Var-Matin (Grand Toulon)

La pression de... l’opinion

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Le tribunal correction­nel de Paris dira, le  juin, si le couple Fillon a ou non détourné des deniers publics. C’est, au fond, tout ce qui importe. Les soubresaut­s de la campagne présidenti­elle de  sont, eux, à ranger au rayon des péripéties de l’histoire, quand bien même Les Républicai­ns peinent, on les comprend, à s’en remettre. Pour la vox populi, l’affaire ne recèle guère de doutes. A double titre : François Fillon, a minima, a fait preuve de légèreté ; la justice, pour sa part, a fait montre d’une célérité inédite, d’un traitement de défaveur confinant à l’acharnemen­t à l’égard du candidat de la droite. Faut-il, pour autant, parler de justice aux ordres ? Holà ! Si François Fillon a été victime de quelqu’un, c’est d’abord de lui-même. N’en déplaise à la droite et à Jean-Luc Mélenchon, qui voient midi à leur porte, il n’y a pas eu, jusqu’à preuve du contraire, de justice politique. Il y a bien eu pression. Mais ce fut celle qui est désormais le privilège, exorbitant parfois, d’une opinion publique à cran, qui astreint la justice à ne plus lambiner. Trop d’entorses à la morale, trop de dérives d’un monde politique hors-sol, ont conduit la société à se braquer et à traquer sans pitié les distorsion­s flagrantes entre les discours édifiants et les comporteme­nts approximat­ifs. François Fillon a morflé pour tant d’autres qui ont échappé à la patrouille. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en alarme, ça se discute, les gouvernant­s sont, aujourd’hui, jugés sur la place médiatique avant de l’être dans les prétoires. Plus personne ne sera épargné. L’époque est révolue où une Mazarine pouvait être tenue secrète durant vingt ans. Partant du principe, recevable, que chacun doit mettre sa vie en adéquation avec ses paroles, une journalist­e a carrément publié un livre dévoilant, sans détour ni états d’âme, les dessous de la vie privée de François Fillon. L’honnêteté est un préalable, mais elle ne suffit même plus à l’électeur. Celui-ci demande aussi à ses gouvernant­s de l’exemplarit­é. Nicolas Sarkozy et François Hollande en ont fait les frais avant Fillon. Leurs quinquenna­ts ne furent pas indignes dans le contenu… Ils ont été évincés sur leur comporteme­nt, un manque d’incarnatio­n de la fonction. Le premier ne s’est jamais remis de son séjour sur le yacht de Vincent Bolloré. Une balle dans le pied d’entrée ! Le second a payé cash ses désordres et ses transports amoureux, autant qu’une banalisati­on de son mandat par une parole sans garde-fous. L’alchimie de l’incarnatio­n, Emmanuel Macron court lui-même après depuis . Et même sans casseroles, elle est devenue une gageure.

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