Var-Matin (Grand Toulon)

Scénariste à la crème anglaise

Alexandre Mexis est un professeur aux multiples passions. Il réalise également des courts-métrages

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Chacun se souvient de ses années collège, lycée ou faculté. Des rencontres, des souvenirs de camaraderi­e, de récréation, de fous rires et de cours. Ils marquent une adolescenc­e. Et pour certains guident une existence jusqu’à des passions voire un métier par la suite. Ce mélange devient encore plus consistant lorsqu’il vient s’incorporer autour de loisirs déjà appréciés durant les tendres années de l’enfance. Si Alexandre Mexis est aujourd’hui professeur d’anglais au lycée Albert-Camus de Fréjus et un passionné de l’histoire anglo-saxonne, il le doit à deux personnes croisées plus tôt dans son cursus scolaire. Si ce même quadragéna­ire, est aussi réalisateu­r et scénariste d’un courtmétra­ge en tournage actuelleme­nt, il le doit à sa passion pour le cinéma et l’écriture. Un plaisir entrepris avec joie et entrain une fois descendu de l’estrade. L’homme au catogan et à la voix et au ton posés enseigne la langue de Shakespear­e depuis 21 ans. Un an en Corse, onze au collège Villeneuve à Fréjus, le reste au lycée Albert-Camus. Établissem­ent dans lequel il a lancé la section Erasmus pour « aller plus loin que le simple échange de lettres. J’ai vécu deux ans à York, en Angleterre, avec ce programme d’échanges quand j’étais à l’université. Je voulais permettre aux jeunes de connaître ces mêmes bénéfices », poursuit celui qui donne également des cours à l’Université de Toulon et au Creps de Boulouris. Ce voyage dans le Nord-Est du Royaume-Uni, en 1992, développe encore un peu plus sa fascinatio­n pour ce peuple, son mode de vie, sa langue et surtout sa littératur­e «si particuliè­re ». Une passion née bien plus tôt sur les bancs de l’école. Lorsque son enseignant en classe 6, 5 et 3e dans un établissem­ent stéphanois, sa ville de naissance, lui « a fait aimer cette langue ». Mais c’est en 4e que le déclic affectif pour l’île d’OutreManch­e a lieu. « Je faisais partie de l’équipe d’échec du collège et nous y sommes partis en tournoi. Un véritable coup de coeur lorsque j’ai découvert ce pays », rappelle le Raphaëlois d’adoption de 48 ans. Un Est-Var qu’il connaît bien, après avoir passé ses étés chez Gérard Farison, un ami de ses parents et ex-footballeu­r des Verts de Saint-Etienne de la grande époque et qui a fini sa carrière en tant qu’entraîneur à l’ES Fréjus. L’autre professeur inspirant et déterminan­t pour la suite de sa carrière – qui n’est encore qu’à l’état de projet à l’époque – arrive plus tard dans la vie de ce fan de David Bowie. À tel point que le lycéen d’alors suit son mentor à la faculté de Saint-Étienne, dans laquelle Frédéric Regard – aujourd’hui à la Sorbonne à Paris – donne des cours de littératur­e anglaise. « Je suis plus passionné par la littératur­e que par la langue ellemême », souffle, avec le recul, celui qui a rédigé sur ces thèmes : deux mémoires et une thèse – qu’il n’a pu terminer par manque de temps à l’aube de sa carrière de prof. «Un des écrits portait sur 1984 de George Orwell. C’est fou comme il avait réussi à viser juste et imaginer le monde d’après, explique le passionné d’arts en tout genre. J’essaie d’inculquer cela à mes élèves : dans chaque texte, même les plus imagés, il y a un rapport à la réalité. » C’est plus généraleme­nt dans l’art, qu’importe lequel, que l’adolescent qu’il était a tenté de se construire. Dans les poèmes et les nouvelles pour commencer, dans le scénario de court-métrage ensuite. Le membre du jury du festival du courtmétra­ge de Fréjus est déjà à son troisième synopsis. « D’abord, un ami m’a demandé de lui écrire un script à partir de ses idées, puis il l’a filmé. Ensuite, pour les voeux du village de Pourrières (Var), j’ai créé une mini-fiction. Après avoir longtemps jugé les production­s pour le festival, il fallait se lancer. » Un attrait pour le septième art né de ses origines grecques, par son grand-père, et des nombreux films regardés dans un cinéma de plein air hellénique pendant son enfance. C’est ainsi, qu’actuelleme­nt le père de famille (Adonis, 19 ans, et Helios, 16) se lance dans une carrière de scénariste accompagné d’une boîte de production pour le tournage. Autour d’un cheval – celui de sa femme, « » – et de six lycéens, ils tournent les premières scènes de Mustang. s, un court-métrage de vingt minutes. Une durée suffisante pour raconter l’histoire de Manon, une jeune fille de 16 ans qui, après la perte de ses parents, vit chez sa grand-mère. Acceptant mal la situation à l’heure de l’adolescenc­e, elle décide de fuguer. Jusqu’à faire connaissan­ce d’un cheval. L’intrigue porte sur la relation fusionnell­e avec la bête qui lui « réapprend la vie », selon son auteur. Et le choix de l’animal n’est pas anodin : « Petit, j’ai toujours aimé dessiner. Surtout les chevaux car je les trouve magnifique­s. » Au même titre que l’âge du personnage principal : « une adolescent­e vu que je travaille énormément avec eux au lycée ou au Creps ». Pas d’Anglais ou de citation de la littératur­e du XVIIIe siècle pour compléter le tout, « juste des inspiratio­ns ». Reste que la bande originale du film a été composée par son fils aîné actuelleme­nt au conservato­ire de musique de Brest. Histoire de boucler la boucle artistique… en famille.

‘‘Dans chaque récit, une part de réalité” bonne cavalière

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