Le Luc : un viticulteur poursuivi pour avoir étendu son domaine sur le territoire des tortues d’Hermann
Des amendes allant de 8 000 à 20 000 euros ont été requises vendredi à Draguignan à l’encontre d’un propriétaire viticole. Il lui est reproché d’avoir déboisé et agrandi son domaine du Luc au détriment de l’habitat de la tortue d’Hermann, une espèce protégée. Une peine similaire a été requise devant le tribunal correctionnel contre l’entrepreneur chargé des travaux et son entreprise, appelée pour déboiser et louer des engins ayant servi à du défrichement et du dessouchage Implanté en lisière de la réserve naturelle nationale de la plaine des Maures, sur une parcelle classée en AOC Côte de Provence, le Château Lauzade et son exploitant, Pierre Sénéclauze, 75 ans, sont dans le collimateur de la justice depuis une visite en 2016 de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS (1)).
« On a privilégié l’argent à l’environnement »
Ses agents chargés de faire respecter le Code de l’environnement et ceux de l’administration en charge du Code forestier avaient relevé plusieurs infractions de nature à détruire et à altérer l’habitat de la tortue. À la barre, le propriétaire marseillais a assuré avoir signé tous les contrats que lui présentait son directeur du domaine sans avoir connaissance de l’enjeu. « Moi, je faisais confiance à mon directeur », a-t-il déclaré, assurant n’avoir « pas le temps » de vérifier si les autorisations étaient en règle dans cette zone rentrant dans la catégorie « espace boisé classé » et « rouge » pour la tortue, le niveau de protection maximum. « C’est trop facile de venir dire qu’il ne gérait rien ! On a privilégié l’argent
à la protection de l’environnement », a fustigé la procureure, Estelle Bois. « Qu’on ne dise pas que c’est pour gagner de l’argent, j’en perds beaucoup », a répondu M. Sénéclauze en fin d’audience. Le domaine, racheté en 1996 à des Japonais, et à l’abandon selon lui, faisait 14 millions
d’euros de chiffre d’affaires au début de la procédure, mais plus que 900 000 euros environ maintenant. L’affaire a été mise en délibéré au 25 septembre.
1. Devenu entre-temps l’Office français de la biodiversité (OFB).