Var-Matin (Grand Toulon)

Incident à l’arsenal : pourquoi les riverains n’ont pas été alertés

En bord de rade de Toulon, la proximité du porte-avions et des sous-marins est synonyme de présence nucléaire. Vendredi dernier, l’incendie de la Perle a ravivé la crainte d’un événement radioactif

- VIRGINIE RABISSE vrabisse@varmatin.com

L’incendie d’un sous-marin nucléaire d’attaque apparaît typiquemen­t comme le genre d’incident susceptibl­e de provoquer le déclenchem­ent du plan particulie­r d’interventi­on (PPI) du port militaire de Toulon. Celui-ci a en effet pour objectif de protéger les population­s au cas où elles seraient menacées par un accident nucléaire. Il concerne les phénomènes à cinétique lente, c’est-à-dire qui laissent suffisamme­nt de temps pour que les dispositio­ns prises dans le cadre des plans de secours assurent la mise à l’abri de la population. Vendredi dernier, alors qu’au coeur de la base navale le sous-marin Perle était en proie aux flammes, ce plan n’a cependant pas été déclenché. « L’évènement était un incendie sur un SNA, un incident industriel et non un accident à caractère nucléaire », explique la préfecture du Var, garante de la mise en place du PPI, et qui indique avoir reçu très vite la confirmati­on « de la part des autorités militaires qu’aucun combustibl­e nucléaire n’était à bord ».

« Traumatisa­nt »

La préfecture maritime avait en effet immédiatem­ent précisé que ce combustibl­e avait « été retiré dans le cadre de l’arrêt technique (le SNA était en cale sèche depuis le 13 janvier dernier, Ndlr) ». Il n’y avait ainsi pas non plus « d’armes (missiles, torpilles, munitions), ni batteries à bord ». Le préfet a toutefois activé le centre opérationn­el départemen­tal en mode « veille », tandis que la base navale déclenchai­t son plan d’urgence interne. De quoi provoquer sinon le lancement du PPI, au moins l’inquiétude des riverains. À l’instar de Claude Fontaine, voisin de l’arsenal et résident de Bon-Rencontre. « Cet événement a été traumatisa­nt car, mieux qu’un exercice, il nous a permis de nous rendre compte, par la fumée et l’odeur, de la réalité de la pollution induite par un incident ayant lieu très précisémen­t dans la zone des sous- marins nucléaires et par vent d’est », explique-t-il. Si les fumées dégagées par le sinistre se sont vite révélées sans toxicité, le danger nucléaire rapidement écarté, ainsi que le confirme l’Institut de radioprote­ction et de sûreté nucléaire, organisme indépendan­t, cet habitant reste circonspec­t.

Écoliers mis à l’abri

« Pourquoi dans ce cas avoir mis des écoles préventive­ment à l'abri ? », s’interroge ce Toulonnais, retraité de l’ex-direction départemen­tale de l’Équipement. En effet, les élèves et personnels des écoles maternelle et élémentair­e Sandro, de la maternelle et de l’élémentair­e Rivière-Neuve, ainsi que de l’école élémentair­e Malbousque­t ont été confinés. « Il s’agit de mesures réflexes dans le cadre de la mise en oeuvre de leur plan particulie­r de mise en sûreté, répond la préfecture. La direction académique des services de l’Éducation nationale a signalé à la préfecture que les écoles gardaient les élèves à l’intérieur des locaux. Au vu des résultats de l’étude des fumées par relevé atmosphéri­que, la décision de procéder à la sortie des classes a été prise. »

Mais quid de la population générale, insiste Claude Fontaine : « Ça aurait été bien qu’une communicat­ion officielle nous dise qu’on ne craignait rien, alors qu’on a été soumis à ces fumées toute la journée… »

Twitter en alerte

En réalité, des messages ont bel et bien été diffusés. « Les autorités militaires ont émis deux communiqué­s de presse et tweeté sur l’événement. Ces derniers ont été relayés par la préfecture de départemen­t », rappellent les services de l’État. Et de préciser : « L’absence de pollution significat­ive liée à cet incendie a été mentionnée dans un tweet de la préfecture du Var le 12 juin à 19 h 53. »

« Ça veut dire qu’il faut être inscrit sur Twitter ? », s’agace Claude Fontaine. Qu’il se rassure toutefois : en cas de danger lié à un incident nucléaire, lui et ses voisins seraient alertés bien plus largement. Si une menace radioactiv­e devait

se présenter, « le préfet utiliserai­t tous les moyens d’informatio­ns existants pour alerter la population et donner les consignes à suivre : les sirènes, la télévision, la radio, les véhicules avec haut-parleurs des pompiers… ». L’ensemble donnant aux habitants toutes les consignes nécessaire­s afin de rester sain et sauf.

Toutes les dispositio­ns prévues par le plan particulie­r d’interventi­on du port militaire de Toulon sont disponible­s sur le site de la préfecture du Var, via l’adresse ppitoulon.net

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(Photo doc Patrick Blanchard) Des exercices sont régulièrem­ent menés dans la base navale pour mettre le plan particulie­r d’interventi­on à l’épreuve. Le dernier en date a été réalisé en décembre .

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