Var-Matin (Grand Toulon)

L’AVENTURE INTÉRIEURE K. M. kmichel@nicematin.fr

C’est au cours d’un voyage en Mongolie que cette infirmière a découvert ses prédisposi­tions au chamanisme. À Fayence, elle accompagne ceux et celles qui veulent se relever d’un traumatism­e.

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Un magnifique espace arboré et naturel où serpente un chemin de terre. Au détour d’un virage, quelques dizaines de mètres avant la bâtisse protégée par les feuillages, se dresse un tipi à l’image de ceux des Tsaatans, éleveurs de rennes dans le nord de la Mongolie. Nous sommes à Fayence. Dans ce havre de nature que Katy Royer a choisi d’aider les âmes blessées à trouver la paix. À l’arrêt du moteur de la voiture, Tengri (Ciel), un akita Inu se précipite dans notre direction en aboyant. Et se calme dès lors qu’elle prononce son nom d’une voix sûre et douce à la fois. Katy Boyer est chamane. Un «intermédia­ire entre l’être humain et les esprits de la nature », pour aider à résoudre des traumatism­es à travers des soins. «Onaccompag­ne les personnes qui souffrent de traumatism­es psychiques, physiques, transgénér­ationnels », explique la jeune femme qui a fait son propre chemin depuis un voyage en Mongolie, en 2013. Elle sourit, en remontant le fil de sa vie.

Au début des années 2010, après une rupture, elle traverse une grosse dépression. «Etpuis,un matin en me réveillant, je savais que j’avais fait un rêve prémonitoi­re – j’en fais depuis l’enfance mais à l’époque, je ne savais pas ce que c’était. Je n’avais aucune image en tête, juste une phrase qui se répétait : il fallait que je parte en Mongolie. » Elle s’envole, en août 2013, l’année de ses 40 ans, pour OulanBator. Une fois sur place, elle gagne le nord de la Mongolie. « Grâce à une connaissan­ce ici, j’étais entrée en contact avec un Varois, marié à une nomade, qui vivait là-bas. » Et c’est là que tout a commencé. « C’est lui qui m’a mis en relation avec une grande chamane (1), Badmaa. C’est elle qui m’a révélé, lors d’une séance d’accompagne­ment, que j’étais moimême chamane. » Parce que selon Katy, on ne devient pas chamane. On naît. « Elle me disait notamment que j’avais été choisie. »

En Sibérie en 

Difficile pour cette cartésienn­e, de se laisser guider. Elle se prête cependant aux rituels que lui demande de mettre en place Badmaa à son retour en France. Un autel, des offrandes. « J’avais vraiment du mal avec l’idée d’appliquer des traditions d’Asie centrale… » Elle éclate d’un rire franc à cette évocation, consciente d’avoir pu passer pour une illuminée : « Je me trouvais ridicule. Mais on me disait que les esprits allaient m’enseigner. » En parallèle, elle se documente. Anthropolo­gie, cosmologie d’Asie centrale, etc. « Je voulais comprendre, j’avais besoin d’intégrer… » D’intégrer que « les chamanes honorent les esprits de la nature ». Elle reçoit, au bout d’un an, son premier tambour, «en peau de cerf », commence la confection de son habit de chamane – achevé seulement l’an dernier. Quatre ans plus tard, en 2017, c’est en Sibérie en République de Touva proche de l’Altaï, qu’elle complète son accompagne­ment à la pratique des rituels, auprès de sa « maman chamane » Liudmila Oyun, qui l’accompagne encore aujourd’hui. « Dès qu’on s’est vues, quelque chose de très fort s’est produit. J’avais déjà commencé à prodiguer des soins, à accomplir les rituels du feu, de l’eau mais c’est

(2) vraiment auprès de Liudmila que j’ai pris conscience de toute la dimension du chamanisme .» De l’être au non-être, du travail à accompli pour amener la personne à prendre conscience du traumatism­e qui la bloque. Pour réharmonis­er. Ce que désormais, elle s’emploie à apporter à l’humain. En continuant d’apprendre. 1. En Sibérie et en Mongolie, il y a des fédération­s chamanique­s reconnues par les gouverneme­nts. 2. Ces rituels ont lieu lors des solstices, des équinoxes, etc.

« Les chamanes honorent les esprits de la nature. »

 ?? (Photos Franz Chavaroche) ?? C’est à Fayence que Katy Royer a installé tipi, autel et instrument­s nécessaire­s à la pratique du chamanisme. Jean-Philippe, ami photograph­e, est venu faire un soin auprès de Katy. Il a tenu ensuite à lui offrir un shooting photo en remercieme­nts.
(Photos Franz Chavaroche) C’est à Fayence que Katy Royer a installé tipi, autel et instrument­s nécessaire­s à la pratique du chamanisme. Jean-Philippe, ami photograph­e, est venu faire un soin auprès de Katy. Il a tenu ensuite à lui offrir un shooting photo en remercieme­nts.
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