Var-Matin (Grand Toulon)

Les vignerons varois vont devoir apprendre à gérer le stock

- P.-L. P.

Le choc est de taille pour les vignerons varois. JeanJacque­s Bréban, président du Conseil interprofe­ssionnel des vins de Provence (CIVP), n’en fait pas mystère : « En temps normal, on n’avait plus de vin dès le mois de novembre. Là, on se retrouve avec 150 000 hectolitre­s de rosé en stock supplément­aire ! ». Pour faire face à cette situation inhabituel­le, les acteurs de la filière se montrent combatifs. Contrairem­ent à d’autres appellatio­ns également fortement impactées par les deux mois de confinemen­t, les vignerons des trois appellatio­ns de Provence n’envisagent absolument pas d’envoyer leurs stocks à la distillati­on. « En Provence, aucune demande n’a été faite en ce sens », affirme Jean-Jacques Bréban. Pour écouler leurs hectolitre­s excédentai­res, les vignerons ont d’autres pistes. À bien y réfléchir, ces 150 000 hectolitre­s de rosé « sur les bras » pourraient même constituer une chance pour les vins de Provence.

Fin des millésimes ?

« Depuis trois ans, on connaît des petites récoltes. Avec le gel du printemps, ce sera encore le cas en 2020. Ce qu’on n’a pas vendu cette année pourrait donc nous aider à constituer un stock tampon capable de pallier les baisses de production », glisse le président du CIVP.

Autre solution très sérieuseme­nt envisagée : retarder la commercial­isation de la récolte 2020 et mettre sur le marché du rosé non millésimé.

Une révolution culturelle. « Pour conserver le rosé en cuves dans de bonnes conditions, il faut de l’obscurité et surtout du froid. On sait faire et techniquem­ent, on est bien équipé », balaye Jean-Jacques Bréban. Le challenge est ailleurs : il va falloir faire évoluer l’image qui colle au rosé. Un vin qui passe pour ne pas se garder, qui ne se boirait qu’aux beaux jours, autrement dit pendant les trois mois d’été. En dégustant un rosé Château La Calisse 2018, le président du CIVP veut démontrer le contraire. Dans la foulée, il avance les réflexions menées avec le Centre du rosé sur « l’élaboratio­n future de rosés gastronomi­e ». Un terme qu’il préfère à « rosé de garde ».

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Le président du Conseil interprofe­ssionnel des vins de Provence, Jean-Jacques Bréban, au milieu du vignoble varois.

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