Incident à l’arsenal : pourquoi les riverains n’ont pas été alertés
En bord de rade de Toulon, la proximité du porte-avions et des sous-marins est synonyme de présence nucléaire. Vendredi dernier, l’incendie de la Perle a ravivé la crainte d’un événement radioactif
L’incendie d’un sous-marin nucléaire d’attaque apparaît typiquement comme le genre d’incident susceptible de provoquer le déclenchement du plan particulier d’intervention (PPI) du port militaire de Toulon. Celui-ci a en effet pour objectif de protéger les populations au cas où elles seraient menacées par un accident nucléaire. Il concerne les phénomènes à cinétique lente, c’est-à-dire qui laissent suffisamment de temps pour que les dispositions prises dans le cadre des plans de secours assurent la mise à l’abri de la population. Vendredi dernier, alors qu’au coeur de la base navale le sous-marin Perle était en proie aux flammes, ce plan n’a cependant pas été déclenché. « L’évènement était un incendie sur un SNA, un incident industriel et non un accident à caractère nucléaire », explique la préfecture du Var, garante de la mise en place du PPI, et qui indique avoir reçu très vite la confirmation « de la part des autorités militaires qu’aucun combustible nucléaire n’était à bord ».
« Traumatisant »
La préfecture maritime avait en effet immédiatement précisé que ce combustible avait « été retiré dans le cadre de l’arrêt technique (le SNA était en cale sèche depuis le 13 janvier dernier, Ndlr) ». Il n’y avait ainsi pas non plus « d’armes (missiles, torpilles, munitions), ni batteries à bord ». Le préfet a toutefois activé le centre opérationnel départemental en mode « veille », tandis que la base navale déclenchait son plan d’urgence interne. De quoi provoquer sinon le lancement du PPI, au moins l’inquiétude des riverains. À l’instar de Claude Fontaine, voisin de l’arsenal et résident de Bon-Rencontre. « Cet événement a été traumatisant car, mieux qu’un exercice, il nous a permis de nous rendre compte, par la fumée et l’odeur, de la réalité de la pollution induite par un incident ayant lieu très précisément dans la zone des sous- marins nucléaires et par vent d’est », explique-t-il. Si les fumées dégagées par le sinistre se sont vite révélées sans toxicité, le danger nucléaire rapidement écarté, ainsi que le confirme l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, organisme indépendant, cet habitant reste circonspect.
Écoliers mis à l’abri
« Pourquoi dans ce cas avoir mis des écoles préventivement à l'abri ? », s’interroge ce Toulonnais, retraité de l’ex-direction départementale de l’Équipement. En effet, les élèves et personnels des écoles maternelle et élémentaire Sandro, de la maternelle et de l’élémentaire Rivière-Neuve, ainsi que de l’école élémentaire Malbousquet ont été confinés. « Il s’agit de mesures réflexes dans le cadre de la mise en oeuvre de leur plan particulier de mise en sûreté, répond la préfecture. La direction académique des services de l’Éducation nationale a signalé à la préfecture que les écoles gardaient les élèves à l’intérieur des locaux. Au vu des résultats de l’étude des fumées par relevé atmosphérique, la décision de procéder à la sortie des classes a été prise. »
Mais quid de la population générale, insiste Claude Fontaine : « Ça aurait été bien qu’une communication officielle nous dise qu’on ne craignait rien, alors qu’on a été soumis à ces fumées toute la journée… »
Twitter en alerte
En réalité, des messages ont bel et bien été diffusés. « Les autorités militaires ont émis deux communiqués de presse et tweeté sur l’événement. Ces derniers ont été relayés par la préfecture de département », rappellent les services de l’État. Et de préciser : « L’absence de pollution significative liée à cet incendie a été mentionnée dans un tweet de la préfecture du Var le 12 juin à 19 h 53. »
« Ça veut dire qu’il faut être inscrit sur Twitter ? », s’agace Claude Fontaine. Qu’il se rassure toutefois : en cas de danger lié à un incident nucléaire, lui et ses voisins seraient alertés bien plus largement. Si une menace radioactive devait
se présenter, « le préfet utiliserait tous les moyens d’informations existants pour alerter la population et donner les consignes à suivre : les sirènes, la télévision, la radio, les véhicules avec haut-parleurs des pompiers… ». L’ensemble donnant aux habitants toutes les consignes nécessaires afin de rester sain et sauf.
Toutes les dispositions prévues par le plan particulier d’intervention du port militaire de Toulon sont disponibles sur le site de la préfecture du Var, via l’adresse ppitoulon.net