A Nice, chez Bel OEil EN PRENDRE PLEIN LA VUE
Le showroom d’Alexandre Curtet fait le bonheur des passionnés de décoration d’intérieur depuis plus de 20 ans. Ici, on est ensembliers : on mixe marques, styles, époques, art, design.
Il était dans le marketing, en milieu bancaire. Il s’ennuyait. Mais alors... ferme. Quand des Lillois, passionnés de design et de décoration, l’ont recruté en 1996 pour lancer le showroom de la rue de La Buffa, à Nice... il a dit oui. Ça s’appelait Loft, il avait vingt-sept balais, un peu de pression mais un joli défi à relever. Alexandre Curtet s’est démené. Coaché par téléphone et par fax. Pugnace. Déterminé. Ça a payé. En 2000, il s’est associé. En 2010, il rachète Nice, il ouvre Cannes. En 2017, le local niçois change d’adresse... et il devient Bel OEil. En 2018, Monaco a son échoppe. Entre-temps, il y a eu Chamonix, de l’art, des événements, des partenariats, mille projets. Bref, la banque est loin, loin derrière. C’est clair. Et vingt-quatre ans après... il n’a aucun regret.
Kerakoll et Piero Lissoni
Il faut dire que se lever tous les matins pour évoluer dans pareil univers se fait sans mal. Le local, ancien restaurant niçois de la rue Emmanuel-Philibert – qui s’appelait Bel Oeil, Loft a conservé ce nom qui lui collait parfaitement à la peau –, a été repensé par Kerakoll Design House. La ligne est signée Piero Lissoni, architecte, designer, directeur artistique italien. On joue ici dans la cour des grands. Une cour habillée de meubles, de luminaires, de tapis, de cuisines, de salles de bain, de revêtements, peintures et autres papiers peints très haut de gamme. Le paradis des amoureux de la décoration d’intérieur. « Nous sommes ensembliers-décorateurs. Nous travaillons avec différentes marques, on mélange. Nous avons aussi une collection d’art Bel OEil. En fait, nous faisons des rencontres et si la rencontre est belle, alors on développe quelque chose. » Alexandre Curtet est féru d’art. Son équipe est à son image. Tout le monde a un lien avec l’univers de l’architecture d’intérieur, de la décoration, du design, de l’histoire de l’art... « Nous avons besoin de sens. De nous connecter avec notre métier. Nous sommes vigilants quant aux choix que l’on fait, aux décisions que l’on prend. Même pour nos objets ethniques, nous faisons en sorte de travailler avec des marchands que l’on sait attentifs. »
Parce que la décoration d’intérieur évoque des valeurs, une histoire. Celle d’un style, d’une époque, d’un savoirfaire. Elle peut être très intellectualisée, juste sensible, émotionnelle. Ou tout à la fois. Il sourit. « Il y a aussi des gens qui viennent simplement chercher du fonctionnel, du durable, du qualitatif, des éléments qui leur plaisent mais peu importe ce qu’ils racontent. Ou ce que ça va dire une fois tout en place. C’est une autre démarche. »
Elle est louable. Elle va dans le sens d’une certaine éthique aussi. Le mobilier haut de gamme coûte cher... mais il est conçu avec de belles matières, respectueusement et il traverse le temps sans encombres. A Bel OEil, on a énormément de pièces signées par de grands designers. Des bijoux qui traversent les époques sans prendre une ride. Cette notion d’intemporalité est précieuse également. Consommer mieux... et moins. On est dans l’air du temps.
Réduire la consommation
« J’ai en tête l’exemple de l’hôtel Beau
Rivage, qui a été notre client en 2003. Le mobilier qu’on leur avait vendu est toujours-là et je ne pense pas qu’il y ait besoin de le changer. » Le site avait été rénové par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, avec qui Alexandre Curtet a régulièrement collaboré. « Il était aussi très sensible à la question de l’environnement. Le luxe, tout ça, c’est bien... mais on peut réduire. Réduire la vitesse, la consommation. »
Il se rappelle les locaux d’IBM à La Gaude et la volonté du commanditaire de se débarrasser de toutes les chaises Fourmi, du designer Arne Jacobsen. « J’ai refusé ! On les a fait restaurer ! On a mis des tables plus assorties et voilà. J’ai réduit le montant de l’enveloppe qui m’était attribué mais je n’aurais pas su faire autrement. »
Quand on aime...