Var-Matin (Grand Toulon)

5 traces indélébile­s de la F1 au Castellet

Stoppé net par la crise sanitaire, le Grand Prix de France passe son tour, aujourd’hui. L’occasion de jeter un oeil dans le rétro sur les éditions varoises ayant marqué les esprits

- PAR GIL LÉON

1 1971 : L’ÉCLOSION D’UN AUTRE MONDE.

«Jepense que les pilotes présents sur la grille de départ ont tous gardé un bon souvenir de cette course. Même ceux qui ne sont passés à côté du podium. » En feuilletan­t le livret remis aux 24 participan­ts du premier Grand Prix de France couru sur le flambant neuf circuit Paul-Ricard, François Mazet fait une longue marche arrière. Voilà près d’un demisiècle, le 4 juillet 1971, le Mentonnais figure parmi les cinq porte-drapeaux tricolores présents. De sa seule apparition en F1, au volant d’une March hélas freinée par un moteur Cosworth anémique, le champion de France F3 1969, consultant avisé auprès du pape du pastis lors de la constructi­on de ce nouveau temple des sports mécaniques avant-gardiste, conserve une image précise. « Nous avions été reçus comme des princes. Les pilotes descendaie­nt à l’hôtel Delos, sur l’île de Bendor. Chacun de nous disposait d’une Porsche 911 Targa pour le week-end. Mais au-delà de l’accueil, c’est la qualité du tracé, surtout en termes de sécurité, qui avait frappé les esprits. Au Castellet, en somme, on entrait dans un autre monde. » Sous un soleil de plomb, la Tyrrell de Jackie Stewart brille de mille feux. Au sommet de son art, l’ogre écossais, en route vers le deuxième de ses trois sacres suprêmes, domine sans partage les qualificat­ions et la course qu’il remporte devant la seconde flèche bleue « made in England » confiée à un certain François Cevert, l’étoile montante du sport auto français.

 1982 : UNE MARSEILLAI­SE QUI FAIT DU BRUIT.

Comme Cevert (1971, 1973), Patrick Depailler (1976), Didier Pironi (1980) et Jacques Laffite (1980) s’invitent sur le podium varois du GP de France... sans gravir la plus haute marche. La première Marseillai­se au Paul-Ricard ? Enfin, elle retentit le 25 juillet 1982. Dans la ligne droite du Mistral, les moteurs turbo dictent leur loi. À la fin des qualif’, la Ferrari de Patrick Tambay est flashée à 346 km/h ! Mais ce sont les Renault qui raflent la mise. Selon le tableau de marche établi avant le départ, le poleman René Arnoux doit tenir le rôle du lièvre pour faire casser les blocs BMW des Brabham de Piquet et Patrese. Mission accomplie ! À 10 tours de la fin, l’état-major du losange, comme prévu, demande au leader d’offrir la victoire à Alain Prost, qui joue le championna­t. Le Grenoblois ignore la consigne et triomphe devant un Prost furibard. La polémique fera grand bruit. Mais l’histoire retiendra d’abord ce fantastiqu­e quadruplé : Arnoux, Prost, Pironi, Tambay. Ça s’est passé au Castellet et nulle part ailleurs...

 1983 : FALLAIT PAS L’ÉNERVER.

Lorsque sonne l’heure de remettre les gaz en terre varoise, dès le mois d’avril 1983, voilà plus d’un an que le futur champion du monde puissance 4 n’a pas embrassé la victoire. Si Arnoux est passé au rouge Ferrari durant l’hiver, Prost garde l’issue de l’édition précédente en travers de la gorge. Fallait pas l’énerver ! En retrait à Jacarepagu­a (6e) et Long Beach (11e), il débarque avec un seul point en poche. Mais dans son jardin, la roue tourne. La Renault RE40 dévoile un super potentiel parfaiteme­nt exploité par le revanchard qui s’adjuge la pole haut la main puis transforme l’essai loin devant Piquet (Brabham) malgré un couac au pit stop (moteur calé). Prostigieu­x !

 1990 : LE 1 ET LES AUTRES.

Le 8 juillet 1990, on prend les mêmes et on recommence ! Si Prost a quitté McLaren pour rejoindre le camp du cheval cabré, le circuit Paul-Ricard le voit encore remporter son bras de fer contre Ayrton Senna, meilleur ennemi pareilleme­nt terrassé à domicile en 88 et 89. Cette fois, Ivan Capelli, épatant, se permet d’arbitrer le duel des titans. Le pari de l’équipe Leyton House paye. L’inattendu voisin transalpin avale d’un trait les 80 tours en pneus soft. Après un arrêt, la Ferrari 640 n°1 revient au galop et le « Professeur » le déborde in extremis, offrant à la Scuderia son 100e triomphe sur la planète F1. Senna, lui, doit se contenter du 3e rang, mais il garde les commandes d’un championna­t qu’il finira par remporter. Seule ombre au tableau : la discipline reine tourne le dos au Castellet. Destinatio­n Magny-Cours...

 2018 : AU BOUT DU TUNNEL, UNE ÉTOILE FILANTE.

Le Grand Prix de France était parti « à cause » d’une volonté politique. Le voilà de retour « grâce » à une autre volonté politique. Après la longue période nivernaise - 18 éditions - suivie d’une éclipse totale de dix ans, l’Hexagone et Le Castellet réapparais­sent sur la carte. De quoi faire le plein des sens dans l’enceinte d’un circuit métamorpho­sée depuis le profond lifting accompli au tournant de l’an 2000. Dimanche 24 juin 2018, 65 000 mordus de sport auto assistent à cette renaissanc­e tant attendue. Et au bout du tunnel jaillit une étoile filante : la Mercedes W9 de sa majesté Lewis Hamilton. Tandis que les trois chouchous du public - Romain Grosjean, Esteban Ocon et Pierre Gasly - anéantisse­nt brutalemen­t d’entrée leurs chances de bien figurer, le favori tient son rang. Tout simplement impérial !

 ?? (Photo Dominique Leriche) ??  : au bout d’une longue attente, l’heure du nouveau départ sonne enfin. Un retour gagnant... surtout pour Lewis Hamilton.
(Photo Dominique Leriche)  : au bout d’une longue attente, l’heure du nouveau départ sonne enfin. Un retour gagnant... surtout pour Lewis Hamilton.
 ?? (Photo AFP) ??  : dernière victoire d’Alain Prost... et dernier podium d’Ayrton Senna.
(Photo AFP)  : dernière victoire d’Alain Prost... et dernier podium d’Ayrton Senna.
 ?? (Photo G. L.) ?? François Mazet a conservé le livret remis à chacun des  pilotes du premier Grand Prix de France couru en  sur un circuit Paul-Ricard flambant neuf.
(Photo G. L.) François Mazet a conservé le livret remis à chacun des  pilotes du premier Grand Prix de France couru en  sur un circuit Paul-Ricard flambant neuf.
 ?? (Photo Bernard Asset) ??  : Arnoux devant Prost, doublé Renault dans le désordre !
(Photo Bernard Asset)  : Arnoux devant Prost, doublé Renault dans le désordre !
 ?? (Photo AFP) ??  : Prost tient sa revanche.
(Photo AFP)  : Prost tient sa revanche.

Newspapers in French

Newspapers from France