Var-Matin (Grand Toulon)

Gilles Lhote : « Ils s’aimaient trop pour vivre en couple » ‘‘ Laeticia a été très jalouse de cette complicité”

Pendant plus de 50 ans, une mystérieus­e Lady Lucille a accompagné la vie de Johnny. À la demande du chanteur, l’ancien journalist­e de Paris Match révèle qu’il s’agit de... Catherine Deneuve

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE MINARD (Agence locale de presse)

Pourquoi sortir ce livre maintenant ? Après le succès de Destroy, son autobiogra­phie, Johnny m’a demandé à plusieurs occasions, quand « le moment serait venu », pour reprendre son expression, d’établir la vérité sur l’identité de Lady Lucille. Il ne voulait pas que Catherine Deneuve reste une femme de l’ombre. En août , j’étais avec lui quand une fake news a annoncé sa mort. Il a profité de ce moment pour accélérer sa demande de concession dans le cimetière de Saint-Barth’, et m’a renouvelé son souhait de raconter avec élégance cette formidable histoire, d’une tendresse inouïe, avec Lady Lucille.

Le moment venu, cela signifiait après sa mort ? Non. Cela restait à définir. J’ai commencé à vraiment réfléchir au moment opportun. Catherine Deneuve n’est pas venue à ses obsèques – bien qu’elle ait été conviée – tellement sa peine était grande. Sa seule déclaratio­n depuis (la première depuis ), a été faite aux Inrockupti­bles, dans un entretien où elle a rendu un hommage très touchant à Johnny. Cela a été fait de manière très élégante, mais ça voulait dire ce que cela voulait dire. Pour moi, ce témoignage a constitué une sorte de blancseing. D’autant que les querelles d’héritage entre les différents clans, qui ont été d’une violence inouïe, semblent apaisées. La sagesse est revenue et le moment m’a donc semblé venu.

Catherine Deneuve a-t-elle été informée de la sortie de votre livre ? Non, je n’ai contacté personne avant la sortie du livre. L’avantveill­e de la parution, c’est-à-dire la semaine dernière, je suis allé à son domicile pour déposer un exemplaire chez sa concierge. Je n’ai eu aucune réaction à ce jour. Je ne la connais pas personnell­ement, je l’ai simplement vue à plusieurs reprises dans la loge de Johnny.

Dans le milieu, cette relation était un secret de polichinel­le ? On peut dire cela. Mais c’était le secret le plus caché du showbusine­ss ! Ils jouaient beaucoup avec ça, avec ces histoires d’amour-amitié dont beaucoup se demandaien­t ce qu’elles recouvraie­nt exactement. Mais c’est une véritable love story qui va durer plus de  ans, et c’est pour cela que cette histoire est belle.

Catherine Deneuve a été la femme de sa vie, ou la femme d’une vie ? Je dirai qu’elle a été le fil rouge sentimenta­l de toute sa vie. Lui, le prince du tumulte, le roi des infidèles, a su inventer avec Catherine Deneuve une nouvelle fidélité où était banni tout ce qui pouvait relever de la jalousie. Qu’ils aient été amants ou pas n’était pas le problème. Même après trois ans d’absence, ils se retrouvaie­nt comme s’ils s’étaient quittés la veille. Elle a toujours été une femme de combat, et c’est ce que Johnny aimait.

Pour l’anecdote, il avait été très marqué, en , par le fait qu’elle était la première femme à faire du surf, avec Joël de Rosnay comme moniteur. C’est une femme très rock’n’roll, très libre, qui a toujours su préserver l’intimité de sa vie privée avec une férocité absolue. Alors que Johnny, c’était tout le contraire.

Elle a été sa maîtresse, son amour, sa soeur, son amie, sa mère consolatri­ce... Elle a été toutes les femmes ? C’est tout à fait cela. La première photo emblématiq­ue du rock made in France, c’est eux deux dans le film de Vadim, Les Parisienne­s, en . La guerre d’Algérie vient de se terminer, et ils sont le symbole de la liberté des jeunes. Ils sont d’une beauté absolue. J’ai regardé toutes les photos d’eux prises toute leur vie. Il n’y a jamais rien de compromett­ant, mais il y a une sensualité et une complicité de regard absolue. Quand j’ai demandé à Johnny ce qu’elle avait de si spécial, il m’a répondu : « Elle a ce que les autres n’ont pas. » Elle était pour lui la quintessen­ce des femmes.

Pensez-vous que s’ils avaient vécu en couple, cette relation aurait existé ? Ce sont deux monstres sacrés au caractère trop trempé. Ils ont gravi les marches de la gloire chacun de leur côté et elle savait très bien que s’ils avaient été en couple, ils ne seraient pas allés au bout. Ils s’aimaient trop pour vivre en couple. C’étaient des jumeaux branchés à la même source, d’une manière presque chimique. On ne peut pas lutter contre ça.

Laeticia, sa dernière épouse, réputée possessive, a-t-elle été agacée par cette relation intouchabl­e ? À mon avis, cela a été agaçant pour toutes ses femmes ! Laeticia a été très jalouse de cette complicité d’un autre monde. Et je ne connais pas une femme qui ne l’aurait pas été. Adeline était toujours étonnée par les regards d’admiration de Catherine Deneuve envers son mari. Elle m’a dit que c’était hallucinan­t. Hallyday et Deneuve ont toujours eu l’incroyable capacité de s’effacer quand l’un ou l’autre vivait une nouvelle histoire. Ils avaient cette élégance. Elle a toujours fait du bien à Johnny quand il n’était pas bien.

Ce que révèle ou confirme votre livre, c’est que Johnny était un enfant fragile… Il était complèteme­nt désemparé, rongé par le mal de l’abandon de son père et même de sa mère. C’était un écorché vif. Deneuve est la femme qui l’a rassuré. C’est la seule femme avec qui il n’a pas fait de « une » de Paris Match, juste pour la préserver. Lady Lucille, éditions du Seuil, 176 pages, 18 euros.

‘‘

Elle a été le fil rouge sentimenta­l de toute sa vie”

 ??  ??
 ?? (DR) ?? Gilles Lhote en compagnie de Johnny Hallyday.
(DR) Gilles Lhote en compagnie de Johnny Hallyday.

Newspapers in French

Newspapers from France