Primes divisées à l’hôpital : « Nous ne lâcherons rien »
L’intersyndicale FO-CGT-CFDT a boycotté, hier, la réunion du comité technique d’établissement à l’hôpital Sainte-Musse. La prime de 1500 euros promise par l’Etat doit « l’être pour tous »
Les blouses blanches sont en colère. La grogne qui s’est exprimée, ce mardi, dans les rues de Toulon et au Centre hospitalier intercommunal ToulonLa Seyne (CHITS) avec plus de 40, 5 % de grévistes, est toujours, aussi, vive. Elle s’est même cristallisée encore, hier matin à l’hôpital Sainte-Musse, lors du comité technique d’établissement (CTE) boycotté par l’intersyndicale FO-CGT-CFDT, soutenue par 200 agents qui se sont « invités ».
La prime à géométrie variable
La raison ? La colère grandissante autour de la prime Covid-19 à deux vitesses, promise le 25 mars par le chef de l’État, en pleine crise sanitaire. Ce qui devait être une reconnaissance pour leur investissement exceptionnel dans une épreuve sans précédent tourne au bras-de-fer. Au jeu du yo-yo livré sans le papier cadeau par le ministère de la Santé 500 euros pour les uns, 1500 euros pour les autres -, aucun hospitalier n’a envie de jouer. Cela a soulevé un vent d’incompréhension chez des agents qui, quels que soient leur fonction ou leur grade, ne peuvent comprendre « cette division », dénoncée depuis le 17 mai par l’intersyndicale. Ses représentants - Jean-Eric Lodevic (FO), Manon Magagnosc (CGT) et Frank Fabre (CFDT) - n’ont de cesse d’alerter tour à tour la direction, le ministère de la Santé, l’Agence régionale de santé, les députés, et aussi le président du conseil de surveillance, Hubert Falco. Le maire de Toulon les soutient dans ce combat du collectif comme il vient de le rappeler dans un courrier adressé le 8 juin au ministre de la Santé, Olivier Véran : « Instaurer des niveaux de prime est tout simplement injuste. Chaque corps de métier ayant pris sa part dans la gestion de la crise, il ne peut exister de critères objectifs pour répartir ces primes », écrit le maire de Toulon.
Colère, écoeurement
Ensemble, les agents ont lutté pour sauver des vies, ensemble, ils veulent « la même prime pour tous ». Or en juin, cette unité n’en prend pas le chemin sur les fiches de paie : seuls 40 % des effectifs conformément aux textes réglementaires, vont toucher la prime de 1500 euros, les 60 % autres vont percevoir 500 euros. La direction du CHITS n’a fait qu’appliquer le décret du 8 juin. Une « obligation » que l’intersyndicale, dans une motion lue par Jean-Eric Lodevic, secrétaire général de FO au nom de l’intersyndicale dit « comprendre ».« Mais nous regrettons votre rapidité à agir sans même avoir montré publiquement votre désaccord (...). L’intersyndicale aurait souhaité « le même empressement pour appliquer le décret du 24 mai qui aurait permis au directeur de demander la prime de 1 500 euros pour tous », précise Jean-Eric Lodevic. « Nous vous avons fait part de notre réprobation, du sentiment d’incompréhension, voire de colère des personnels en vous indiquant que nous ne participerions pas à des négociations sur les critères d’attribution en refusant la division des personnels, et en maintenant notre demande de 1500 euros pour tous », précise l’intersyndicale. Et face à « la colère, la démotivation, l’écoeurement » des personnels, elle a demandé au directeur d’adresser « un simple courrier à l’Agence régionale de santé (...) pour une dérogation pour tous, une prime identique pour tous, les crédits nécessaires pour tous. » Et de déclarer un ultimatum
(1) au directeur témoignant la « détermination des personnels » qui n’entendent « ne rien lâcher »:« deux choix s’offrent à vous, la division, la démotivation, le chaos, ou le sentiment de reconnaissance du travail accompli. À vous de choisir ». Le choix a été vite fait. 1. Une rallonge budgétaire de 1,9 million d’euros aux 3, 5 millions d’euros de primes appelées à être versées hors Ehpad.