemen­ts à plus de  kilomètres ne sont permis que depuis deux semaines…, donc il faudra voir. Cependant, on constate qu’habituelle­ment juillet août ne sont pas les meilleurs mois pour nous. Or là, on soupçonne qu’il va y avoir un décalage de saison et qu’on va continuer à travailler en juillet août, comme si on était en mai juin : du fait notamment des difficulté­s à partir à l’étranger, les vacances vont s’organiser autrement et les projets de résidences secondaire­s vont peut-être voir le jour à ce moment-là. Mais c’est mon intime conviction, une projection.

 ?? (Photos V. R.) ?? « Ça reprend très fort », assure David Garavagno (en médaillon), président varois de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim).
(Photos V. R.) « Ça reprend très fort », assure David Garavagno (en médaillon), président varois de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim).

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