Métropole : le covid va gripper les budgets
Si de nombreuses entreprises sont touchées de plein fouet par la crise sanitaire et ses conséquences, villes et intercommunalités voient aussi leurs comptes passer dans le rouge. Et doivent s’adapter
Si la santé n’a pas de prix, la crise a un coût. Si la formule est banale, la réalité prend la forme d’un casse-tête. Pour les entreprises, mesurer avec précision l’impact de la pandémie est déjà un exercice délicat. Il est encore plus complexe pour les collectivités territoriales qui enregistrent des pertes « par ricochet » avec la baisse d’activité. Des commerces qui travaillent moins génèrent moins de taxes et un ralentissement du marché immobilier se traduit par un recul des droits de mutations. Pour autant, il faut bien tenter de s’adapter. Le flou sur l’ampleur de la crise financière s’ajoute aux incertitudes liées à la stratégie de l’État quant à l’aide qu’il pourra apporter (ou non) aux territoires. Du côté de la Métropole Toulon Provence - Méditerranée, pour tenter de mesurer l’impact du covid, on a sorti les calculettes. Selon les services, la facture s’élèverait entre 35 et 40 millions d’euros, soit un peu moins de 10 % d’un budget global de 470 millions pour 2020. « C’est une estimation à un temps T », prévient Hubert Falco, président de TPM, qui s’attend à une facture finale bien plus élevée. « La crise est devant nous, il ne faut pas rêver », pressent le maire de Toulon, qui prédit une fin d’année très difficile sur le front de l’emploi.
Quel soutien de l’État ?
L’incertitude n’est pourtant guère compatible avec les règles budgétaires très rigoureuses en vigueur dans les collectivités. « Lorsqu’on a voté les budgets en décembre dernier, on a fait des prévisions de recettes. Comme on est raisonnable, on n’avait pas tablé sur une augmentation. Mais on n’avait pas non plus envisagé une baisse », reprend Hubert Falco. Afin d’amortir le choc, la collectivité devra avoir recours à des décisions budgétaires modificatives pour corriger le tir. Mardi dernier, les élus ont décidé de sanctuariser une large partie des excédents 2019 afin de faire face à une baisse des recettes de fonctionnement. Mais que faire si les finances dérapent encore ? Avant tout, le président de TPM espère que l’État « n’abandonnera » pas les collectivités. Il a d’ailleurs écrit une lettre en ce sens au Premier ministre le 25 mai dernier. Mais dans tous les cas, la solidarité nationale ne viendra pas compenser l’ensemble des pertes.
Trois leviers
Il reste donc trois leviers possibles : augmenter la fiscalité locale, réduire les investissements ou emprunter. Sur la première hypothèse, Hubert Falco avance un « non » catégorique. « Les citoyens ont déjà assez souffert pour qu’on leur inflige une augmentation d’impôts. » Reporter des projets ? Là aussi, le président de TPM est réticent : « Pour soutenir l’économie, il faut maintenir les projets, d’autant que sur le territoire, un certain nombre de chantiers sont largement financés par le privé. » Reste l’endettement. C’est la solution que semble aujourd’hui privilégier Hubert Falco. Lui qui depuis vingt ans présente le désendettement de la ville de Toulon comme sa principale réalisation se dit prêt à faire appel aux banques. « Comme nous sommes peu endettés, nous pouvons nous le permettre et nous le ferons pour financer certains projets d’investissement. » Parmi ces chantiers, deux concernent Toulon : l’aménagement d’un parc à la Loubière et la création d’une nouvelle passerelle enjambant la voie ferrée au niveau de Montety.