Var-Matin (Grand Toulon)

Métropole : le covid va gripper les budgets

Si de nombreuses entreprise­s sont touchées de plein fouet par la crise sanitaire et ses conséquenc­es, villes et intercommu­nalités voient aussi leurs comptes passer dans le rouge. Et doivent s’adapter

- CHRISTOPHE GAIGNEBET

Si la santé n’a pas de prix, la crise a un coût. Si la formule est banale, la réalité prend la forme d’un casse-tête. Pour les entreprise­s, mesurer avec précision l’impact de la pandémie est déjà un exercice délicat. Il est encore plus complexe pour les collectivi­tés territoria­les qui enregistre­nt des pertes « par ricochet » avec la baisse d’activité. Des commerces qui travaillen­t moins génèrent moins de taxes et un ralentisse­ment du marché immobilier se traduit par un recul des droits de mutations. Pour autant, il faut bien tenter de s’adapter. Le flou sur l’ampleur de la crise financière s’ajoute aux incertitud­es liées à la stratégie de l’État quant à l’aide qu’il pourra apporter (ou non) aux territoire­s. Du côté de la Métropole Toulon Provence - Méditerran­ée, pour tenter de mesurer l’impact du covid, on a sorti les calculette­s. Selon les services, la facture s’élèverait entre 35 et 40 millions d’euros, soit un peu moins de 10 % d’un budget global de 470 millions pour 2020. « C’est une estimation à un temps T », prévient Hubert Falco, président de TPM, qui s’attend à une facture finale bien plus élevée. « La crise est devant nous, il ne faut pas rêver », pressent le maire de Toulon, qui prédit une fin d’année très difficile sur le front de l’emploi.

Quel soutien de l’État ?

L’incertitud­e n’est pourtant guère compatible avec les règles budgétaire­s très rigoureuse­s en vigueur dans les collectivi­tés. « Lorsqu’on a voté les budgets en décembre dernier, on a fait des prévisions de recettes. Comme on est raisonnabl­e, on n’avait pas tablé sur une augmentati­on. Mais on n’avait pas non plus envisagé une baisse », reprend Hubert Falco. Afin d’amortir le choc, la collectivi­té devra avoir recours à des décisions budgétaire­s modificati­ves pour corriger le tir. Mardi dernier, les élus ont décidé de sanctuaris­er une large partie des excédents 2019 afin de faire face à une baisse des recettes de fonctionne­ment. Mais que faire si les finances dérapent encore ? Avant tout, le président de TPM espère que l’État « n’abandonner­a » pas les collectivi­tés. Il a d’ailleurs écrit une lettre en ce sens au Premier ministre le 25 mai dernier. Mais dans tous les cas, la solidarité nationale ne viendra pas compenser l’ensemble des pertes.

Trois leviers

Il reste donc trois leviers possibles : augmenter la fiscalité locale, réduire les investisse­ments ou emprunter. Sur la première hypothèse, Hubert Falco avance un « non » catégoriqu­e. « Les citoyens ont déjà assez souffert pour qu’on leur inflige une augmentati­on d’impôts. » Reporter des projets ? Là aussi, le président de TPM est réticent : « Pour soutenir l’économie, il faut maintenir les projets, d’autant que sur le territoire, un certain nombre de chantiers sont largement financés par le privé. » Reste l’endettemen­t. C’est la solution que semble aujourd’hui privilégie­r Hubert Falco. Lui qui depuis vingt ans présente le désendette­ment de la ville de Toulon comme sa principale réalisatio­n se dit prêt à faire appel aux banques. « Comme nous sommes peu endettés, nous pouvons nous le permettre et nous le ferons pour financer certains projets d’investisse­ment. » Parmi ces chantiers, deux concernent Toulon : l’aménagemen­t d’un parc à la Loubière et la création d’une nouvelle passerelle enjambant la voie ferrée au niveau de Montety.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France