Var-Matin (Grand Toulon)

Deuil périnatal : l’impact des mots sur les parents Associatio­n

Lorsque le pire arrive, que ce soit pendant la grossesse ou à la naissance chaque mot doit être pesé pour accompagne­r au mieux les jeunes parents endeuillés

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Qu’il intervienn­e dans les premières semaines de grossesse ou à la naissance, le décès d’un bébé est toujours une épreuve. Un deuil à faire. C’est pour accompagne­r les parents confrontés à une telle tragédie que se mobilise l’associatio­n Nos Tout Petits de Nice présidée par Astrid Gunthardt. Cette femme débordante d’énergie a fédéré au sein de cette structure des soignants mais également des pères, des mères, prêts à épauler les personnes endeuillée­s. « J’ai fondé l’associatio­n en 2012 après avoir été moi-même confrontée au deuil périnatal. J’ai constaté qu’il n’existait rien pour soutenir les parents et les profession­nels de santé. Le décès d’un bébé est un choc. On ne peut pas laisser les gens démunis, ils ont besoin de soutien. Les soignants aussi qui peuvent se sentir désarmés ; ils n’ont pas été formés, parfois ils minimisent, pensant bien faire, ou bien ils n’osent pas en parler. Ce qui revient toujours lors de nos formations, c’est le côté humain des profession­nels, difficilem­ent accessible­s parfois, mais que les parents disent retenir et apprécier le plus. L’entourage aussi peut blesser sans le vouloir en prononçant des phrases maladroite­s du type “tu es jeune, tu auras d’autres enfants” … Nos Tout Petits de Nice a vocation à apporter des réponses à chacun, selon sa situation. » Parmi les actions de l’associatio­n : des groupes de parole. « Il est important pour les parents de pouvoir échanger avec des personnes qui ont vécu la même épreuve. Il est difficile de rentrer chez soi. La maison est vide. Le ventre est vide aussi. Si c’est douloureux pour les mamans ça l’est aussi pour les papas. Certains se sentent isolés, incompris. » Juste avant le confinemen­t, l’associatio­n a organisé une soirée d’informatio­n sur le thème de l’impact des mots ou comment annoncer la mort. Un sujet important mais qui ne doit pas devenir tabou. Astrid n’a pas hésité ainsi à faire appel à un ami humoriste, Guillaume Bauret pour introduire le thème et parler de l’importance et une séance d’hypnose. de chaque mot. Après un moment Étonnant ? Pas tant que cela. «Ily de détente, c’est la gynécologu­e a plusieurs phases dans l’hypnose. obstétrici­enne et échographi­ste Dans la première, la phase d’anamnèse, Bettina Bedel qui s’est livrée. l’hypnothéra­peute accueille « Dans ma pratique, je suis évidemment le patient, entame la discussion pour en première le cerner. ligne. « La communicat­ion En ce qui Quand je reçois me concerne,

non verbale est une patiente,

fondamenta­le » je c’est le sais qu’il y a moment toujours un où je reçois risque que je doive annoncer une les parents. Ensuite vient la mauvaise nouvelle. À chaque échographi­e, phase d’induction, la relaxation. je retiens ainsi mon souffle. Pour moi, cela ressemble au moment Dans les premières secondes, dès où je fais installer la patiente ; que je constate qu’a priori tout va elle commence à se détendre, je bien, je suis soulagée. » Vigilante baisse les volets, l’ambiance est aux paroles qu’elle prononce, le calme. Puis c’est la phase d’approfondi­ssement Dr Bedel est aussi attentive à ses : en hypnose il s’agit gestes, son attitude « car la communicat­ion d’aller vers l’état de conscience modifiée, non verbale est fondamenta­le d’aller au fond de soi. Dans ». mes consultati­ons, c’est le temps de découverte du bébé : on le distingue sur l’écran, on écoute les battements de son coeur. Après, dans l’hypnose c’est la phase de transe et de dissociati­on,

Hypnose

L’échographi­ste dresse un parallèle intéressan­t entre ses consultati­ons le moment où le thérapeute parle à l’inconscien­t du sujet. Dans mes consultati­ons, j’ai remarqué que les femmes et ceux qui les accompagne­nt sont presque dans la rêverie : je vois qu’ils imaginent le bébé, souvent ils parlent peu, il y a peu d’échanges. Je sais que tout ce que je dis à cet instant, je le dis finalement à l’inconscien­t de ces personnes. C’est là que les mots ont toute leur importance. La dernière étape c’est le retour à l’état de conscience – pour moi, c’est le moment où la femme se rhabille, se rassoit. » Ce que nous dit le Dr Bedel, c’est finalement que le contexte dans lequel se déroulent ces consultati­ons est important. C’est valable pour l’échographi­ste comme pour les autres profession­nels de santé. Ces derniers doivent peser leurs mots, prendre garde à tout ce que les patients peuvent entendre et comprendre à travers leurs attitudes. Ce climat de confiance est essentiel, pour accompagne­r dans le meilleur comme dans le pire.

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