Var-Matin (Grand Toulon)

« Être à la hauteur ! »

Désormais seul en charge des trois-quarts varois, Julien Dupuy, qui a été séduit par le discours de Patrice Collazo et son projet, aborde son nouveau challenge avec excitation

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE BERSIA

Annoncé à Toulon dès le mois de mars pour pallier le départ de Casey Laulala et donner un coup de main à Sébastien Tillous-Borde pour la fin de saison, l’ancien demi de mêlée internatio­nal parisien, Julien Dupuy, n’a encore guère eu le loisir d’apporter « son enthousias­me et son expérience », selon les mots de Patrice Collazo, à la ligne de trois-quarts varoise. À peine arrivé pour vivre trois jours au côté du groupe toulonnais réuni en stage à Gassin, il a dû repartir pour se confiner. Et aujourd’hui encore, il fait des allers-retours au Pays basque où est toujours installée sa famille. Engagé à fond dans son nouveau projet mais frustré de ne pas pouvoir renouer tout de suite avec le vrai rugby et la vraie vie... Désormais toulonnais pour au moins une saison et seul en charge de l’attaque et de l’animation offensive des troisquart­s toulonnais, l’ancien Parisien n’a qu’une hâte : retrouver la compétitio­n. Il est vrai qu’il sort d’une année particuliè­rement compliquée, et pas seulement par le Coronaviru­s. Mis à l’écart du Stade Français en janvier 2019 (il avait intégré le staff en 2017, dès sa retraite sportive), Julien Dupuy a passé de longs mois à regarder son sport préféré à la télévision. Et s’il avait quand même, depuis janvier, retrouvé une activité en s’occupant des arrières de l’équipe de France développem­ent moins de 20 ans (2e sélection de cette catégorie), il n’a pas eu à réfléchir longtemps pour accepter la main tendue par le RCT et par Patrice Collazo. Non pas parce qu’il allait retrouver à Toulon son ami Sergio Parisse ou même Raphaël Lakafia au soleil du Var, mais parce que le challenge était intéressan­t et que le courant est tout de suite passé entre les deux hommes. Après quelques semaines de cohabitati­on, l’impression est toujours très bonne...

Racontez-nous votre arrivée en deux temps à Toulon... Ce fut un peu bizarre, mais finalement ça s’est bien passé. Au départ, j’ai bien aimé ma rencontre avec Patrice Collazo. On s’était vu dans un endroit neutre. J’ai mangé avec lui le mercredi, et le dimanche j’étais à Toulon. C’était plutôt rapide en fait, mais une semaine après, il y a eu le confinemen­t. J’ai juste eu le temps de partir en stage à côté de Saint-Tropez avec les joueurs pendant trois jours. On s’est entraîné, puis on est rentré le jeudi. Le vendredi, je signais mon contrat… Là je me suis réengagé pour un an. Votre engagement avec les moins de  ans ? En m’engageant avec le RCT, j’ai rompu mon contrat. On ne peut pas se permettre d’entraîner une équipe comme Toulon et partir faire des tournées plusieurs fois par an. J’ai pris beaucoup de plaisir avec les jeunes, mais il était clair que si je retrouvais un club en Top  ou en Pro D, j’irai directemen­t. Il n’y a pas eu de surprise. Tout le monde a très bien compris… Surtout pour aller au RCT ! Oui. Le RCT est un grand club du rugby français. C’est un club qui part sur un nouveau projet. Il y a beaucoup d’attente et c’est un challenge excitant. Maintenant, il va falloir être à la hauteur de ce challenge… Des souvenirs (bons ou mauvais) de rencontres passées ? C’est vrai qu’il y a toujours eu de bonnes ambiances quand on allait à Toulon ! C’était toujours des matches un peu âpres. Des matches sympas à jouer, avec du combat et des choses intéressan­tes sur le terrain. Mais mon meilleur souvenir, forcément, c’est la demi-finale gagnée à Bordeaux en . Je me souviens notamment d’une belle chistera d’un mec qui joue au RCT maintenant, un jeune qui doit jouer au centre de formation… (Il évoque Sergio Parisse qui, en ce jour funeste pour le RCT, a offert le premier essai parisien du match à Raphaël Lakafia d’une jolie passe dans le dos, Ndlr). La présence de Sergio Parisse a-telle pesé dans votre choix ? Elle n’a pas été déterminan­te mais l’a sans doute facilité. En fait, j’ai passé le jour de l’An chez lui et j’en ai profité pour voir comment le RCT fonctionna­it. Je ne connaissai­s pas forcément Patrice, mais j’ai alors eu l’occasion de passer un bon moment avec lui, et je pense qu’on s’est apprécié mutuelleme­nt. Il y a eu comme un petit déclic. Et ensuite, ça s’est fait naturellem­ent… Vous êtes aussi réputé pour votre gros caractère. Ne craignezvo­us pas que votre associatio­n fasse des étincelles ? Je ne sais pas si gros caractère veut dire mauvais. Patrice est quelqu’un d’entier,

A Leicester, ensuite, où l’enfant du Périgord est parti grandir en , et dont il est revenu champion d’Angleterre et à nouveau finaliste de la coupe d’Europe. Au Stade Français, enfin, avec qui il a de nouveau touché le Brennus en  et remporté un Challenge européen (-)… Des performanc­es qui lui ont également valu de connaître les honneurs de la sélection nationale à  reprises entre  et . moi aussi. Mais ce n’est pas parce qu’on a du caractère qu’on n’est pas capable de respecter la hiérarchie. De mon point de vue, c’est clair : le chef, c’est Patrice. Je n’ai pas de problème avec ça. Je préfère avoir quelqu’un comme lui qui dit les choses et qui est entier. Au moins on se dit les choses, ça reste entre nous et après, quand on est sur le terrain, on est tous solidaires. Je pense que même « Brique » (Ndlr : Eric Dasalmarti­ni), l’entraîneur des avants, a son caractère, même s’il est un peu plus discret. On va fonctionne­r à trois. Et pour l’instant, franchemen­t, je suis super content, c’est un plaisir de travailler ici. Dans tous les staffs, il y a forcément des moments où on se parle fort. L’essentiel, c’est que ça vive… Comment cela se passe-t-il actuelleme­nt ? Vous avez commencé à parler combinaiso­ns, tactique, stratégie ? Pas encore… Les joueurs n’ont droit qu’à quinze minutes de skills et de ballons à la fin de l’entraîneme­nt. C’est court. Ça nous frustre un peu, et surtout ça frustre les joueurs. Mais c’est peut-être une bonne chose qu’ils aient une grosse envie. Je pense qu’on va rentrer dans des choses plus sérieuses à partir de mijuillet. Ça me tarde aussi… Le terrain vous manque-t-il depuis que vous êtes passés de l’autre côté ? J’ai eu la chance de pouvoir arrêter quand j’avais envie. Il me restait un an de contrat avec le Stade Français et je ne voulais pas faire l’année de trop. Le terrain en tant que joueur ne me manque pas. En tant qu’entraîneur, il me manque un peu. On a repris, mais il me tarde qu’on soit de plus en plus libre… Quand allez-vous vraiment vous installer à Toulon ? Je vais récupérer une maison début juillet. Ma famille, qui est encore au Pays basque, me rejoindra bientôt… Même si le Pays basque est très sympa, ce n’est pas trop compliqué de venir vivre à Toulon. Je pense qu’on va être bien ici. C’est important pour moi que ma famille soit là. C’est quand même elle qui m’a soutenu dans une période un peu délicate.

Je ne sais pas si gros caractère veut dire mauvais”

C’est clair, le chef, c’est Patrice !”

 ?? (Photos RCT) ?? L’ancien demi de mêlée internatio­nal du Stade Français, Julien Dupuy (ici en compagnie du président Bernard Lemaître) a eu un bon feeling avec Patrice Collazo qui attend de lui qu’il amène son expérience et son enthousias­me aux trois-quarts varois.
(Photos RCT) L’ancien demi de mêlée internatio­nal du Stade Français, Julien Dupuy (ici en compagnie du président Bernard Lemaître) a eu un bon feeling avec Patrice Collazo qui attend de lui qu’il amène son expérience et son enthousias­me aux trois-quarts varois.

Newspapers in French

Newspapers from France